
Le secteur des laboratoires d’analyse en Europe est porté par la hausse continue de la demande en externalisation dans les domaines pharmaceutique, environnemental, agroalimentaire et biotechnologique. En 2024, le marché européen des services d’analyses de santé représentait environ 4,85 milliards USD avec une croissance prévue autour de 8% CAGR jusqu’en 2030 (estimations). Le marché des analyses environnementales atteignait quant à lui 5,2 milliards USD en 2024, projeté à 9,1 milliards USD à l’horizon 2034. Le secteur est donc en croissance soutenue, tiré par les réglementations, la traçabilité et la digitalisation. La concentration autour d’acteurs clés comme Eurofins, SGS et Intertek, alliée à une dynamique de consolidation active, ouvre une fenêtre de tir favorable en 2026 pour les cédants disposant de portefeuilles différenciés et digitalement matures.
Les acquéreurs stratégiques (Eurofins, SGS, Intertek, Bureau Veritas) recherchent des actifs consolidables avec un maillage géographique et technologique complémentaire. Ils valorisent la récurrence des revenus et les synergies opérationnelles. Les fonds financiers ou family offices privilégient les laboratoires de taille intermédiaire dotés d’une gouvernance déjà structurée, pouvant constituer des plateformes de build-up. Les MBO/MBI peuvent également apparaître sur les cibles rentables avec direction solide. Selon le type d’acheteur, les conditions de deal varient : les groupes industriels imposent souvent des earn-outs et clauses de non-concurrence, tandis que les fonds privilégient un closing cash-free, debt-free et un renforcement du management post-cession.
Une cession réussie exige une préparation de 6 à 12 mois. Les enjeux clés sont : réduire la dépendance au dirigeant, fiabiliser les reportings, clarifier les contrats clients et prouver la qualité des données.
La gouvernance doit être documentée et les relais managériaux identifiés. Un plan de succession clair inspire confiance à l’acheteur et réduit le risque d’earn-out pénalisant.
Les revenus récurrents via contrats pluriannuels (tests pharmaceutiques, environnementaux) augmentent significativement les multiples. Les labels ISO et accréditations constituent aussi des leviers de valorisation.
Un CRM/ERP intégré, des KPI standardisés (taux de rendement, coûts analytiques, délais moyens) et une traçabilité des échantillons sont essentiels pour convaincre les acheteurs d’une exploitation robuste et scalable.
Le processus type comprend teaser, NDA, CIM, sélection de la short list, puis LOI et due diligence. Chaque étape requiert discipline et préparation.
Un calendrier typique s’étale sur 6 à 9 mois : lancement (M0), réception des offres indicatives (M3), due diligence (M5–M7), négociation SPA et closing (M8–M9).
Les sources de friction courantes concernent la valorisation des actifs technologiques, la pérennité des contrats et la dépendance aux clients pharmaceutiques clés.
Informer tôt le management intermédiaire, sécuriser les experts clés et garantir un plan de transition limite les risques de perte de talents critiques.
Les multiples observés dans le secteur oscillent entre 10x et 14x l’EBITDA pour les acteurs spécialisés (estimations), et entre 1,5x et 2,5x le chiffre d’affaires pour les structures fortement différenciées. Les drivers haussiers sont la récurrence, la spécialisation biosynthétique, la digitalisation et la certification. Les drivers baissiers incluent la fragilité de marge, le capex élevé et une gouvernance peu transmissible. Les schémas de prix les plus utilisés sont la locked box ou les completion accounts, associés à des dispositifs comme les earn-outs ou le crédit vendeur.
L’intégration d’IA et d’automatisation des laboratoires est incontournable. Probabilité : élevée. Impact sur la valeur : positif. Les laboratoires digitalisés sortent gagnants tandis que les structures manuelles perdent en compétitivité.
Les tensions sur l’énergie et la relocalisation européenne poussent à la régionalisation des capacités. Probabilité : moyenne. Impact : neutre à légèrement positif. Facteurs déclencheurs : stabilité énergétique, plan industriel européen, Green Deal.
La sensibilité accrue à la durabilité et à la sécurité sanitaire renforce la demande en tests certifiés. Probabilité : élevée. Impact : positif. Dynamiques : politique ESG, guerre des talents, demande publique de transparence.
Probabilité : moyenne – Impact : élevé. Mitigation : diversifier le portefeuille et promouvoir les contrats pluriannuels multisectoriels.
Probabilité : élevée – Impact : moyen. Mitigation : automatiser les process et digitaliser le suivi des essais.
Probabilité : moyenne – Impact : élevé. Mitigation : planifier le capex pré-cession et documenter les retours ROI.
Probabilité : moyenne – Impact : moyen. Mitigation : suivre activement les mises à jour ISO/GLP et anticiper les audits.
Probabilité : élevée – Impact : élevé. Mitigation : fidéliser les experts et formaliser la transmission du savoir technique.
Les transactions récentes témoignent d’un fort appétit. Eurofins a acquis les opérations cliniques de SYNLAB en Espagne (2024–2025), renforçant sa position diagnostique. Intertek a acquis Base Metallurgical Laboratories en 2024, poursuivant sa stratégie ATIC. Les discussions de fusion SGS–Bureau Veritas ont confirmé un intérêt macro pour les consolidations européennes, même si elles n’ont pas abouti. Ces opérations confirment une fenêtre de tir favorable pour les cédants bien préparés : multiples solides, liquidité M&A abondante, alignement stratégique entre science, durabilité et conformité.
Pour maximiser la valeur, cinq chantiers prioritaires :
Entre 2026 et 2030, le secteur des laboratoires d’analyse en Europe devrait poursuivre sa consolidation autour de plateformes intégrées et digitalisées. La valeur se déplacera vers les acteurs capables de combiner excellence technique, récurrence contractuelle et efficacité opérationnelle. Les acheteurs rechercheront davantage des modèles démontrant une scalabilité et une conformité irréprochable. Pour viser le haut des fourchettes de valorisation, les dirigeants devront orchestrer leur cession comme un projet stratégique : anticiper la préparation, fiabiliser la gouvernance et présenter un actif transmissible, lisible et prêt à l’intégration industrielle.

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.

Sandrine Montel est Partner Finance chez Scale2Sell. Elle accompagne les dirigeants dans la structuration de leur pilotage financier, la maîtrise de leur rentabilité et la préparation aux grandes étapes de transformation : accélération de la croissance, levée de fonds ou cession.
Avec plus de 20 ans d’expérience en direction financière dans des PME et ETI, Sandrine combine une approche stratégique, une capacité d’analyse pointue et une forte orientation terrain. Elle a accompagné de nombreuses entreprises dans la mise en place d’outils de gestion performants, le dialogue avec les investisseurs, ou encore la sécurisation de leur trésorerie dans des phases critiques.
Chez Scale2Sell, elle agit comme un véritable bras droit financier des dirigeants, en les aidant à prendre des décisions éclairées, fiables et tournées vers la création de valeur.
Sandrine croit profondément que la rigueur financière n’est pas une contrainte, mais un moteur de sérénité et d’impact pour les dirigeants.
Elle vit entre Lyon et Bordeaux, et partage son énergie entre ses missions de conseil, l’accompagnement de jeunes talents de la finance… et son potager bio, qu’elle cultive avec autant de méthode que ses plans de trésorerie.