
En 2026, le marché européen de l’hôtellerie de charme représente un espace d’investissement stratégique évalué à environ 8,2 milliards USD en 2024, avec une croissance annuelle moyenne estimée à 6,8% jusqu’en 2030 (estimations Grand View Research). Le segment bénéficie d’une demande continue pour des expériences hors standard, combinée à une reprise post-pandémique robuste. Cependant, il demeure fragmenté, dominé par des indépendants et des micro-chaînes, tandis que les grands groupes multiplient les rachats ciblés et les marques lifestyle. Les flux d’investissement se concentrent sur l’Europe du Sud et les villes à fort patrimoine, soutenues par des investisseurs institutionnels et des family offices en quête d’actifs tangibles et différenciés.
Les rapports HVS 2023–2024 et CBRE 2025 indiquent une augmentation des volumes de transactions de 62% entre 2023 et 2024, marquant une période favorable pour céder des actifs consolidés et rentables. Les fenêtres de tir les plus attractives demeurent les périodes de taux d’emprunt modérés (2025–2027), permettant une optimisation des multiples et des conditions de deal.
Le marché des acheteurs se compose de trois familles principales : les groupes stratégiques (industriels et chaînes lifestyle), les acteurs financiers (fonds value‑add, private equity, family offices) et les MBO/MBI (opérations de reprise managériale). Les industriels privilégient les synergies et la mise à l’échelle ; les financiers recherchent les rendements prévisibles et les repositionnements avec effet d’aubaine ; les MBO visent la continuité opérationnelle et un effet patrimonial. Ces distinctions modulent la structure du deal : earn‑outs fréquents pour les fonds, locked box pour les corporate, et crédit vendeur pour les MBO. Les contraintes post‑cession varient aussi selon la présence du dirigeant : 12–18 mois pour un fonds, 6–12 mois pour un industriel.
L’objectif est de transformer un actif fondé sur une personnalité et une histoire en un modèle transmissible. Cela suppose une fiabilisation des données, un renforcement du middle management, un calibrage du besoin en fonds de roulement et une clarification de la gouvernance.
Formaliser les rôles, limiter la dépendance au propriétaire et mettre en place une équipe de direction capable de piloter les opérations sans intervention quotidienne du fondateur. Intégrer une couche de reporting financier mensuel et un suivi ESG structuré.
Les revenus doivent être équilibrés entre hébergement, restauration et expériences. La récurrence (contrats corporate, partenariats événementiels, fidélité directe) constitue un levier clé d’évaluation. Mettre en évidence des taux d’occupation supérieurs à 70% et une marge d’EBITDA supérieure à 25% (estimations bonnes pratiques).
Moderniser les systèmes PMS, CRM et ERP. Centraliser les historiques clients et les taux de conversion directs. Les investisseurs exigent un historique de 24 à 36 mois documenté avec cohérence des données et absence de litiges opérationnels majeurs.
Un processus de vente structuré renforce l’attractivité et minimise les risques de discount. Il repose sur un teaser précis, une CIM valorisante et une data room robuste.
Sur un horizon moyen de 6 à 9 mois : préparation et pré‑marketing (2 mois), appels d’offres et management presentations (2 mois), due diligence et négociation (3 mois), closing (1 mois). La visibilité sur les données financières consolidées sur trois exercices accélère le processus.
Litiges locatifs, sous‑investissement en CAPEX, absence de reporting consolidé, fiscalité locale, engagements saisonniers. Chacun de ces points peut impacter jusqu’à -10% du multiple si non documenté.
Communication séquencée pour éviter la démotivation. Prévoir clauses de rétention et un plan de prime de transaction pour le middle management clé.
Les transactions récentes montrent des multiples situés entre 8x et 12x EBITDA pour les actifs premium en Europe, et 1,3 à 2,0x le chiffre d’affaires selon localisation et performance (estimations). Les drivers haussiers incluent la récurrence de revenus directs, l’emplacement et la certification ESG. Les deals utilisent surtout des structures de locked box, avec GAP d’environ 10–20% du prix et earn‑out sur 12–24 mois lorsque la performance dépend de la saisonnalité.
L’intégration de l’IA et des solutions de revenue management sans contact accroît la rentabilité des hôtels bien digitalisés. Probabilité élevée, impact positif sur les multiples. Gagnants : plateformes digital-first ; perdants : actifs sans traçabilité de données.
Une stabilité accrue en Europe et des flux touristiques résilients, malgré des tensions régionales. Probabilité moyenne, impact positif neutre à modéré. Déclencheurs : politique monétaire, sécurité touristique, coût de l’énergie.
L’exigence ESG et la clientèle valorisant la durabilité renforcent la valeur des actifs certifiés. Probabilité élevée, impact positif. Dynamiques : attractivité culturelle, consommation responsable, nouvelles attentes intergénérationnelles.
Probabilité élevée, impact élevé ; mitiger par la création d’un comité de direction et le transfert formalisé des réseaux.
Probabilité moyenne, impact élevé ; atténuer par la standardisation des coûts et la politique d’upselling constant.
Probabilité faible, impact moyen ; audit juridique préalable et nettoyage de la documentation RH et fournisseurs.
Probabilité moyenne, impact élevé ; plan d’investissement quinquennal documenté pour anticiper l’obsolescence.
Probabilité moyenne, impact moyen ; diversifier clientèle et partenariats corporate.
Trois mouvements structurants : (i) acquisition par Dalata Group d’un portefeuille Pandox/Eiendomsspar (1,4 Mds € – juillet 2025) ; (ii) levée Room00 (400 M € – mai 2025) pour expansion paneuropéenne ; (iii) ventes urbaines à Berlin et Rome (2024). Ces opérations traduisent un appétit élevé des investisseurs financiers et opérateurs pour des actifs premium de taille moyenne. Les multiples observés sont conformes à 9–11x EBITDA. L’hôtellerie de charme demeure un segment “en consolidation” où les portefeuilles indépendants bien gérés attirent les capitaux privés et les fonds value‑add.
1️⃣ Réduire la dépendance au dirigeant : professionnalisation et délégation via comités ; KPI : % décisions managériales déléguées.
2️⃣ Accroître la récurrence des revenus : contrats pluriannuels, programmes fidélité ; KPI : taux de réservation directe > 50%.
3️⃣ Fiabiliser la donnée et le reporting : intégration CRM/ERP et clôtures mensuelles consolidées.
4️⃣ Optimiser la structure financière : anticiper CAPEX et gestion BFR pour présenter un cash-flow maîtrisé.
5️⃣ Renforcer l’attractivité ESG : audits énergétiques, labels durabilité, rapport ESG annuel.
À horizon 2027–2029, la cession d’un hôtel de charme bien préparé s’inscrira dans un environnement de consolidation soutenu par les fonds value‑add et les family offices européens. La valeur se déplacera vers les actifs identitaires, technologiquement outillés et ESG‑alignés. Les acheteurs viseront des plateformes transmissibles et des portefeuilles homogènes, valorisant la récurrence, la transparence des flux et la qualité du management. Pour atteindre le haut de fourchette, le cédant devra articuler vision, données et gouvernance autour d’une proposition claire de continuité post‑transaction.

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.