Au moment de céder une PME ou une ETI, l’attention des acquéreurs ne se porte plus uniquement sur le dirigeant fondateur. Les acheteurs exigeants scrutent la solidité de l’encadrement, le niveau d’autonomie des managers stratégiques, et la robustesse de la transmission managériale. Sans plan de succession formalisé, la perception d’un « trou d’air » à la direction ou sur des postes-clés peut grever la valorisation, freiner la négociation ou rallonger le processus de vente. Anticiper, formaliser et structurer ces successions est donc déterminant pour éliminer le risque humain et rassurer toutes les parties prenantes.
La première étape consiste à cartographier les postes réellement critiques : pas uniquement ceux du dirigeant ou du comité de direction, mais aussi certains actionnaires minoritaires impliqués, managers opérationnels, experts clés, voire référents historiques. La question centrale est : quelles absences non prévues mettraient en péril la continuité de l’activité, la relation-client, la maîtrise des savoirs stratégiques ou la capacité à délivrer le service ? Éviter l’erreur classique de limiter la réflexion au seul « haut du panier » ou de s’appuyer sur une cartographie RH obsolète.
Au-delà des annonces de départ connues, il s’agit de repérer les signaux faibles : fatigue, démotivation, évolution du marché du travail, sollicitations extérieures, incohérences de vision. Négliger ces petits indicateurs ou compter uniquement sur la loyauté historique expose à un risque opérationnel majeur au moment le plus sensible de la vie de l’entreprise.
Ce travail de prospective aide à prioriser les besoins de transmission et à adapter le plan d’action, sans tomber dans le piège de la planification parfaite (souvent irréaliste pour une PME) ni dans l’incantation déclarative (qui rassure personne).
Documenter les missions, les processus et les contacts critiques est essentiel, mais doit rester applicable et utile. L’objectif n’est ni le « manuel impossible », ni l’usine à gaz, mais la capitalisation d’informations centrales : dossiers d’affaires, procédures non écrites, relations de confiance, crédibilité acquise. Un audit flash et quelques entretiens ciblés permettent souvent de bâtir une première matrice efficace.
L’erreur classique : croire qu’une belle fiche de poste suffit ou, à l’inverse, attendre l’approche d’une cession pour tout « mettre à plat ». L’essentiel est d’enclencher une dynamique régulière de transfert des savoirs et d’intelligence collective.
Durant la période de cession ou de transmission, la gouvernance doit être solidement tenue pour éviter à la fois l’effet de « flottement » et l’intrusion d’intérêts individuels. Cela passe par la répartition précise des pouvoirs (signatures, délégations), la formalisation d’instances de décision, ou l’appel à des administrateurs temporaires/internes neutres. Le bon sens prévaut sur la rigidité : trop de formalisme tue l’agilité.
Il ne suffit pas de créer un plan sur le papier : il faut aussi le partager avec les managers concernés, les partenaires stratégiques et, parfois, avec les acheteurs au cours du processus de cession. Une communication transparente permet de lever les appréhensions, d’éviter les rumeurs et de garantir la mobilisation des équipes autour du projet commun, sans affoler ou démotiver inutilement.
Le temps court du deal n’est pas le temps long de la transmission. Le processus doit intégrer des phases de tests et d’ajustement, voire des moments de réévaluation. Les protocoles d’accompagnement, de tutorat ou de « management relais » doivent être conçus pour prévenir les vacuums décisionnels.
La réussite d’une succession ne repose pas uniquement sur la mécanique RH, mais aussi sur la capacité à préserver l’ADN, les valeurs, l’engagement collectif. Ce point est trop souvent négligé : la transition ne doit pas s’accompagner d’une rupture de confiance ou de perte du sens ; elle doit s’appuyer sur un récit partagé, et une logique de passage de relais respectueuse des trajectoires individuelles.
À l’inverse, vouloir tout formaliser à tout prix peut ralentir la prise de décision. La juste mesure est dans une structuration adaptée : flexible, mais sérieuse, et compréhensible par n’importe quel investisseur averti.
Un plan de succession solide, ce n’est ni un luxe ni un accessoire : c’est une condition-clé pour maximiser la valorisation, préserver la confiance et rassurer vos futurs acquéreurs pendant la cession. C’est aussi un levier de pérennité pour l’entreprise, au-delà de votre passage. Pour ne pas transformer la transmission en point faible, posez-vous la question suivante : aujourd’hui, qui serait capable de reprendre les rênes en cas de sortie imprévue ? La réponse doit être claire — et documentée.
Envie d’aller plus loin ? Consultez nos guides ou contactez-nous pour structurer un plan de succession sur-mesure, adapté à votre trajectoire, votre équipe et les attentes des repreneurs du marché.
François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.
Coraline Thieller est partenaire chez Scale2Sell, où elle pilote la mise en place et l’organisation de l’assistanat au sein des entreprises accompagnées.Spécialiste des opérations et de la structuration des fonctions support, elle aide les dirigeants à déléguer efficacement, à fluidifier leur quotidien et à se recentrer sur leur rôle stratégique.
Avant de rejoindre Scale2Sell, Coraline a accompagné de nombreuses startups et PME dans leur structuration interne, en s’appuyant sur une approche à la fois humaine, pragmatique et orientée résultats.
Réactive, bienveillante et ultra opérationnelle, Coraline est la garante d’une assistante qui devient un vrai levier de performance.
Maman de 2 garçons de 15 et 5 ans, Coraline est basée à Aix en Provence