
Le secteur des sociétés de nutrition et diététique connaît une expansion structurante, avec une taille de marché mondial estimée entre 180 et 210 milliards USD en 2024 et des projections à plus de 400 milliards USD d’ici 2030 (estimations Grand View Research). Ce marché, dopé par la conscience sanitaire des consommateurs, le vieillissement des populations et l’émergence du concept « food as medicine », se consolide autour d’acteurs intégrant santé, bien-être et distribution omnicanale. En Europe, l’écosystème représente environ 130 milliards USD en 2024, avec une croissance annuelle moyenne de 8–9%. En 2026, la fenêtre de tir reste favorable pour les cédants, tirée par deux tendances : l’appétit des consolidateurs (industriels et fonds) et une normalisation du coût du capital.
Les acheteurs actifs sont des groupes agroalimentaires (Danone, Nestlé Health Science), des conglomérats santé-bien-être (Kirin, Glanbia), ainsi que des fonds spécialisés (growth equity santé & bien-être). Les thèses d’investissement combinent synergies produits-distribution, acquisition de marques premium et intégration verticale pour renforcer la traçabilité et le pricing power.
Les acquéreurs stratégiques privilégient les synergies de portefeuille et la répétabilité des revenus. Les fonds financiers (LBO ou fonds sectoriels) recherchent la scalabilité, la rentabilité et la récurrence (abonnements, services). Enfin, les family offices et acheteurs privés valorisent la stabilité, l’image de marque et les marges.
Selon le profil, les implications process diffèrent : les industriels priorisent la vitesse et la complémentarité des portefeuilles, tandis que les fonds imposent une due diligence extensive et des schémas à earn-out. La valorisation varie selon la rentabilité (6x–12x EBITDA estimé), la gouvernance et la structure de revenus.
Pour maximiser la valeur, la société doit devenir un actif transmissible et scalable. Les acheteurs attendent une gouvernance claire, des comptes audités, un système CRM/ERP robuste et une documentation réglementaire complète (traçabilité, certifications, conformité FDA/EFSA).
Réduire la dépendance au dirigeant et instituer un relais managérial fort. Formaliser les processus internes et clarifier les rôles clefs. La continuité opérationnelle doit être démontrée.
La valeur repose sur la récurrence (abonnements, contrats B2B récurrents) et la diversification (canaux online/offline, export). Éviter la concentration sur quelques clients ou produits.
Les systèmes doivent prouver la traçabilité totale : ingrédients, sourcing, conformité et marge par produit. Une data room prête et documentée (finance, juridique, ESG, R&D, qualité) est un accélérateur de closing.
Un process clair maximise la valeur et réduit les frictions. Il suit une chronologie structurée (teaser → NDA → CIM → short list → LOI → due diligence → SPA → closing). L’objectif : générer de la tension concurrentielle entre acheteurs.
La mise en marché prend généralement 6 à 9 mois selon la complexité de la société. Chaque jalon – teaser, management presentation, offre indicative, audit – doit être planifié et backé par un calendrier de préparation interne.
Les principaux blocs : conformité réglementaire (EFSA/FDA), dépendance fournisseurs, traçabilité, litiges, marges sensibles aux coûts matières. Une pré-due diligence avant lancement de process réduit les écueils.
La confidentialité du process et la fidélisation du middle management sont essentielles. Anticiper les annonces post-LOI et activer des incentives de rétention.
Les multiples observés (estimations) se situent entre 1,8x–3,5x EV/CA et 6x–12x EV/EBITDA selon la taille et les segments. Les drivers de valorisation : récurrence des revenus, innovation certifiée, marges brutes supérieures à 55 %, présence internationale. Les facteurs de baisse sont liés à la dépendance au fondateur, marges érodées ou absence de conformité réglementaire.
Les mécanismes de deal les plus utilisés incluent la locked box (prix fixe à date) et la completion account (ajustement basé sur BFR et dette). En complément : earn-out (souvent 10–25 % du prix lié à la croissance), crédit vendeur (jusqu’à 10 %), GAP de 10–20 % sur 12–24 mois, et clause de non-concurrence (2–3 ans).
Essor de la nutrition personnalisée (IA, traçabilité génétique, microbiote) et automatisation de la supply chain. Probabilité : élevée. Impact sur valeur : positif. Gagnants : sociétés digitalisées, certifiées, data-driven. Perdants : acteurs non conformes ou peu innovants.
Volatilité logistique, coûts matières premières, tension sur l’énergie. Probabilité : moyenne. Impact : neutre à négatif. Déclencheurs : tensions Asie-Europe, politiques sanitaires.
Pression sur le pouvoir d’achat mais demande stable pour la santé préventive. Probabilité : élevée. Impact sur valeur : positif pour marques orientées bien-être et santé intégrée. Dynamiques : durabilité, transparence, impact ESG.
Probabilité : élevée, impact : élevé. Mitigation : déployer relais managérial, comité de direction, contrats long terme clients.
Probabilité : moyenne, impact : fort. Mitigation : diversification fournisseurs, politique de prix dynamique.
Probabilité : moyenne, impact : élevé. Mitigation : conformité proactive EFSA/FDA, certifications, audits externes.
Probabilité : moyenne, impact : moyen. Mitigation : pilotage de la trésorerie, ajustement du cash net debt avant deal.
Probabilité : faible, impact : élevé. Mitigation : vérification documentaire, couverture RCP produits, audits qualité.
Le marché 2023–2025 a été rythmé par plusieurs opérations de référence : acquisition de Blackmores (Australie) par Kirin Holdings (≈1,88 Md AUD, 2023), acquisition de Fancl (Japon) par Kirin (≈1,4 Md USD, 2024) et acquisition de Kate Farms (USA) par Danone (2025, montant non divulgué). En Europe, Supreme a racheté SlimFast UK & Europe (2025) dans une logique de recentrage stratégique. Ces transactions confirment un appétit élevé pour les portefeuilles premium et certifiés, avec intégration verticale et stratégie D2C.
1. Réduire la dépendance au dirigeant : transfert de relations-clients et formalisation de la gouvernance.
2. Renforcer la récurrence de revenus : modèles d’abonnement, données clients, contrats multi-annuels.
3. Fiabiliser la donnée : CRM/ERP robuste, KPIs exportables, traçabilité complète.
4. Optimiser la conformité réglementaire : certifications, audits EFSA/FDA pré-due diligence.
5. Structurer la data room : reporting financier, contrats, propriété intellectuelle, éléments RH & ESG.
À horizon 2028–2030, les sociétés de nutrition et diététique capables d’articuler leur différenciation autour de la science, de la traçabilité et de la digitalisation continueront de capter des valorisations élevées. Les attentes des acquéreurs convergent vers des actifs résilients, certifiés, dotés de revenus récurrents et pilotés par la donnée. Le dirigeant vendeur qui anticipe ces critères, clarifie sa gouvernance et démontre une capacité d’intégration fluide pourra viser le haut de fourchette des multiples, dans une fenêtre de cession qui reste favorable malgré la discipline accrue des acheteurs et les exigences réglementaires montantes.

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.

Sandrine Montel est Partner Finance chez Scale2Sell. Elle accompagne les dirigeants dans la structuration de leur pilotage financier, la maîtrise de leur rentabilité et la préparation aux grandes étapes de transformation : accélération de la croissance, levée de fonds ou cession.
Avec plus de 20 ans d’expérience en direction financière dans des PME et ETI, Sandrine combine une approche stratégique, une capacité d’analyse pointue et une forte orientation terrain. Elle a accompagné de nombreuses entreprises dans la mise en place d’outils de gestion performants, le dialogue avec les investisseurs, ou encore la sécurisation de leur trésorerie dans des phases critiques.
Chez Scale2Sell, elle agit comme un véritable bras droit financier des dirigeants, en les aidant à prendre des décisions éclairées, fiables et tournées vers la création de valeur.
Sandrine croit profondément que la rigueur financière n’est pas une contrainte, mais un moteur de sérénité et d’impact pour les dirigeants.
Elle vit entre Lyon et Bordeaux, et partage son énergie entre ses missions de conseil, l’accompagnement de jeunes talents de la finance… et son potager bio, qu’elle cultive avec autant de méthode que ses plans de trésorerie.