
Le secteur des sociétés de cybersécurité connaît une croissance soutenue, alimentée par l’adoption du cloud, l’utilisation massive de l’IA et le renforcement des réglementations (directive NIS2 en Europe). Entre 2023 et 2026, la taille mondiale du marché est passée d’environ 200 à plus de 300 milliards de dollars (estimations), avec un taux de croissance annuel moyen supérieur à 12–14 %. Cette expansion s’accompagne d’une consolidation rapide : les grands acteurs (Cisco, Palo Alto, CrowdStrike, Fortinet, Darktrace, CyberArk) absorbent des spécialistes pour construire des offres intégrées. Les acheteurs y voient une opportunité de synergies, de récurrence de revenus (MSS, SaaS) et d’expansion géographique.
En 2026, l’environnement macro et réglementaire européen, ainsi que la pression sur la sécurité des données et des infrastructures critiques, offrent une fenêtre de tir favorable pour les cédants disposant d’offres matures et de clients récurrents. Les valorisations bénéficient d’un appétit élevé des acheteurs, malgré une rigueur accrue dans la due diligence, notamment sur les aspects talent et gouvernance.
Les acquéreurs stratégiques (Cisco, Akamai, Mastercard, Fortinet) recherchent des plateformes intégrables renforçant leurs capacités dans l’IA, les identités et le cloud. Les fonds d’investissement comme Thoma Bravo privilégient les cibles à ARR élevé, marges prévisibles et potentiel de build-up. Les MBI/MBO restent marginaux mais possibles pour des structures à taille intermédiaire à rentabilité établie. Les family offices s’intéressent aux sociétés rentables, dotées de clients régulés et de revenus récurrents.
Chaque profil d’acquéreur influe sur la structure du deal : les industriels favorisent des transactions cash-free debt-free avec clauses de non-concurrence étendues, tandis que les financiers introduisent souvent des earn-out alignant les intérêts du management sur la croissance post-cession.
Une cession réussie dans la cybersécurité repose sur la transformation d’une société technologique centrée fondateur vers un actif transmissible, avec des données fiables, un management autonome et une gouvernance claire. La préparation préalable doit porter sur la qualité de la donnée, la stabilisation du chiffre d’affaires récurrent, la conformité (RGPD, NIS2, ISO27001), les litiges potentiels et la clarté de la propriété intellectuelle.
Un relais managérial structuré et documenté est essentiel pour réduire la dépendance au dirigeant. L’institutionnalisation des relations clients et partenaires, ainsi que des processus de R&D et SOC, rassure les acheteurs sur la résilience post-deal.
Les valorisations les plus élevées concernent les structures combinant revenus SaaS/abonnement et services managés (MSS/MDR). Les sociétés sur contrats pluriannuels et ARR documenté bénéficient de multiples supérieurs (7–12x EBITDA selon profil, estimations 2025).
Mettre en place un CRM, un ERP et un reporting automatisé des KPI (ARR, rétention client, churn, marge brute) est un facteur clé pour inspirer confiance durant le process de due diligence.
Le process M&A dans la cybersécurité suit une séquence classique : teaser, NDA, CIM, phases de sélection, LOI et due diligence approfondie (finance, juridique, IP, IT, conformité). Les acheteurs examinent de près la solidité des contrats clients, la propriété du code, les certifications et la capacité de scaling.
Le calendrier moyen entre lancement et closing se situe entre 6 et 9 mois, incluant une phase de préparation de 3 mois préalable (audit et data room) et une phase de négociation de 2 à 3 mois.
Les frictions les plus fréquentes concernent : partage IP, préavis clients critiques, dépendance au fondateur et qualité du capital humain. Une documentation contractuelle solide et une cartographie claire des dépendances sont essentielles.
La confidentialité du projet et la gestion des talents critiques doivent être anticipées via une communication graduée aux équipes clés (SOC, R&D, commerciaux), souvent sous NDA interne, pour éviter le risque de départs pré-closing.
Les multiples observés se situent en moyenne entre 3–5x CA ou 8–12x EBITDA pour les acteurs à haute récurrence. Les drivers haussiers sont la visibilité des revenus, la propriété intellectuelle, la certification et la conformité, tandis que les drivers baissiers incluent la dépendance aux fondateurs, une marge inférieure à 15 % et des données financières peu fiabilisées. Les deals utilisent souvent des structures de prix « locked box » et des compléments en earn-out selon l’atteinte d’objectifs ARR.
L’accélération de l’intégration IA et de l’automatisation SOC entraîne une valorisation accrue des plateformes de détection prédictive. Probabilité : élevée. Impact sur la valeur : positif. Les acteurs SaaS cloud-native et data-centric seront gagnants ; les acteurs legacy basés sur logiciels on-prem perdront en attractivité.
Les tensions États-Unis/Chine et les politiques européennes de souveraineté numérique poussent à la relocalisation des solutions de cybersécurité. Probabilité : moyenne à élevée. Impact : positif, avec un surcroît de valorisation pour les acteurs européens certifiés UE.
La pénurie de talents et l’exigence de durabilité numérique créent une prime de risque sur les structures à turnover élevé. Probabilité : élevée. Impact : neutre à légèrement négatif si non anticipé. Les entreprises valorisées sont celles intégrant ESG et culture de cybersécurité.
Probabilité : élevée. Impact : élevé. Mitigation : mise en place d’un plan de succession et transfert opérationnel à un COO.
Probabilité : élevée. Impact : moyen à élevé. Mitigation : fidélisation avec stock-options/bonus de rétention.
Probabilité : moyenne. Impact : moyen. Mitigation : diversification du portefeuille via nouveaux marchés verticaux (santé, finance).
Probabilité : moyenne. Impact : moyen. Mitigation : réaliser un audit IT et plan CAPEX clair dans la data room.
Probabilité : élevée. Impact : positif si conforme, négatif sinon. Mitigation : documentation et certification proactive avant cession.
Parmi les deals récents : Cisco-Splunk (2024, 28 Md$), Darktrace-Thoma Bravo (2024, 5,3 Md$), CyberArk-Venafi (2024, 1,5 Md$), Akamai-Noname Security (2024, non publié), Mastercard-Recorded Future (2024, 2,65 Md$). Ces opérations illustrent un appétit élevé du marché pour les sociétés à forte différenciation, avec une logique de consolidation autour des identités, des API et de la sécurité cloud. En 2026, le momentum demeure robuste, les valorisations soutenues et les acheteurs présents sur les verticales européennes.
Les cinq chantiers critiques à lancer avant 2027 :
À l’horizon 2026–2029, la cession d’une société de cybersécurité se réalise dans un marché mature, consolidé et techniquement exigeant. Les valorisations restent portées par la récurrence, la conformité et la différenciation technologique. Les acquéreurs privilégieront des structures prêtes à scaler, disposant d’équipes stables, de processus documentés et d’un pipeline de croissance visible. Pour atteindre le haut de fourchette, le cédant doit démontrer une gouvernance solide, une culture d’innovation et une conformité certifiée, alignées sur la stratégie des acheteurs internationaux.

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.

Sandrine Montel est Partner Finance chez Scale2Sell. Elle accompagne les dirigeants dans la structuration de leur pilotage financier, la maîtrise de leur rentabilité et la préparation aux grandes étapes de transformation : accélération de la croissance, levée de fonds ou cession.
Avec plus de 20 ans d’expérience en direction financière dans des PME et ETI, Sandrine combine une approche stratégique, une capacité d’analyse pointue et une forte orientation terrain. Elle a accompagné de nombreuses entreprises dans la mise en place d’outils de gestion performants, le dialogue avec les investisseurs, ou encore la sécurisation de leur trésorerie dans des phases critiques.
Chez Scale2Sell, elle agit comme un véritable bras droit financier des dirigeants, en les aidant à prendre des décisions éclairées, fiables et tournées vers la création de valeur.
Sandrine croit profondément que la rigueur financière n’est pas une contrainte, mais un moteur de sérénité et d’impact pour les dirigeants.
Elle vit entre Lyon et Bordeaux, et partage son énergie entre ses missions de conseil, l’accompagnement de jeunes talents de la finance… et son potager bio, qu’elle cultive avec autant de méthode que ses plans de trésorerie.