Comment valoriser une entreprise de logistique et stockage ?

Comment valoriser une entreprise de logistique et stockage ?
May 4, 2025

Valoriser une entreprise de logistique et stockage en vue d’une cession dans 12–36 mois repose sur trois leviers majeurs : la qualité des contrats, la structure de coûts (immobilier, énergie, main‑d’œuvre) et la maturité opérationnelle (automatisation, process, dépendance clients). Les repreneurs ne cherchent plus des volumes, mais de la prévisibilité et de la résilience.

Ce que regardent vraiment les repreneurs en 2025

Les processus de cession récents montrent une évolution nette : la valeur dépend moins d’indicateurs génériques et davantage d’éléments capables de sécuriser les marges malgré la hausse des loyers, des coûts énergétiques et des contraintes ESG.

  • Stabilité contractuelle : durée ferme, indexation, charge de pénalité, exclusivités, granularité par client.
  • Dépendance client : les repreneurs privilégient des portefeuilles équilibrés ; un client >30 % du CA réduit mécaniquement la valeur.
  • Structure immobilière : site en location (loyers en hausse), foncier rare, conformité ESG, capacités d’extension.
  • Capex futurs : obligations de modernisation (automatisation, froid, normes environnementales).
  • Résilience des marges : capacité à absorber les hausses d’énergie et de main‑d’œuvre.

Un marché transformé par la pression immobilière et énergétique

En 2025, les loyers d’entrepôts premium ont progressé de plus de 26 % depuis 2022 et les coûts énergétiques repartent à la hausse. Dans le même temps, les taux de vacance logistique se contractent progressivement, renforçant la valeur stratégique des sites bien placés.

Conséquence directe : les repreneurs valorisent plus fortement les entreprises disposant d’actifs modernisés, conformes ESG et situés dans des zones où le foncier est rare.

Les méthodes de valorisation réellement utilisées

Les multiples sont aujourd’hui difficiles à standardiser, mais la logique d’analyse reste constante.

Multiple du chiffre d’affaires

Utilisé surtout pour les sociétés très contractuelles, ou dotées d’actifs immobiliers forts.

  • Avantage lorsque la visibilité à 3–5 ans est démontrable.
  • Moins pertinent si l’activité est trop dépendante de quelques comptes.

Multiple de l’EBITDA

Méthode dominante car elle reflète la qualité opérationnelle.

  • Les repreneurs analysent la marge EBITDA par segment : e‑commerce, froid, logistique urbaine, reverse logistics.
  • La capacité à maintenir la marge dans un environnement inflationniste est discriminante.

Valorisation des infrastructures

Critique pour les entreprises dotées d’entrepôts, de plateformes automatisées ou d’emplacements premium.

  • Sites modernisés ou automatisés = prime à la valorisation.
  • Sites énergivores ou non conformes aux normes ESG = décote immédiate.

Les leviers concrets pour maximiser votre valorisation

1. Renégocier et sécuriser vos contrats

  • Allonger les durées fermes.
  • Clarifier les indexations.
  • Introduire des clauses de répercussion des coûts (énergie, carburant, foncier).

2. Structurer votre portefeuille clients

  • Réduire les dépendances >20–30 %.
  • Segmenter vos marges par client et par activité.
  • Documenter la fidélité et les barrières à la sortie.

3. Mettre en conformité vos sites

Les due diligences 2024‑2025 intègrent désormais systématiquement :

  • performances énergétiques,
  • état du bâtiment,
  • niveau d’automatisation,
  • conformité ESG.

4. Rendre vos marges lisibles et prévisibles

  • Suivi détaillé des marges par activité.
  • Analyse des coûts compressibles vs incompressibles.
  • Plan clair de modernisation et d’automatisation.

Les erreurs qui détruisent de la valeur

  • Négliger la dépendance client ou la sous-documenter.
  • Masquer les futurs investissements nécessaires.
  • Présenter un EBITDA non retraité des hausses d’énergie ou de carburant.
  • Ignorer l’état réel des entrepôts (toiture, isolation, conformité).

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À retenir :

La valorisation d’une entreprise logistique dépend désormais moins des volumes traités que de la visibilité opérationnelle, de la qualité des sites et de la stabilité contractuelle. En travaillant ces trois axes dans les 12–36 mois précédant une cession, un dirigeant peut sécuriser une prime significative dans un marché où les repreneurs sont de plus en plus exigeants.

Remarques :

Les données 2024‑2025 montrent une hausse durable des loyers logistiques, une pression énergétique renouvelée et une demande accrue pour des sites conformes ESG. Ces tendances renforcent la prime accordée aux actifs modernisés et à la stabilité contractuelle. Les dirigeants doivent intégrer ces évolutions dans leur stratégie de cession, car elles influencent directement les due diligences et les multiples effectivement proposés.

En pratique, demandez-vous :  

Question 1 : Quelle est la dépendance réelle à mes principaux clients ?

Cette question révèle le niveau de risque perçu par un repreneur et l’impact direct sur la décote appliquée. Plus la concentration est élevée, plus la valorisation se contracte.

Question 2 : Mes sites logistiques sont‑ils conformes et modernisés ?

La réponse conditionne les Capex futurs, un élément clé dans les négociations car il influence immédiatement le prix et les conditions de reprise.

Question 3 : Mes marges sont‑elles prévisibles dans un contexte de coûts en hausse ?

La lisibilité et la stabilité des marges déterminent la confiance de l’acquéreur et la capacité à justifier un multiple élevé.

Question 4 : Mes contrats protègent‑ils réellement la rentabilité ?

Les clauses d’indexation, d’engagement ferme et de répercussion des coûts constituent la base d’une valorisation solide et défendable.

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François Joseph Viallon
François
Viallon
Partner Stratégie

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.

Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.

Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.

François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.

François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.

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