
Le secteur européen du transport routier de marchandises représente un pilier logistique essentiel, avec près de 1 869 milliards de tonne-kilomètres transportés en 2024 (source Eurostat). Malgré une baisse conjoncturelle en 2023 (-3,2 %) puis un rebond en 2024 (+0,6 %), le secteur montre une forte résilience et demeure fragmenté : des milliers de PME locales coexistent avec une dizaine de grands groupes mondiaux. En 2026, les signaux de marché montrent une intensification des opérations de consolidation, avec des acteurs comme DSV (acquisition de DB Schenker, 2025), CMA CGM/Bolloré Logistics, DFDS/Ekol et Sennder qui restructurent l’écosystème européen. Ce contexte crée une fenêtre de tir favorable pour les cessions entre 2026 et 2028, portée par l’appétit des groupes intégrés et des fonds pour des plateformes régionales.
Les acquéreurs stratégiques cherchent à densifier leur réseau, sécuriser les volumes et intégrer la chaîne logistique (shipping + road). Les acquéreurs financiers privilégient des plateformes régionales scalables, soutenues par des contrats récurrents. Les family offices visent des actifs stables à rendement. Enfin, les MBO/MBI peuvent permettre la transmission graduelle d’entreprises familiales. Chaque profil implique des modalités spécifiques : présence du dirigeant prolongée (earn-out) pour garantir la continuité, ou cession rapide dans le cas d’un groupe industriel déjà intégré.
Le risque principal réside dans la dépendance du dirigeant aux relations clients et aux décisions opérationnelles. L’objectif est d’établir une gouvernance claire avec un middle management solide et des relais de direction formalisés.
Les acheteurs valorisent particulièrement la récurrence contractuelle (contrats pluriannuels) et la diversification du portefeuille clients. La concentration client doit être inférieure à 25 % du CA total pour rassurer les investisseurs.
Une data room digitale exhaustive (ERP, CRM, coûts par trajet, maintenance flotte, litiges) doit être préparée. L’utilisation d’outils de traçabilité et de reporting ESG valorise l’entreprise lors des due diligence.
Le processus type inclut un teaser, signature NDA, puis diffusion d’un memorandum d’information (CIM) à une « long list » d’acquéreurs, avant short list, offres non contraignantes (LOI), due diligence et signature du SPA. Un calendrier moyen de 7 à 10 mois est observé.
2026 marque une période propice grâce à la normalisation des taux d’intérêt et à la consolidation du secteur. Le calendrier optimal inclut : 3 mois de préparation, 3 mois de market sounding, 3 mois de négociation et closing.
Les zones de tension concernent souvent le BFR, les litiges transporteurs/sous-traitants, et la qualité des données ESG. Une préparation juridique préalable est essentielle.
La rétention des chauffeurs-clés et des responsables plateforme est critique. Un plan d’incentive interne ou un MBO peut être structuré pour stabiliser les équipes.
En 2025, les multiples moyens observés sur le marché (estimations) varient entre 6,5x et 9x EBITDA pour des acteurs bien gérés et 0,6x–1x CA pour des modèles plus capitalistiques. Les drivers haussiers : récurrence contrat, intermodalité, flotte moderne, digitalisation. Les drivers baissiers : dépendance dirigeant, marges <10 %, dettes élevées. Les schémas de prix usuels : locked box pour opérations industrielles, earn-out pour les fonds. Le crédit vendeur reste courant (5–15 % du prix total), associé à une clause GAP de 12–24 mois.
L’automatisation et la traçabilité via l’IA transforment la performance logistique. Probabilité : élevée | Impact sur la valeur : positif. Gagnants : opérateurs digitalisés, plateformes SaaS logistiques. Perdants : flottes non dataisées.
La relocalisation industrielle européenne et la normalisation énergétique post-crise renforcent la demande intra-UE. Probabilité : moyenne | Impact : positif. Déclencheurs : stabilité énergétique, sécurisation des routes Est-Ouest.
La pénurie de chauffeurs demeure le frein principal. Probabilité : élevée | Impact : négatif. Dynamiques : vieillissement, désintérêt du métier, attractivité salariale. Mitigation : automatisation et sous-traitance contractuelle.
Probabilité : moyenne | Impact : élevé. Il faut transférer les relations clients à une équipe élargie et documenter les processus clés.
Probabilité : élevée | Impact : élevé. Mesure : fidélisation, intéressement, flexibilité des contrats.
Probabilité : moyenne | Impact : moyen. Prévoir des clauses d’indexation carburant et diversifier les fournisseurs.
Probabilité : moyenne | Impact : élevé. Mesure : réduction dettes court terme, optimisation du cycle facturation/paiement.
Probabilité : élevée | Impact : moyen. Mesure : plan de conformité CO₂, suivi des consommations, audits sociaux.
Les opérations emblématiques : DB Schenker rachetée par DSV (2025, 14,3 Md€), Bolloré Logistics par CMA CGM (2024, 4,85 Md€), DFDS/Ekol (2024), et Sennder/C.H. Robinson EST (2025). Ces deals traduisent une valorisation soutenue autour de 7,5x–9x EBITDA (estimations) et montrent un fort appétit des intégrateurs et des fonds pour des plateformes digitalisées et multi-modales. Le momentum 2026–2028 reste haussier si les taux restent contenus.
1. Réduire la dépendance dirigeant (court terme ; impact élevé) : transférer les clients et process clefs – KPI : % signature par délégation.
2. Accroître la récurrence des revenus (moyen terme ; impact élevé) : signer des contrats pluriannuels – KPI : durée moyenne contrats.
3. Moderniser la flotte et tracer les performances (long terme) : digitaliser maintenance et énergie – KPI : % véhicules connectés.
4. Préparer la data room (court terme ; complexité M) : normes comptables, ESG, KPIs – KPI : completion data room (%).
5. Optimiser le BFR et la dette : réduire créances et ajuster leasing – KPI : ratio dette/EBITDA, DSO.
Le transport routier européen aborde 2026–2028 dans une phase de consolidation et de mutation technologique sans précédent. La valeur se déplace vers la donnée, la traçabilité et la durabilité : les acheteurs recherchent des plateformes logistiques intégrées et digitalisées capables de capitaliser sur la transition énergétique et les flux intra-européens. Les dirigeants souhaitant céder doivent articuler une histoire de croissance démontrable, un modèle ESG crédible et une gouvernance autonome. Ceux qui anticiperont la structuration de leurs actifs (contrats, CRM, flotte, BFR) atteindront le haut de la fourchette de valorisation, estimée entre 7x et 9x EBITDA, dans un marché où la demande d’actifs consolidés et intermodaux demeure forte.

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.

Sandrine Montel est Partner Finance chez Scale2Sell. Elle accompagne les dirigeants dans la structuration de leur pilotage financier, la maîtrise de leur rentabilité et la préparation aux grandes étapes de transformation : accélération de la croissance, levée de fonds ou cession.
Avec plus de 20 ans d’expérience en direction financière dans des PME et ETI, Sandrine combine une approche stratégique, une capacité d’analyse pointue et une forte orientation terrain. Elle a accompagné de nombreuses entreprises dans la mise en place d’outils de gestion performants, le dialogue avec les investisseurs, ou encore la sécurisation de leur trésorerie dans des phases critiques.
Chez Scale2Sell, elle agit comme un véritable bras droit financier des dirigeants, en les aidant à prendre des décisions éclairées, fiables et tournées vers la création de valeur.
Sandrine croit profondément que la rigueur financière n’est pas une contrainte, mais un moteur de sérénité et d’impact pour les dirigeants.
Elle vit entre Lyon et Bordeaux, et partage son énergie entre ses missions de conseil, l’accompagnement de jeunes talents de la finance… et son potager bio, qu’elle cultive avec autant de méthode que ses plans de trésorerie.