Lorsque vient le moment crucial de préparer une levée de fonds ou une cession, l’attention est souvent focalisée sur les chiffres, les process ou la documentation. Pourtant, un facteur tout aussi déterminant – et souvent négligé – réside dans la culture de l’entreprise. Celle-ci influence la perception des investisseurs ou repreneurs, mais surtout le niveau de résilience et d’engagement des équipes face au changement. Les PME et ETI sont particulièrement vulnérables aux défauts de gouvernance ou à la persistance d’habitus hérités du passé. Faut-il alors bouleverser l’existant ou miser sur l’évolution progressive ? La transformation culturelle n’a de sens que si elle s’inscrit dans une logique profonde d’alignement stratégique, managérial et émotionnel, ce qui suppose d’éviter les changements cosmétiques ou subis.
Pour réussir la transformation, commencez par réaliser une cartographie fine des résistances : silences, doutes exprimés (ou tus), tensions informelles, comportements passifs-agressifs ou réticences lors des réunions clés. N’ignorez jamais les signaux faibles émanant de la base ou du middle management : turn-over accru, absentéisme, résistance passive aux nouveaux rituels (ateliers, séminaires, réunions de partage). Plus la période est instable, plus ces indices deviennent le baromètre de la vraie température interne.
Examinez la clarté des prises de décision, la fluidité des remontées d’alerte, la cohérence entre l’affichage (valeurs, promesses) et les actes quotidiens de la direction. Un audit de gouvernance permet de révéler la densité des circuits informels et les lieux réels d’influence. Les entreprises où la parole est verrouillée ou le pouvoir centralisé souffrent généralement d’une transformation à deux vitesses.
La capacité du management intermédiaire à porter le changement repose sur trois leviers : la formation aux enjeux stratégiques, l’implication dans la co-construction des chantiers et la responsabilisation sur les résultats culturels (et pas uniquement financiers). Un manager gardien du statu quo ralentit la dynamique ; à l’inverse, un manager allié, sensibilisé à la gouvernance, accélère l’intégration des nouvelles pratiques.
Mettre en place des rituels de feedback réguliers (one-to-one, cercles de parole, feedback croisé), avec un focus sur la perception de la transformation. Les managers doivent être réels porteurs de relais, ce qui suppose des feedbacks constructifs, pas seulement de la communication descendante ou des injonctions.
L’instauration de rituels – réunions d’alignement, points flashs, partage d’expériences de transformation, valorisation des succès collectifs – sert de colonne vertébrale à la nouvelle culture. Attention à ne pas tomber dans la ritualisation vide ou trop poussée, qui génère lassitude et cynisme.
Les transformations culturelles réussies partagent certains points communs : la capacité à traiter la résistance non comme un défaut mais comme un signal à intégrer ; l’acceptation d’une cohabitation temporaire entre ancien et nouveau ; la valorisation systématique des petits succès, moteurs d’un effet boule de neige. À l’inverse, les échecs proviennent souvent d’une absence d’alignement réel du comité de direction, d’un changement subi, ou d’une incapacité à donner sens à la transformation dans le quotidien de chacun.
Attention au danger d’une transformation imposée pour «rassurer» investisseurs ou repreneurs. Les changements cosmétiques, sans ancrage réel dans la gouvernance ni dans l’ADN de l’équipe, se traduisent immanquablement par une perte de confiance, voire une démobilisation silencieuse des «vrais piliers» de l’organisation.
Prendre le temps de la pédagogie, de la co-construction, mais aussi savoir donner des signaux clairs et rapidement visibles. Trop de lenteur peut générer l’impression d’un progrès fictif ; trop de brutalité crée l’effet inverse : un rejet global ou une fausse acceptation motivée par la crainte de sanctions.
La transformation de la culture d’entreprise avant une levée ou une cession ne se décrète pas : elle s’accompagne et se pilote avec lucidité, engagement et sens du réel. Les dirigeants qui apprennent à lire les résistances, à impliquer pleinement leur management et gouvernance, et à choisir des outils adaptés maximisent leurs chances de succès… et l’attractivité de leur entreprise. Le vrai enjeu ? Installer une dynamique durable qui survive au passage de relais, pour l’entreprise comme pour ses équipes. À vous de jouer : comment implantrez-vous concrètement ce changement dans votre propre contexte ?
François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.
Coraline Thieller est partenaire chez Scale2Sell, où elle pilote la mise en place et l’organisation de l’assistanat au sein des entreprises accompagnées.Spécialiste des opérations et de la structuration des fonctions support, elle aide les dirigeants à déléguer efficacement, à fluidifier leur quotidien et à se recentrer sur leur rôle stratégique.
Avant de rejoindre Scale2Sell, Coraline a accompagné de nombreuses startups et PME dans leur structuration interne, en s’appuyant sur une approche à la fois humaine, pragmatique et orientée résultats.
Réactive, bienveillante et ultra opérationnelle, Coraline est la garante d’une assistante qui devient un vrai levier de performance.
Maman de 2 garçons de 15 et 5 ans, Coraline est basée à Aix en Provence