Stratégie data-driven et audit : Comment exploiter la donnée pour piloter et valoriser son entreprise

Stratégie data-driven et audit : Comment exploiter la donnée pour piloter et valoriser son entreprise

Stratégie data-driven et audit : Comment exploiter la donnée pour piloter et valoriser son entreprise
June 25, 2025

Pourquoi la donnée devient un levier déterminant dans une cession ou une levée de fonds

Dans une opération de cession, la donnée n’est plus un simple outil de pilotage : elle devient une preuve. Preuve de la stabilité des revenus, de la fiabilité du modèle, de la qualité de la marge, et de la capacité de l’entreprise à croître sans risque caché. Les repreneurs — industriels comme fonds — exigent désormais une donnée structurée, historisée, sécurisée et rapidement mobilisable.

Or, les études récentes montrent un décalage persistant : seules 22 % des PME/ETI exploitent correctement leurs données, alors que les attentes en due diligence se renforcent chaque année. Cet écart crée un risque immédiat en M&A : perte de crédibilité, renégociation du prix, demandes de garantie plus lourdes, voire retrait de certains investisseurs.

Les attentes des repreneurs : un niveau d’exigence en forte hausse

Depuis 2023, les due diligences se sont transformées. Les repreneurs ne se contentent plus des états financiers et du business plan. Ils demandent systématiquement des analyses dynamiques, notamment :

  • évolution de la marge par segment client ou par gamme
  • analyse du churn et des cohortes clients
  • performance commerciale (CAC, taux de conversion, durée des cycles de vente)
  • prévisibilité des revenus récurrents
  • productivité opérationnelle par activité ou ligne de production

Ces analyses servent à réduire l’incertitude. Une donnée fiable rassure, accélère le process et réduit le risque perçu. À l’inverse, une donnée incohérente ouvre la voie à la décote.

Audit de maturité data pré-cession : l’étape structurante

Pour une PME/ETI, l’audit de maturité data est un prérequis avant toute cession. Il permet d’identifier les faiblesses susceptibles de faire dérailler une due diligence. Il porte sur :

  • la cartographie des sources (CRM, ERP, production, finance…)
  • la qualité, la fiabilité et l’historisation des données
  • la consolidation et les silos persistants
  • la capacité à produire des reportings rapides et auditables
  • la sécurité et la résilience face aux risques cyber, désormais scrutés par les repreneurs

Les signaux d’alerte observés en due diligence

  • données dispersées entre fichiers, e-mails et outils non synchronisés
  • absence d’historique fiable sur 3 à 5 ans
  • KPIs incomplets ou basés sur des extractions manuelles
  • incapacité à produire les analyses demandées dans les délais
  • zones d’ombre dans les segments clients ou la récurrence du chiffre d’affaires

Les KPIs indispensables dans une opération de cession

Un repreneur cherche à évaluer la prévisibilité, la scalabilité et les moteurs de valeur. Les KPIs attendus se classent en quatre familles :

  • Financiers : marge par segment, cash-flow, saisonnalité, récurrence
  • Commerciaux : CAC, LTV, taux de conversion, cohorte
  • RH : productivité, dépendances clés, ratio charge/valeur créée
  • Opérationnels : délais, qualité, taux de service, coûts variables

Méthode de sélection pour préparer une cession

L’objectif n’est pas d’ajouter des dizaines d’indicateurs, mais de construire un socle cohérent et actionnable :

  • identifier les KPIs qui démontrent la solidité du business model
  • limiter les indicateurs critiques à moins de dix par niveau
  • garantir leur interprétabilité par un auditeur externe
  • documenter leur mode de calcul pour éviter les contestations

Structurer, automatiser, sécuriser : la base d’une donnée crédible en M&A

Une donnée fiable ne se construit pas au moment où la cession démarre : elle se prépare 12 à 24 mois avant. Les entreprises les mieux valorisées sont celles ayant :

  • un CRM/ERP bien paramétré et synchronisé
  • une solution de reporting automatisée, limitant les risques d’erreur
  • des routines de fiabilisation (mensuelles, trimestrielles)
  • une documentation complète : définitions, sources, périmètre, exclusions

L’humain, souvent le point de rupture

Les repreneurs évaluent aussi la dépendance aux individus. Une donnée contrôlée par une seule personne ou non maîtrisée par les équipes génère un risque majeur, donc une décote potentielle.

La data comme levier de valorisation : pourquoi elle influe sur le prix

Les études récentes montrent une hausse des décotes appliquées aux entreprises présentant des données incomplètes, incohérentes ou non sécurisées. À l’inverse, certaines PME bien structurées obtiennent des multiples supérieurs à la moyenne du marché. Les raisons sont simples :

  • réduction du risque perçu
  • accélération du processus de due diligence
  • meilleure projection du modèle économique
  • preuve de résilience et de scalabilité

Les réflexes de préparation gagnants

  • préparer à l’avance les reportings financiers et commerciaux requis
  • structurer un « data room » cohérent et documenté
  • formaliser un kit de présentation data prêt pour les repreneurs

La donnée ne remplace pas l’analyse stratégique

Une entreprise peut produire des centaines d’indicateurs, mais c’est la capacité à en extraire les causes, les tendances et les leviers qui crée la valeur. La donnée ne vaut que combinée à l’expérience terrain, aux signaux faibles et à la vision du dirigeant.

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À retenir :

Une stratégie data-driven bien préparée devient un avantage compétitif direct dans une cession : elle réduit le risque perçu, accélère les échanges et augmente la valeur démontrable. Les PME/ETI qui investissent tôt dans la fiabilisation et la structuration de leurs données arrivent en négociation mieux armées, plus crédibles et souvent mieux valorisées. La donnée n’est pas un outil technique : c’est un actif stratégique à part entière.

Remarques :

Les études 2024-2025 montrent une montée en compétence des dirigeants, mais une exploitation encore insuffisante des données dans la préparation aux cessions. Les exigences en due diligence se renforcent, en particulier sur la granularité des segments clients, la récurrence des revenus et les analyses dynamiques. Parallèlement, la hausse des risques cyber accentue la vigilance des repreneurs sur la qualité et la sécurité des données. Cette évolution rehausse fortement l’importance d’une stratégie data anticipée, structurée et documentée.

En pratique, demandez-vous :  

Question 1 : Vos données permettent-elles de démontrer la stabilité et la prévisibilité de vos revenus ?

Elle révèle votre capacité à rassurer un repreneur sur la solidité du modèle et la qualité des marges.

Question 2 : Pouvez-vous produire en moins de 72 heures les analyses demandées en due diligence ?

Elle mesure votre maturité opérationnelle et votre préparation réelle à une cession.

Question 3 : Votre organisation dépend-elle d’un collaborateur clé pour extraire ou interpréter les données ?

Elle met en lumière un risque majeur de dépendance pouvant entraîner une décote.

Question 4 : Vos KPIs sont-ils documentés, historisés et compréhensibles par un auditeur externe ?

Elle indique si vos indicateurs peuvent résister à un examen approfondi sans contestation.

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François Joseph Viallon
François
Viallon
Partner Stratégie

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.

Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.

Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.

François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.

François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.

Thibault Garnier
Thibault
Garnier
Partner Technologie

Thibault Garnier est Partner Technologies chez Scale2Sell. Il accompagne les dirigeants dans la structuration de leur architecture technique, le pilotage de leurs projets digitaux stratégiques et la montée en maturité de leurs équipes tech & produit.

Ancien CTO dans des scale-ups et des PME industrielles en transformation, Thibault a passé plus de 15 ans à construire, faire évoluer et sécuriser des systèmes d’information complexes. Il intervient aujourd’hui aux côtés de dirigeants qui veulent reprendre la maîtrise de leur stack technique, fiabiliser leur roadmap produit, ou accélérer leur digitalisation sans perdre en agilité.

Chez Scale2Sell, Thibault joue un rôle de traducteur entre les enjeux business et les solutions techniques. Il challenge les prestataires, cadre les décisions structurantes et permet aux dirigeants de garder la main sur les choix technos tout en déléguant sereinement leur mise en œuvre.

Thibault croit profondément que la technologie n’a de valeur que si elle sert la vision de l’entreprise et les usages réels du terrain.

Il vit à Nantes, adore les process bien huilés, les plateformes robustes et… les bateaux à voile, qu’il considère comme les systèmes d’information de la mer : tout doit être fiable, réactif et simple à maintenir en condition réelle.

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