
Une cession en période d’incertitude ne se joue pas uniquement sur la qualité de l’entreprise. Elle dépend aussi du contexte macroéconomique, du comportement des acquéreurs et de la capacité du dirigeant à réduire la perception de risque. Ces dernières années l’ont démontré : les valorisations du mid-market oscillent fortement, avec des multiples stabilisés autour de 8,9x en Europe mais une dispersion extrême entre les dossiers robustes et les dossiers perçus comme risqués. Autrement dit : l’incertitude frappe d’abord les entreprises insuffisamment préparées.
Pour éviter une décote, la priorité consiste à analyser les zones de vulnérabilité qui pourraient inquiéter un acquéreur : dépendances, gouvernance, qualité des données, robustesse opérationnelle. Ce diagnostic permet d’anticiper les objections et de préparer un dossier crédible, même dans un marché heurté.
Dans un marché où près de la moitié des transactions se situent en dessous de 7x EBITDA, les risques opérationnels deviennent déterminants. Une entreprise exposée à un client unique, à une technologie obsolète ou à des chaînes d’approvisionnement fragiles sera automatiquement perçue comme plus risquée. Les acquéreurs renforcent leurs due diligences, notamment sur la cybersécurité, la qualité des données financières et la résilience industrielle.
Les litiges potentiels, les contrats imprécis ou les dettes sociales sont désormais traités par les acquéreurs comme des facteurs de décote quasi automatiques. Les dispositifs de GAP et les mécanismes d’ajustement de prix deviennent plus stricts. Plus le risque est élevé, plus la négociation se durcit, souvent au détriment du vendeur.
Dans un marché polarisé, les actifs immatériels bien structurés créent un effet de rareté. Processus documentés, bases de données propres, propriété intellectuelle à jour : ces éléments renforcent la confiance et facilitent la valorisation. Ils contribuent également à réduire la durée des due diligences, un avantage important alors que les processus tendent à s’allonger.
Les acquéreurs recherchent des entreprises capables de s’adapter. Trop de rigidité signale un manque d’innovation ; trop peu de structure indique un risque managérial. L’équilibre réside dans une formalisation ciblée : finance, commerce, production, RH. L’objectif : sécuriser la transmission sans étouffer l’organisation.
Les fonds comme les industriels privilégient les entreprises où le management est autonome et structuré. L’instauration de comités de pilotage, la délégation explicite de responsabilités et la clarification de la stratégie réduisent le risque de transition et rassurent les acquéreurs étrangers, qui représentent désormais 45 % des opérations en France.
Dans un contexte où les coûts de financement restent sous pression, les acquéreurs recherchent une visibilité maximale : backlog solide, marges stabilisées, trajectoire claire. Une entreprise capable de démontrer sa résilience et sa prévisibilité obtient une prime de valorisation.
Earn-out, clauses de complément de prix, ajustements de BFR : ces mécanismes permettent de réduire l’écart entre la valeur souhaitée par le cédant et le risque perçu par l’acquéreur. Dans le contexte actuel, ils sont devenus des standards, en particulier lorsque les fonds disposent d’un levier financier réduit.
Un dirigeant préparé doit pouvoir démontrer : comment l’entreprise réagit aux chocs, pourquoi le risque sectoriel est maîtrisé, et quels leviers sécurisent la performance future. Plus la scénarisation est robuste, plus la négociation progresse rapidement.
Dans un marché volatil, ces erreurs peuvent déplacer un dossier dans la moitié basse du marché — celle où les multiples chutent sous 7x. Les dirigeants qui préparent en amont préservent non seulement la valeur, mais aussi la fluidité du processus de transmission.
Dans un environnement incertain, la valeur ne se protège pas en fin de processus, mais dès la préparation. En renforçant la transparence, la gouvernance et la robustesse opérationnelle, vous réduisez la perception de risque et augmentez la désirabilité de votre entreprise. Les dirigeants qui anticipent, structurent et scénarisent leur négociation captent une prime, même dans un marché instable.
Les données récentes montrent un marché M&A polarisé, où seuls les dossiers perçus comme robustes maintiennent des multiples élevés. Les valorisations mondiales se corrigent après un pic en 2024, et les due diligences s’allongent. En France, le rebond du volume d’opérations début 2025 contraste avec une baisse de valeur globale, indiquant une prudence persistante des investisseurs. Les dirigeants doivent donc renforcer la qualité du dossier, la visibilité financière et la gouvernance pour éviter une décote automatique dans un marché plus sélectif.
Cette question révèle où un acquéreur appliquera une décote : dépendances, données faibles, risques juridiques ou gouvernance fragile.
Elle teste la maturité managériale. Si la réponse est non, l’acquéreur demandera une garantie élevée ou réduira son offre.
Elle oblige à identifier les éléments concrets de résilience : backlog, récurrence, process, IP, solidité de la chaîne d’approvisionnement.
Elle éclaire les conditions possibles : earn-out, ajustements, GAP renforcées. Le choix du bon scénario conditionne la réussite de la cession.

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.