
En 2026, le secteur des Maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) connaît une expansion soutenue, soutenue par la politique publique de santé visant à atteindre 4 000 MSP d’ici 2027. Avec environ 2 600 structures recensées à mi‑2024 (estimations), la France entre dans une phase de consolidation où les réseaux MSP deviennent des actifs tangibles pour des acquéreurs institutionnels. Cette dynamique offre une fenêtre de tir favorable à la cession entre 2025 et 2027, alors que les groupes de santé, assureurs et fonds immobiliers multiplient les investissements dans les soins de proximité et l’immobilier de santé.
Le modèle MSP attire des acheteurs à la recherche d’actifs combinant récurrence de revenus, stabilité de patientèle et potentiel d’échelle territoriale. La valeur de réseau — patientèle coordonnée + flux ACI + immobilier — devient un différenciateur majeur des valorisations.
Les acquéreurs stratégiques (groupes hospitaliers privés, assureurs, mutuelles) recherchent des MSP bien ancrées dans le territoire, avec des indicateurs solides de coordination et de qualité de soins. Les investisseurs financiers (fonds santé, REITs, family offices) valorisent l’immobilier et la stabilité des flux ACI. Un MBI/MBO peut être envisagé pour les MSP bien structurées disposant d’une équipe de direction mature.
Les implications sur le processus sont nettes : les stratégiques privilégient le maintien du management et des synergies cliniques, tandis que les financiers négocient davantage les conditions de sortie (earn‑out, crédit vendeur). La présence du dirigeant pendant la transition est souvent requise 12 à 24 mois pour sécuriser la patientèle et la continuité des soins.
Les MSP se cèdent mieux lorsqu’elles sont transformées en actif transmissible : gouvernance claire, reporting fiable et relais managérial établi. La préparation doit porter sur trois axes : organisation, qualité du CA et performance opérationnelle.
Formaliser les mandats au sein de la SISA ou SCI, clarifier la répartition entre associés, et instaurer un pilotage par indicateurs (KPI ACI, file active, nombre de professionnels affiliés). La délégation à un coordinateur ou directeur opérationnel réduit la dépendance au dirigeant.
Mettre en avant la part stable des revenus (ACI / Peps / Ipep), la croissance de la patientèle et les indicateurs médicaux et préventifs. Valoriser les gains issus des programmes expérimentaux de coordination.
Renforcer les outils de gestion (CRM, ERP santé, suivi MES/ENS), établir des tableaux de bord consolidés et fiabiliser les data exports pour la data room. La maturité numérique devient un levier de valorisation.
Un processus MSP suit les étapes classiques de cession M&A, adaptées à la spécificité santé : teaser, NDA, dossier d’information (CIM), appel d’offres restreint, LOI, due diligence, SPA, closing. La transparence des données financières et réglementaires est primordiale pour convaincre les investisseurs soumis à des contraintes de conformité.
Une cession MSP dure en moyenne 9 à 12 mois entre l’amorçage et le closing. Les temps forts : 1) structuration du dossier (2‑3 mois), 2) phase marketing (2‑4 mois), 3) due diligence et négociation (4‑6 mois).
Les principaux points de friction portent sur la valorisation de la patientèle, la répartition des ACI, les charges immobilières et la garantie de continuité du personnel soignant. L’homogénéisation des contrats et le reporting préalable limitent les remises de prix.
La confidentialité est essentielle. Informer progressivement les praticiens clés et sécuriser leur maintien post‑cession via conventions pluriannuelles ou intéressement.
Les multiples observés dans le secteur des soins primaires pluridisciplinaires se situent (estimations) entre 6x et 9x l’EBITDA pour les structures rentables et multi‑sites, et 1,2x à 2x le chiffre d’affaires pour les réseaux plus établis. Les drivers haussiers incluent la récurrence ACI, la taille de la patientèle, la performance des programmes Ipep/Peps, et la qualité de la gouvernance. Les structures à faible standardisation ou dépendantes du dirigeant subissent des décotes.
Les schémas de prix privilégiés sont ceux de type locked box pour sécuriser la trésorerie au closing, avec potentiellement un earn‑out lié à la performance ACI/Peps, et un crédit vendeur pour aligner les intérêts. Les garanties de passif (GAP) couvrent généralement 12 à 24 mois.
Probabilité : élevée — la digitalisation (MES, IA médicale, outils de coordination) renforce la valeur des MSP numérisées. Gagnants : MSP digitalisées, perdants : structures manuelles. Impact sur la valeur : positif.
Probabilité : moyenne — les tensions budgétaires peuvent rallonger les cycles de paiement public. Impact : neutre à légèrement négatif. Facteurs déclencheurs : arbitrages budgétaires et réforme sécurité sociale.
Probabilité : élevée — le vieillissement démographique et la pénurie médicale renforcent le besoin de santé territoriale. Impact : positif. Dynamiques culturelles : attente de proximité, confiance accrue envers les structures pluridisciplinaires.
Probabilité : élevée | Impact : élevé | Mitigation : mise en place d’un coordinateur et documentation des procédures.
Probabilité : élevée | Impact : élevé | Mitigation : contractualisation pluriannuelle et attractivité salariale.
Probabilité : moyenne | Impact : moyen | Mitigation : accords de portage ou baux sécurisés à long terme.
Probabilité : moyenne | Impact : élevé | Mitigation : intégration de MES et reporting standardisé avant audit.
Probabilité : moyenne | Impact : élevé | Mitigation : diversification partielle des revenus annexes et programmes privés.
Les transactions MSP sont encore rares et souvent hybrides (immobilier + activité médicale). En 2023, La Française REM a acquis une MSP parisienne pour environ 4 M€, illustrant l’intérêt croissant des investisseurs immobiliers santé. D’autres opérations mineures indiquent une demande soutenue pour des actifs de proximité. En 2026, l’appétit reste élevé pour les MSP bien gérées, intégrées à des réseaux régionaux. L’environnement de taux stabilisé et la recherche d’actifs à rendement stable maintiennent une fenêtre d’opportunité favorable.
1. Structurer la gouvernance et réduire la dépendance au dirigeant : impact élevé, horizon moyen, KPI : délégation managériale, pilotage des KPI.
2. Fiabiliser la donnée et le reporting ACI/Ipep : impact élevé, horizon court, KPI : audits internes, fiabilité des flux ACI.
3. Sécuriser les contrats immobiliers et partenariats : impact moyen, horizon moyen, KPI : baux consolidés, valorisation foncière.
4. Professionnaliser les outils numériques : impact moyen, horizon court, KPI : taux d’adoption MES, audit IT.
5. Préparer la data room et la documentation juridique : impact élevé, horizon court, KPI : complétude, contrôles de conformité.
À horizon 2027–2030, le marché des maisons médicales pluridisciplinaires s’oriente vers une consolidation régionale soutenue par la transformation numérique et les programmes ACI/Ipep. La valeur se déplacera vers les réseaux de MSP intégrés, capables de justifier la qualité des parcours et la performance économique. Les acquéreurs viseront des acteurs managés et transparents, combinant performance clinique, stabilité financière et maîtrise immobilière. Pour viser le haut de fourchette, un cédant devra anticiper sa cession : fiabiliser le reporting, verrouiller ses engagements contractuels et incarner un modèle de coordination efficient, auditable et scalable.

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.

Thibault Garnier est Partner Technologies chez Scale2Sell. Il accompagne les dirigeants dans la structuration de leur architecture technique, le pilotage de leurs projets digitaux stratégiques et la montée en maturité de leurs équipes tech & produit.
Ancien CTO dans des scale-ups et des PME industrielles en transformation, Thibault a passé plus de 15 ans à construire, faire évoluer et sécuriser des systèmes d’information complexes. Il intervient aujourd’hui aux côtés de dirigeants qui veulent reprendre la maîtrise de leur stack technique, fiabiliser leur roadmap produit, ou accélérer leur digitalisation sans perdre en agilité.
Chez Scale2Sell, Thibault joue un rôle de traducteur entre les enjeux business et les solutions techniques. Il challenge les prestataires, cadre les décisions structurantes et permet aux dirigeants de garder la main sur les choix technos tout en déléguant sereinement leur mise en œuvre.
Thibault croit profondément que la technologie n’a de valeur que si elle sert la vision de l’entreprise et les usages réels du terrain.
Il vit à Nantes, adore les process bien huilés, les plateformes robustes et… les bateaux à voile, qu’il considère comme les systèmes d’information de la mer : tout doit être fiable, réactif et simple à maintenir en condition réelle.