Gestion du patrimoine du dirigeant après la cession : comment organiser efficacement sa nouvelle liberté

Gestion du patrimoine du dirigeant après la cession : comment organiser efficacement sa nouvelle liberté
June 16, 2025

Gérer son patrimoine après la cession : les arbitrages qui structurent les 24 mois décisifs

La cession libère du capital, mais crée une zone de risques. Les 12 à 24 mois qui suivent sont stratégiques : évolutions fiscales récentes, montée du private equity, baisse du poids immobilier, internationalisation des allocations et nouvelles attentes en gouvernance patrimoniale transforment complètement les décisions à prendre. Les dirigeants qui réussissent cette phase sont ceux qui abordent leur patrimoine comme un actif à piloter, non comme un « résultat de cession à placer ».

1. Clarifier sa situation patrimoniale et ses objectifs

Le bon séquencement consiste à établir un diagnostic neutre, avant toute décision d’investissement. Cette étape permet d’éviter les mauvais choix sous l’effet de l’euphorie ou de la fatigue de la cession.

  • Cartographier les actifs : cash de cession, immobilier, contrats existants, participations, portefeuilles, instruments liés à la cession (earn‑out, clauses de garantie…).
  • Mesurer les engagements : risques fiscaux, risques contractuels, niveau de vie souhaité, projets entrepreneuriaux ou familiaux.
  • Définir des objectifs hiérarchisés : indépendance financière, protection familiale, mobilité internationale, projets d’impact, réinvestissements contrôlés.

2. Arbitrer les enjeux fiscaux dans un cadre qui évolue vite

Les réformes 2024‑2025 modifient la hiérarchie des décisions pour les cédants. Elles imposent d'intégrer fiscalité actuelle, horizon de détention et scénarios futurs.

  • Abattement dirigeant partant à la retraite maintenu jusqu’en 2031 : un levier stabilisé pour structurer un calendrier de cession ou de transmission.
  • IFI : durcissement des règles d’assiette, impactant les actifs immobiliers détenus via sociétés. Conséquence : anticiper les arbitrages immobiliers dans les 12 mois.
  • Plus‑values mobilières : hausse potentielle du taux effectif selon les cas, importance de séquencer ventes, rachats et réinvestissements.
  • Stratégies d’enveloppe : PEA, assurance‑vie, capitalisation, structurations internationales selon les projets de mobilité.

Décisions critiques dans les 6 premiers mois

  • Vérifier le traitement fiscal du produit de cession.
  • Identifier les arbitrages urgents sur les actifs immobiliers pour éviter une hausse d’IFI.
  • Structurer les enveloppes de long terme avant d'investir.

3. Construire une allocation rationnelle et adaptée aux nouvelles tendances 2024‑2025

Les allocations post‑cession suivent désormais les logiques des Family Offices. Le private equity devient central tandis que le poids de l’immobilier diminue fortement.

  • Private equity (37,5 %) : pilier de l’allocation des cédants, apprécié pour le sens, l’impact et la connaissance terrain.
  • Actions cotées (17,3 %) et dette (10,8 %) : supports complémentaires pour la liquidité et l’ajustement tactique.
  • Immobilier (12,8 %) : recul marqué, nécessité de sélectionner consciencieusement les opportunités.
  • Alternatifs (~10 %) : utiles pour diversifier le risque macroéconomique.

Clés d’allocation pour un dirigeant post‑cession

  • Définir un socle de sécurité (liquidité + placements prudents).
  • Créer un moteur de performance (private equity, actions cotées, dette privée).
  • Limiter la surliquidité, source d’érosion silencieuse et de prises de risque impulsives.

4. Gérer la surliquidité : le piège le plus fréquent

La majorité des erreurs post‑cession naissent d’une situation paradoxale : trop de cash. Sans stratégie d’allocation progressive, deux dérives apparaissent : prudence excessive (capital qui s’érode) ou prises de risque excessives (market timing, surexposition sectorielle, effets de mode).

  • Établir un plan d’allocation progressif sur 12 à 18 mois.
  • Segmenter : court terme, revenu, long terme, impact.
  • Maintenir une poche d’opportunités pour saisir les bons dossiers.

5. Prendre en compte les risques psychologiques post‑cession

94 % des entrepreneurs sortent confiants, mais 40 % d’entre eux identifient la volatilité financière comme leur plus grand risque. Les biais comportementaux sont amplifiés par la nouveauté de la situation : absence de repères, pression familiale, désir de « se prouver encore ». Structurer l’accompagnement émotionnel est un levier de stabilité.

6. Structurer une gouvernance patrimoniale professionnelle

Le modèle du « family office light » devient la norme chez les nouveaux cédants. L’objectif : centraliser analyse, arbitrages et décisions.

  • Un cercle de conseil : avocat fiscaliste, notaire, expert‑comptable patrimonial, conseiller en investissement indépendant, pair cédant.
  • Processus formalisés : reporting trimestriel, analyse des risques, révision annuelle des allocations.
  • Vision internationale : diversification géographique, maîtrise de la double imposition, obligations déclaratives.

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À retenir :

Les 24 mois post‑cession déterminent la solidité de votre patrimoine pour les 20 années suivantes. Fiscalité en mouvement, allocations en recomposition, montée du private equity et besoin d’une gouvernance plus professionnelle créent une équation nouvelle. Les dirigeants qui réussissent sont ceux qui clarifient leurs objectifs, anticipent les réformes, évitent la surliquidité et s’entourent d’un cercle de conseil structuré. Organiser votre patrimoine n’est pas une formalité : c’est votre première décision stratégique après la cession.

Remarques :

Les évolutions 2024‑2025 modifient profondément la gestion patrimoniale des cédants : prorogation de l’abattement dirigeants, resserrement de l’IFI, modification des grilles d’abattement sur plus‑values, montée du private equity, recul de l’immobilier et internationalisation des allocations. Ces changements imposent une mise à jour rapide des stratégies post‑cession, car ils conditionnent les arbitrages des 24 mois suivant la vente et influencent directement votre niveau d’imposition, votre exposition au risque et la performance future de votre capital.

En pratique, demandez-vous :  

Question 1 : Mon allocation actuelle reflète‑t‑elle réellement mes objectifs de vie post‑cession ?

Elle révèle si votre patrimoine sert vos projets, ou s’il reflète seulement vos habitudes passées de dirigeant.

Question 2 : Quels choix fiscaux dois‑je arbitrer avant la fin de l’année ?

Cette question identifie les urgences, notamment sur l’IFI, les plus‑values et les dispositifs dirigeants.

Question 3 : Suis‑je exposé à un risque de surliquidité ?

Elle permet de détecter une situation dangereuse, souvent à l’origine de pertes silencieuses ou de décisions impulsives.

Question 4 : Qui challenge aujourd’hui mes décisions patrimoniales ?

Elle met en lumière si votre gouvernance est suffisamment indépendante, spécialisée et structurée.

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François Joseph Viallon
François
Viallon
Partner Stratégie

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.

Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.

Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.

François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.

François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.

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