
En 2026, le secteur des maisons de production s’impose comme un marché structuré autour de grands consolidateurs (Banijay, Pathé, Canal+) et d’un tissu dense de studios indépendants. La dynamique européenne reste portée par les incitations publiques (CNC, TRIP, crédits d’impôt) et la demande croissante de contenus provenant des plateformes et diffuseurs internationaux.
Avec plus de 180 millions d’entrées en salles en 2024 et un financement public stable, la France offre un environnement favorable à l’investissement et à la cession. Les fenêtres de tir 2026–2028 apparaissent comme propices, car les groupes cherchent à étendre leurs droits IP et leurs capacités de production. L’appétit des acheteurs est donc élevé, mais sélectif : seules les structures dotées d’un portefeuille IP solide, de revenus récurrents et d’une gestion opérationnelle rigoureuse peuvent prétendre à des multiples supérieurs à la moyenne du secteur.
Les acquéreurs stratégiques (groupes médias et plateformes) recherchent des actifs capables de renforcer leur catalogue et leur présence internationale. Ils valorisent la récurrence et l’exclusivité des droits. Les acquéreurs financiers (fonds et family offices) ciblent des sociétés industrialisables, pouvant générer des flux stables à travers des IP et des accords de coproduction. Enfin, les MBO/MBI se concentrent sur des studios indépendants portés par un management fort.
Les implications sur le process sont importantes : les stratégiques exigent souvent la présence du dirigeant post-cession (6–24 mois) et recourent fréquemment à des earn-outs indexés sur la performance de diffusion. Les financiers, eux, privilégient des mécanismes de locked box ou de completion accounts pour sécuriser la transaction.
Une préparation efficace commence par la maîtrise des fondamentaux : gouvernance, données, contrats, actifs immatériels et continuité managériale. L’objectif est de passer d’une logique de fondateur à une logique d’actif transmissible.
La dépendance au dirigeant est souvent élevée. Il faut documenter les relations avec diffuseurs, plateformes et talents, et formaliser la délégation. Un management autonome rassure les acquéreurs financiers.
Les revenus se répartissent entre production, coproduction, et distribution de droits. Les multiples les plus élevés se voient dans les structures à revenus récurrents (streaming, international).
La qualité du reporting (ERP/CRM, suivi des redevances et des droits territoriaux) doit permettre une traçabilité totale des revenus. Un audit précoce (data, juridique, fiscal) fluidifie le futur due diligence.
Le processus suit une séquence classique (teaser, NDA, CIM, long list, short list, LOI, due diligence, SPA, closing) sur un calendrier estimé de 6 à 9 mois. Les due diligence sont intenses sur les points de propriété intellectuelle et de conformité fiscale.
Pour un studio structuré : 12 mois de préparation, 3–4 mois de mise en marché, 3–6 mois de négociation et closing.
Les divergences fréquentes portent sur : valorisation des IP, droits redistribués aux auteurs, traitement fiscal des incitations, et structure du BFR.
Informer le management clé sous NDA, préserver la motivation des équipes et sécuriser les talents. Un plan de rétention post-deal est recommandé.
Les transactions récentes indiquent des multiples (estimations) de 5x–8x l’EBITDA selon la récurrence et la taille du catalogue, ou de 1,2x à 2x le chiffre d’affaires pour les structures avec pipeline et droits exportables. Les drivers haussiers : catalogue IP, coproductions internationales, marges stables et maturité ESG. Les drivers baissiers : volatilité des revenus, dépendance au dirigeant ou aux subventions.
Les structures de prix utilisent tant le locked box (sécurisation du bilan à date) que les completion accounts (ajustement post-closing). Les earn-outs (jusqu’à 30 % du prix) sont fréquents pour aligner les intérêts sur la performance des productions à venir.
L’intégration de l’IA et des workflows numériques (VFX, automatisation du montage, virtual production) accroît la compétitivité et la marge. Probabilité élevée, impact sur la valeur positif. Gagnants : studios intégrant l’IA et les pipelines cloud. Perdants : structures artisanales dépassées technologiquement.
Les tensions énergétiques et les révisions des incitations fiscales (TRIP) influencent les coûts de tournage. Probabilité moyenne, impact neutre à négatif. Facteurs déclencheurs : ajustements budgétaires et évolution des politiques culturelles nationales.
Durabilité, inclusion, diversité et sobriété carbone deviennent des critères de sélection des investisseurs et diffuseurs. Probabilité élevée, impact positif. Dynamiques culturelles : demande croissante de transparence et de responsabilité sociétale dans la production.
Probabilité : élevée | Impact : élevé. Mitigation : formaliser les process et renforcer les relais de direction.
Probabilité : moyenne | Impact : élevé. Mitigation : structurer des contrats pluriannuels et diversifier les sources (coprod, export).
Probabilité : moyenne | Impact : moyen. Mitigation : anticiper les changements réglementaires et adapter le pipeline de production.
Probabilité : faible | Impact : moyen. Mitigation : audit juridique complet avant commercialisation.
Probabilité : moyenne | Impact : élevé. Mitigation : sécuriser les contrats et mettre en place des plans de fidélisation.
Trois transactions illustrent la vitalité du marché : Banijay (mai 2025) accélère sa stratégie d’acquisitions avec ITV ; Pathé accueille Merit France (20 % du capital, mai 2025) ; Canal+ rachète 34 % d’UGC (octobre 2025). Ces opérations démontrent un mouvement de consolidation et un appétit fort des acquéreurs stratégiques pour des IP et catalagues diversifiés.
Dans ce contexte, les studios indépendants bien structurés deviennent des cibles prioritaires pour une reprise partielle ou complète, en France ou à l’échelle européenne.
Les 5 chantiers prioritaires avant cession :
1. Réduire la dépendance au dirigeant (impact élevé, horizon moyen) – Mesurer via part du CA hors relation historique.
2. Standardiser la data room & reporting (impact élevé, horizon court) – KPI : délais de réponse DD, taux d’erreurs.
3. Renforcer la récurrence des revenus (impact élevé, horizon moyen) – KPI : % contrats récurrents / CA.
4. Valoriser la propriété intellectuelle (impact élevé, horizon long) – KPI : nombre d’IP actives et licenciées.
5. Sécuriser les talents clés (impact moyen, horizon court) – KPI : taux de rétention du management post-cession.
Entre 2026 et 2030, le secteur des maisons de production devrait poursuivre sa consolidation sous l’effet des plateformes globales et des groupes européens intégrés. Les acquéreurs recherchent des actifs générant des revenus récurrents via IP exploitables à l’international et pilotés par une gouvernance solide. Pour viser le haut de fourchette des multiples (7–8x EBITDA), les dirigeants devront démontrer leur capacité à industrialiser la création, stabiliser les flux contractuels et digitaliser leurs process. Les clés du succès : une préparation rigoureuse, une data room sans faille, des IP fortes et une communication transparente avec les investisseurs stratégiques et financiers.

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.

Sandrine Montel est Partner Finance chez Scale2Sell. Elle accompagne les dirigeants dans la structuration de leur pilotage financier, la maîtrise de leur rentabilité et la préparation aux grandes étapes de transformation : accélération de la croissance, levée de fonds ou cession.
Avec plus de 20 ans d’expérience en direction financière dans des PME et ETI, Sandrine combine une approche stratégique, une capacité d’analyse pointue et une forte orientation terrain. Elle a accompagné de nombreuses entreprises dans la mise en place d’outils de gestion performants, le dialogue avec les investisseurs, ou encore la sécurisation de leur trésorerie dans des phases critiques.
Chez Scale2Sell, elle agit comme un véritable bras droit financier des dirigeants, en les aidant à prendre des décisions éclairées, fiables et tournées vers la création de valeur.
Sandrine croit profondément que la rigueur financière n’est pas une contrainte, mais un moteur de sérénité et d’impact pour les dirigeants.
Elle vit entre Lyon et Bordeaux, et partage son énergie entre ses missions de conseil, l’accompagnement de jeunes talents de la finance… et son potager bio, qu’elle cultive avec autant de méthode que ses plans de trésorerie.