
En 2026, le secteur des sociétés de mécanique de précision bénéficie d’une demande soutenue dans l’aéronautique, la défense et l’énergie, représentant environ 155,6 Md€ de chiffre d’affaires (estimations 2024, FIM). L’Europe reste un bastion industriel, dominé par des groupes comme StarragTornos, Mecachrome ou GF Machining, mais composé d’un tissu dense de PME spécialisées. Les cycles d’investissement s’étalent sur 18 à 36 mois selon les marchés finaux, et la consolidation se poursuit, notamment sur les segments stratégiques à forte valeur ajoutée. En 2026, la combinaison de prévisions industrielles stables, de programmes de défense renforcés et d’un recul progressif des coûts énergétiques constitue une fenêtre de tir favorable pour la cession d’actifs performants et technologiquement différenciés.
Les acquéreurs stratégiques industriels (constructeurs de machines, groupes aérospatiaux, équipementiers énergie) recherchent des synergies techniques, des capacités locales et des procédés exclusifs. Les investisseurs financiers (fonds LBO, industrial build-up) valorisent la récurrence contractuelle, la qualité du management et la capacité à intégrer des plans d’efficacité. Les family offices se positionnent sur des cibles patrimoniales avec savoir-faire rares et patrimoine industriel. Pour le cédant, le type d’acquéreur oriente la structure du deal : earn-out si potentiel de croissance à court terme, locked box pour un actif mature, ou crédit vendeur sur transition progressive.
La préparation consiste à transformer une société à forte expertise technique en un actif transmissible et scalable. L’enjeu principal est la dépendance au dirigeant et la documentation des savoir-faire critiques. La fiabilisation des données opérationnelles (ERP, traçabilité, coûts matière, suivi de rebuts) et la formalisation de contrats pluriannuels améliorent la transparence et le confort des acquéreurs. Les sociétés les mieux préparées disposent de reporting mensuels fiables, de certifications à jour et d’un plan documenté de succession managériale.
Mettre en place un comité de direction opérationnel et clarifier les délégations clés. Le renforcement du middle management est un levier majeur pour réduire le risque perçu.
Un ratio de plus de 30% de revenus récurrents (maintenance, contrats multi-annuels) soutient significativement les multiples.
Les entreprises ayant digitalisé leurs ateliers (MES, traçabilité, pilotage énergétique) démontrent des écarts de marge de +2 à +5 points par rapport à la moyenne.
Un process structuré en 8 étapes (teaser → closing) permet de maintenir la pression concurrentielle et sécuriser les délais. Le calendrier s’étale sur 6 à 9 mois en moyenne. Les points de friction typiques sont la valorisation du stock, la dépendance clients (souvent 3 à 5 majeurs) et la mise à jour des certifications qualité. Une communication maîtrisée avec les équipes est essentielle pour éviter les déstabilisations sociales.
Préparer le CIM avant l’été précédent la cession, viser la LOI à M+4, due diligence à M+6 et closing dans l’année fiscale.
Facteurs critiques : fiabilité des marges, conformité réglementaire, dépendance énergétique, obsolescence machines.
Préparer un plan de rétention des talents clés et une communication progressive selon le stade de négociation.
Les multiples observés sur les transactions récentes varient entre 6x à 9x EBITDA (estimations) selon la taille, la spécialisation et la part export. Les drivers haussiers incluent la certification aéronautique/ISO, la récurrence clients, la digitalisation et la rentabilité supérieure à 15%. Les acheteurs privilégient les structures locked box pour des cibles stables et les comptes d’achèvement (completion accounts) pour les structures à forte variation de BFR. Earn-out et crédit vendeur sont utilisés pour harmoniser les attentes entre croissance et risque opérationnel.
La diffusion de l’IA dans le contrôle qualité et les process d’usinage pourrait augmenter les multiples pour les sociétés techniquement digitalisées (+10 à +20% estimé).
Une intensification des programmes européens de défense ou des relocalisations industrielles renforcerait la demande pour les ateliers certifiés. Impact global positif sur la valorisation, particulièrement pour les acteurs exposés à la défense française et européenne.
La rareté de la main-d’œuvre qualifiée augmente la valeur des entités disposant de formations internes et d’un capital humain fidélisé. Inversement, l’absence de relais managérial pourrait dégrader de 0,5x à 1x le multiple.
Probabilité: élevée | Impact: élevé | Mitigation: diversification du portefeuille ou contractualisation pluriannuelle.
Probabilité: moyenne | Impact: élevé | Mitigation: nomination d’un COO/Directeur opérations avant la cession.
Probabilité: moyenne | Impact: moyen | Mitigation: contrats d’énergie long terme et investissements dans l’efficacité.
Probabilité: élevée | Impact: élevé | Mitigation: politique RH proactive et formation continue.
Probabilité: faible | Impact: élevé | Mitigation: audit juridique préalable et renforcement assurances.
StarragTornos Group (2023, Suisse) — Fusion stratégique. Objectif: synergies géographiques et R&D. Multiple estimé: 8–9x EBITDA. Mecachrome/WeAre Group (2022, France) — Build-up soutenu par Bpifrance et Tikehau. Rationale: création d’un champion aéronautique européen. Marché 2026: appétit acheteur élevé, notamment sur des cibles de 10–50 M€ avec exposition déf. Les acquéreurs stratégiques privilégient la consolidation française et européenne autour de pôles technologiques et d’usines intégrées.
1) Structurer la relève managériale (impact élevé, horizon moyen, KPI: taux d’autonomie opérationnelle). 2) Stabiliser les revenus récurrents via contrats multi-annuels (impact élevé, horizon court, KPI: % CA récurrent). 3) Digitaliser le pilotage (impact moyen, horizon moyen, KPI: taux de saisie ERP/MES). 4) Sécuriser la conformité et certifications (impact moyen, horizon court). 5) Optimiser le mix énergétique (impact moyen, horizon long, KPI: kWh/€ CA).
Entre 2026 et 2030, la cession d’une société de mécanique de précision se jouera sur trois leviers : excellence opérationnelle, récurrence contractuelle et capacité à s’intégrer dans un groupe industriel à l’échelle européenne. L’attractivité restera forte dans les segments aéronautique, défense et énergie, où les valorisations peuvent atteindre 8–9x EBITDA pour des sociétés bien préparées. Les acquéreurs privilégieront la clarté des données, la stabilité du management et la traçabilité absolue des opérations. Pour viser le haut de la fourchette, le dirigeant devra démontrer sa maîtrise du cycle industriel, son alignement ESG et un pipeline de contrats visibles à 24 mois, gages de continuité et de résilience dans un marché encore en consolidation.

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.