
La valorisation d’un cabinet d’architecture ne repose pas sur des ratios génériques, mais sur une analyse fine de ses moteurs économiques, de sa dépendance aux associés, de sa capacité à sécuriser des projets dans un marché cyclique et de son niveau de maturité technologique. Les repreneurs — groupes d’ingénierie, fonds spécialisés ou consolidateurs régionaux — recherchent aujourd’hui avant tout de la visibilité, de la transmissibilité et un positionnement clair.
La valeur augmente lorsque le cabinet présente un portefeuille de projets contractualisés, segmenté entre phases esquisse, APS/APD, PRO, DCE et EXE. Les acheteurs évaluent la stabilité du backlog, car il conditionne la capacité à convertir du chiffre d’affaires durant les 18 à 36 prochains mois.
Les cabinets fortement exposés aux concours non rémunérés voient leur valorisation compressée. À l’inverse, un bon taux de conversion concours→commande améliore la prévisibilité.
Les missions publiques pluriannuelles, les contrats cadres et les relations institutionnelles réduisent la volatilité. Les cabinets spécialisés dans la rénovation énergétique, le patrimoine ou la santé sont souvent mieux valorisés.
Un cabinet où les architectes signataires assument l’essentiel de la relation client ou du pilotage technique est difficilement transmissible. La présence d’un middle management autonome augmente la valeur.
Plus de 64% des cabinets utilisent désormais le BIM, ce qui influence directement la productivité, la qualité d’exécution et la capacité à répondre aux appels d’offres. La maîtrise BIM devient un critère de valorisation incontournable.
Backlog solide, faible dépendance aux associés, expertise BIM et segments porteurs (santé, réhabilitation) : 1x à 1,4x le CA ou 6x à 8x l’EBITDA.
Dépendance forte à la direction, peu de récurrence, pipeline instable : 0,5x à 0,8x le CA ou 3x à 5x l’EBITDA.
Valorisation majoritairement fondée sur les contrats en portefeuille plutôt que sur un multiple.
Entre inflation, retards DCE/EXE, aléas réglementaires et pénurie de talents BIM, les risques opérationnels pèsent sur la marge. Les projets publics dépendent des arbitrages budgétaires des collectivités, tandis que les projets privés subissent le ralentissement immobilier.
Les repreneurs appliquent donc une décote lorsque : le cabinet dépend d’un associé signataire, les process sont peu formalisés, le pipeline est trop axé concours ou la maîtrise BIM reste superficielle.
Les architectes signataires doivent parfois rester 1 à 3 ans pour sécuriser les projets en cours.
Les risques de retard, de défaut DCE/EXE ou de réclamation client entraînent souvent une garantie d’actif-passif élargie.
Plus le carnet est sécurisé, plus la proportion de cash upfront est élevée.
Un dirigeant gagne à préparer sa cession 18 à 24 mois avant une mise en marché, en renforçant la visibilité, en déléguant la relation client clé et en digitalisant ses processus.
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La valorisation d’un cabinet d’architecture dépend aujourd’hui moins de son chiffre d’affaires que de sa capacité à sécuriser ses projets, stabiliser son organisation et démontrer une maturité numérique et réglementaire solide. Les dirigeants qui anticipent ces enjeux 18 à 24 mois avant la cession maximisent leurs chances d’obtenir un multiple élevé et des conditions de deal favorables.
Depuis 2023, le secteur de l’architecture évolue dans un contexte mêlant transition écologique, maturité numérique accrue et cyclicité immobilière. Le chiffre d’affaires européen progresse, mais la fragmentation du marché et la baisse du résidentiel compliquent la visibilité. L’essor du BIM et des projets de rénovation énergétique modifie les critères de valorisation, au profit des cabinets outillés, spécialisés et dotés d’un backlog sécurisé.
Votre backlog est-il réellement sécurisé ou principalement théorique ? Cela révèle votre visibilité à 18 mois et influence directement la confiance d’un acheteur.
Le cabinet peut-il fonctionner sans vous ? La dépendance aux associés signataires est la première cause de décote en M&A.
Votre exposition aux concours est-elle maîtrisée ? Une forte dépendance crée un risque structurel sur les revenus futurs.
Votre maîtrise BIM apporte-t-elle un avantage concurrentiel réel ? C’est un critère clé pour valoriser la productivité et la capacité à répondre aux appels d’offres.

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.
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