Analyse des risques lors d’une cession d’entreprise : guide structuré pour dirigeants

Analyse des risques lors d’une cession d’entreprise : guide structuré pour dirigeants
June 16, 2025

Pourquoi l’analyse des risques conditionne la valorisation et la structure du deal

Avant une cession, chaque risque non traité influence directement trois éléments clés : la valorisation, les exigences du repreneur et la structure même du deal. Plus un risque est perçu comme incontrôlé, plus l’acquéreur cherchera à réduire le prix, renforcer les garanties ou imposer des clauses restrictives dans la LOI et le SPA. Une analyse des risques devient donc un levier stratégique, pas un simple exercice de conformité.

Pour un dirigeant qui prépare une cession sous 6 à 18 mois, l’objectif n’est pas seulement d’identifier les failles mais de démontrer, preuves à l’appui, que l’entreprise les maîtrise et peut transmettre une activité stable et prévisible.

Cartographier les risques qui pèsent réellement sur un deal

Risques juridiques : ceux qui impactent immédiatement la négociation

  • Contrats clés mal rédigés : un flou contractuel sur un client stratégique entraîne mécaniquement une baisse de valorisation ou une clause de rétention de prix.
  • Non-conformité sociale ou fiscale : un risque de redressement se traduit presque toujours par un renforcement des garanties d’actif et de passif.
  • Propriété intellectuelle non sécurisée : critique dans les secteurs IT, ingénierie, design, où l’acquéreur exige des preuves de titularité.

Risques opérationnels : premiers déclencheurs de demandes de rétention de prix

  • Processus critiques non documentés : l’acheteur anticipe un « trou de compétences » post-closing, surtout en industrie ou services techniques.
  • SI obsolètes : un système non maintenu crée un risque de rupture opérationnelle, souvent pointé lors de la due diligence.
  • Dépendance à un fournisseur unique : typique dans la production et l’import-export, avec un impact direct sur les clauses de earn-out.

Risques humains : les plus souvent sous-estimés et les plus pénalisants

  • Dépendance au dirigeant : si le repreneur perçoit une autonomie insuffisante, il durcit la LOI et exige un accompagnement prolongé.
  • Départ probable d’experts clés : un risque majeur dans le numérique, les bureaux d’études ou les cabinets spécialisés.
  • Culture d’entreprise difficile à transmettre : un frein fréquent dans les sociétés familiales.

Signaux faibles : les indices qui alertent les repreneurs aguerris

Dès les premières discussions, les acheteurs repèrent les anomalies récurrentes : retards de livraison, rotation du personnel, hausse de l’absentéisme, demandes de renégociation des partenaires. Ces signaux, s’ils ne sont pas expliqués ou traités, peuvent bloquer la LOI.

Préparer la cession : un plan correctif sur 6 à 18 mois

Structurer une feuille de route crédible

  • Classer les risques selon leur impact sur la valorisation et la continuité opérationnelle.
  • Identifier les actions « rapides » (mise à jour contractuelle, documentation) et les chantiers plus longs (autonomisation des équipes, migration SI).
  • Impliquer les managers pour sécuriser l’exécution et documenter les avancées pour la data room.

Clarifier, ne pas masquer : une règle essentielle pour le closing

Toute dissimulation est contre-productive : les due diligence détectent systématiquement les zones de risque. Le dirigeant doit apporter une explication, une action corrective et une preuve. Cette transparence facilite la négociation des garanties et renforce la confiance de l’acquéreur.

Transformer les risques en arguments stratégiques dans la négociation

Montrer une entreprise qui pilote et anticipe

Un plan de mitigation documenté rassure immédiatement : l’entreprise est mature, le dirigeant maîtrise ses enjeux et la continuité future est crédible. C’est l’un des meilleurs moyens de défendre une valorisation ferme.

Construire le dialogue autour de solutions concrètes

Dans la LOI puis le SPA, chaque risque doit être associé à une mesure : garantie calibrée, ajustement limité, engagement opérationnel, planning d’actions. Plus les risques sont traités en amont, moins la négociation s’alourdit au moment critique de la due diligence.

Maintenir un équilibre entre rigueur et flexibilité

Une analyse trop technique ou une sur-documentation peut freiner le repreneur. L’essentiel est d’être solide, clair et pragmatique, pas de produire des dossiers inutiles.

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À retenir :

Maîtriser les risques n’est pas un exercice théorique : c’est une condition directe de la valorisation, de la fluidité des due diligence et de la capacité à conclure un deal solide. Plus les risques sont clarifiés, traités et documentés, plus le dirigeant sécurise son pouvoir de négociation et la réussite de la cession.

Remarques :
En pratique, demandez-vous :  

Question 1 : Quels risques diminuent immédiatement ma valorisation ?

Cette question révèle où concentrer l’effort dans les 6 à 18 mois précédant la cession pour éviter des décotes directes durant la négociation.

Question 2 : Quelle part de mon entreprise repose encore sur moi ou sur quelques individus clés ?

Elle permet d’évaluer la dépendance humaine, souvent première source de durcissement des garanties et d’exigences d’accompagnement post-cession.

Question 3 : Quels risques un repreneur détecterait dans la data room en moins de 30 minutes ?

C’est un test simple pour mesurer votre préparation réelle et anticiper les points qui deviendront des leviers de renégociation.

Question 4 : Quels risques puis-je traiter rapidement sans désorganiser l’entreprise ?

La réponse identifie les actions prioritaires à mener pour sécuriser la transaction sans perturber l’activité.

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François Joseph Viallon
François
Viallon
Partner Stratégie

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.

Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.

Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.

François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.

François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.

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