À l’approche d’une cession, le plan stratégique devient un levier central pour renforcer l’attractivité de votre entreprise. Alors qu’on tend parfois à considérer le plan comme un document figé ou peu opérant, il prend ici une toute autre dimension : il structure le récit, crédibilise vos trajectoires de croissance et donne de la visibilité aux acquéreurs sur la robustesse de votre organisation. La clé n’est plus uniquement de présenter des ambitions, mais d’objectiver des scénarios viables et scénarisés – en prenant soin de prioriser les axes qui comptent vraiment.
Trop d’entreprises s’appuient sur un plan stratégique générique ou dépassé. Avant toute chose, réalisez une revue critique : les objectifs sont-ils clairs, différenciants et alignés avec les attentes du marché ? Les hypothèses financières reposent-elles sur des données actualisées et crédibles ? Interrogez les points aveugles : dépendances au dirigeant, process non formalisés, risques sectoriels, obstacles à la croissance…
L’un des écueils classiques consiste à multiplier les priorités ou à rajouter des strates de projets « pour faire joli ». Dans le contexte d’une cession, moins c’est souvent mieux : identifiez les 3 à 5 axes majeurs qui génèrent, concrètement, de la valeur pérenne. Pensez par exemple : récurrence contractuelle, structuration de l’équipe de management, fidélisation client, structuration financière, automatisation des process critiques. Chaque axe doit être objectivé par des indicateurs robustes, des quick wins mesurables, et une vision claire des impacts attendus.
Présenter plusieurs scénarios crédibles – du plus prudent au plus ambitieux – est mieux vu que de « vendre du rêve ». Structurez vos hypothèses : croissance organique, extensions géographiques, diversification, ou montée en gamme. Assurez-vous que chaque scénario s’appuie sur des éléments opérationnels démontrables, des KPI pilotés et, si possible, un début de mise en œuvre.
L’expérience montre que les plans créés uniquement au sommet manquent souvent d’adhésion en interne. Dialoguez avec les managers clés : quels obstacles rencontrent-ils ? Où voient-ils des gains rapides ou des optimisations ? Leur implication renforce à la fois la pertinence du plan et la capacité à l’exécuter rapidement – un point scruté par les acquéreurs.
Une feuille de route diffusée et comprise permet de garder l’entreprise mobilisée pendant le processus de cession, de réduire les frictions et de garantir une exécution qui ne ralentit pas à l’annonce du projet de vente. Privilégiez la transparence sans alimenter l’incertitude : parlez d’objectifs, de responsabilités et de calendrier court-terme.
Les acquéreurs sont sensibles à la capacité d’une entreprise à passer du plan à l’action. Préparez un dossier solide : reporting régulier, suivi des indicateurs, plan d’action à court et moyen terme, exemples de victoires rapides réalisées. Si certains projets sont en cours, montrez leurs premiers résultats ou leur niveau d’avancement réel.
Montrez que la stratégie peut perdurer sans vous. Formalisez les processus structurants, documentez les routines clés, transférez les savoirs importants et balisez la continuité en cas de départ du dirigeant. Cette capacité de résilience est un élément différenciant qui rassure les acheteurs sur la solidité du modèle.
Certains dirigeants considèrent le plan stratégique comme une exigence administrative ou une vitrine à présenter aux acquéreurs. Or, un bon plan est aussi un outil de management du changement et un levier de transformation accélérée. À rebours de la croyance « ce qui compte c’est le business, pas le plan », prenez le parti inverse : un plan travaillé, sincère et piloté active les bons réflexes collectifs, démontre votre niveau d’exigence et renforce le niveau de confiance côté repreneur.
En somme, ajuster son plan stratégique avant une cession n’est pas un simple exercice de communication : c’est une démarche de fond, orientée action, priorisation et exécution. Plus votre plan est crédible, aligné avec la réalité opérationnelle et centré sur les attentes des acquéreurs, plus il augmente la valeur perçue de votre entreprise. Reste à vous saisir du sujet assez tôt, à challenger vos propres certitudes et à mobiliser vos équipes pour que le plan stratégique devienne le meilleur allié de votre projet de cession. Prêt à prendre de la hauteur pour mieux structurer la suite ?
François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.