
Le secteur des sociétés de formation professionnelle connaît une transformation profonde sous l'effet combiné de la digitalisation des contenus, de l'intensification de la demande en compétences numériques, et d'une régulation publique plus stricte. En Europe, le marché du e-learning d’entreprise est évalué à environ 26 milliards USD (2024, estimations Grand View Research) avec une croissance annuelle moyenne de 7–8 % jusqu’à 2028 selon Technavio. En France, le secteur reste modulé par les réformes du CPF et les politiques de financement de la formation continue. La croissance reste soutenue à moyen terme, portée par la digitalisation, l’IA et le besoin de ROI mesurable. En 2026, la fenêtre de tir pour la cession est favorable pour les acteurs digitalisés, présentant une base client diversifiée et une récurrence forte.
On observe trois profils d’acquéreurs dominants : les acteurs stratégiques (opérateurs de plateforme, éditeurs de contenus, groupes de conseil), les investisseurs financiers (fonds de LBO, private equity), et les family offices. Les stratégiques recherchent des synergies de contenu/plateforme et des bases clients B2B qualifiées. Les fonds privilégient des business modèles récurrents, scalables et bien gouvernés. Les family offices ciblent des structures résilientes et matures, générant du cash-flow stable. L'implication du dirigeant post-closing varie : earn-out et crédit vendeur fréquents pour projeter la transition et aligner les intérêts.
La valorisation dépend largement de la qualité du reporting, de la gouvernance et de la scalabilité du modèle économique. Les points critiques sont : dépendance au dirigeant, traçabilité des KPI, conformité aux standards (Qualiopi), maîtrise du BFR et présence d’un middle management solide.
Formaliser les délégations, documenter les processus et sécuriser la continuité managériale constituent les bases d’un actif transférable. Des conseils d’administration ou comités consultatifs crédibilisent la structure.
Les sociétés offrant des revenus récurrents par abonnement ou contrats cadres multiples sont mieux valorisées. Un churn inférieur à 10 % et une part récurrente supérieure à 60 % soutiennent les multiples haut de fourchette.
L’intégration CRM/ERP et la fiabilité de la data room sont essentielles pour faciliter la due diligence. La conformité RGPD et AI Act doit être anticipée.
Un processus bien structuré améliore la concurrence entre acheteurs. De la préparation du teaser jusqu’au closing, la rigueur documentaire est clé pour sécuriser la valeur. Le process standard s’étale sur 6 à 9 mois.
Phase de préparation (3 mois), présentation au marché (2 mois), négociations exclusives et due diligence (2–3 mois), puis closing. Anticiper les audits CPF et Qualiopi avant l’ouverture du process.
Les points sensibles sont la qualité du reporting financier, la dépendance commerciale et les clauses de renouvellement client. La gouvernance contractuelle des formateurs externes doit être clarifiée.
La cession doit être préparée en interne : communication graduelle, plan de rétention des cadres clés, et continuité de prestation client garanties.
Les multiples observés varient entre 6x à 10x l’EBITDA (estimations) selon le mix contenu/plateforme et la récurrence. Les meilleurs actifs atteignent parfois 12x. Les drivers haussiers incluent la scalabilité, la data analytique intégrée et la récurrence. Traits baissiers : dépendance au CPF, marges réduites et concentration client. Les structures de prix les plus courantes sont le modèle locked box et les completion accounts. Les mécanismes d’ajustement incluent earn-out (12–24 mois), crédit vendeur (10–20 %) et garanties d’actif-passif classiques.
L’essor de l’IA et des plateformes intégrées favorise les acteurs agiles. Probabilité : élevée. Impact sur la valeur : positif. Gagnants : acteurs IA-ready et multicanaux. Perdants : prestataires peu digitalisés.
Pressions sur le financement public (CPF, PIC) et contraintes budgétaires. Probabilité : moyenne. Impact sur la valeur : neutre à légèrement négatif. Déclencheurs : inflation, priorisation budgétaire, réglementations européennes.
Demande forte en upskilling/reskilling, guerre des talents, engagement ESG. Probabilité : élevée. Impact sur la valeur : positif. Dynamiques culturelles : apprentissage continu, durabilité, inclusion.
Probabilité : élevée. Impact : élevé. Mitigation : diversification du mix B2B, offre corporate autonome.
Probabilité : moyenne. Impact : élevé. Mitigation : délégation et structuration managériale 12 mois avant la vente.
Probabilité : moyenne. Impact : moyen. Mitigation : automatisation des processus d’apprentissage et refonte tarifaire.
Probabilité : moyenne. Impact : élevé. Mitigation : audit de conformité préalable, documentation IA.
Probabilité : faible. Impact : moyen. Mitigation : documentation contractuelle et régularisation pré-cession.
La transaction marquante de 2024 : General Atlantic rachète Learning Technologies Group (UK) pour environ 802 millions £ (~1 Md USD). Rationale : accélérer le développement d’une plateforme intégrée (contenus + services + tech). Cette opération confirme un appétit élevé des investisseurs privés pour le learning digital et la croissance récurrente. L’activité M&A en Europe reste soutenue en 2026, portée par la recherche d’effets d’échelle et d’intégration technologique.
1️⃣ Réduire la dépendance au CPF et au dirigeant : sécuriser des revenus récurrents corporate.
2️⃣ Structurer le middle management : fiabiliser la gouvernance et assurer la continuité.
3️⃣ Améliorer la data room financière et KPI : renforcer la crédibilité vis-à-vis des acquéreurs.
4️⃣ Digitaliser les offres : maximiser la scalabilité et les marges.
5️⃣ Certifier et documenter la conformité : RGPD, Qualiopi, AI Act.
À horizon 2026–2030, le marché des sociétés de formation restera un terrain stratégique dominé par la scalabilité numérique et la mesure du ROI. Les acheteurs viseront des entreprises combinant plateforme technologique, portefeuille client récurrent et conformité solide. Pour viser le haut de la fourchette de valorisation, un dirigeant devra démontrer la fiabilité des données, la diversification des revenus et la capacité d’innovation tout en anticipant les contraintes réglementaires. Le succès d’une cession reposera sur la clarté de la gouvernance, la rétention des talents clés et la formalisation d’un modèle récurrent et prouvé de création de valeur.

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.

Sandrine Montel est Partner Finance chez Scale2Sell. Elle accompagne les dirigeants dans la structuration de leur pilotage financier, la maîtrise de leur rentabilité et la préparation aux grandes étapes de transformation : accélération de la croissance, levée de fonds ou cession.
Avec plus de 20 ans d’expérience en direction financière dans des PME et ETI, Sandrine combine une approche stratégique, une capacité d’analyse pointue et une forte orientation terrain. Elle a accompagné de nombreuses entreprises dans la mise en place d’outils de gestion performants, le dialogue avec les investisseurs, ou encore la sécurisation de leur trésorerie dans des phases critiques.
Chez Scale2Sell, elle agit comme un véritable bras droit financier des dirigeants, en les aidant à prendre des décisions éclairées, fiables et tournées vers la création de valeur.
Sandrine croit profondément que la rigueur financière n’est pas une contrainte, mais un moteur de sérénité et d’impact pour les dirigeants.
Elle vit entre Lyon et Bordeaux, et partage son énergie entre ses missions de conseil, l’accompagnement de jeunes talents de la finance… et son potager bio, qu’elle cultive avec autant de méthode que ses plans de trésorerie.

Thibault Garnier est Partner Technologies chez Scale2Sell. Il accompagne les dirigeants dans la structuration de leur architecture technique, le pilotage de leurs projets digitaux stratégiques et la montée en maturité de leurs équipes tech & produit.
Ancien CTO dans des scale-ups et des PME industrielles en transformation, Thibault a passé plus de 15 ans à construire, faire évoluer et sécuriser des systèmes d’information complexes. Il intervient aujourd’hui aux côtés de dirigeants qui veulent reprendre la maîtrise de leur stack technique, fiabiliser leur roadmap produit, ou accélérer leur digitalisation sans perdre en agilité.
Chez Scale2Sell, Thibault joue un rôle de traducteur entre les enjeux business et les solutions techniques. Il challenge les prestataires, cadre les décisions structurantes et permet aux dirigeants de garder la main sur les choix technos tout en déléguant sereinement leur mise en œuvre.
Thibault croit profondément que la technologie n’a de valeur que si elle sert la vision de l’entreprise et les usages réels du terrain.
Il vit à Nantes, adore les process bien huilés, les plateformes robustes et… les bateaux à voile, qu’il considère comme les systèmes d’information de la mer : tout doit être fiable, réactif et simple à maintenir en condition réelle.