
Le secteur des piscinistes connaît en 2026 une phase de maturité consolidée après plusieurs décennies de croissance soutenue. La France concentre plus de 3,6 millions de piscines privées (estimations FPP 2025) et reste le premier marché européen. Si la période 2023–2024 a marqué un ralentissement temporaire dû à la conjoncture et aux aléas climatiques, le socle de demande reste solide, soutenu par un parc existant à rénover et moderniser. Le marché évolue de la construction pure vers un modèle de services récurrents (maintenance, rénovation, solutions connectées).
Les tendances fortes de 2026 combinent : la digitalisation (domotique, monitoring), la durabilité énergétique (pompes à chaleur, couvertures intelligentes) et la sécurisation réglementaire. Ces évolutions attirent les acquéreurs en phase de consolidation européenne, à l’image de Fluidra, NextPool ou Waterair. Pour un dirigeant vendeur, la fenêtre de tir 2026–2028 demeure favorable, portée par un marché stable, des services récurrents à forte marge et une base d’acteurs prête à s’intégrer dans des plateformes de build-up.
Trois profils dominent les opérations M&A : les industriels stratégiques (Fluidra, NextPool), les fonds financiers en buy & build cherchant des relais régionaux, et les family offices orientés vers des actifs patrimoniaux durables.
Les acheteurs stratégiques valorisent la scalabilité opérationnelle, les synergies d’approvisionnement et le portefeuille de maintenance. Les investisseurs financiers recherchent des cash-flows récurrents, des contrats d’entretien et une gouvernance solide. Les acquéreurs familiaux privilégient la stabilité, la marque et la présence locale.
Pour le cédant, les implications varient : les industriels imposent souvent un earn-out ou un maintien temporaire du dirigeant, les fonds privilégient un MBO ou MBI structuré sous LBO, tandis que les family offices peuvent proposer des conditions plus souples mais des multiples plus modérés.
La réussite d’une cession dans le secteur passe par une préparation méticuleuse visant à rendre l’entreprise transmissible et lisible. Elle repose sur quatre leviers majeurs : gouvernance, qualité des données, structure de revenus et robustesse financière.
La dépendance au fondateur reste élevée dans de nombreuses PME piscinistes. Il faut anticiper la constitution d’un comité de direction autonome, clarifier les délégations et documenter les processus clés (devis, approvisionnement, SAV).
Le passage d’un modèle centré sur la vente à un modèle de services récurrents (contrats de maintenance, abonnements domotiques) améliore la prévisibilité du cash-flow et les multiples de valorisation. L’objectif est de prouver la stabilité pluriannuelle du portefeuille client.
Un reporting fiable (ERP, CRM, ERP) et une data room structurée couvrant finances, juridique, RH et ESG sont déterminants pour passer une due diligence. Les Capex et le BFR doivent être optimisés afin d’éviter des ajustements défavorables dans le schéma cash-free/debt-free.
Le process optimal suit une séquence maîtrisée : teaser → NDA → CIM → long list → short list → LOI → due diligence → SPA → closing. Chaque étape vise à équilibrer transparence et compétitivité du processus.
Sur 9 à 12 mois, la phase critique se situe entre la réception des offres indicatives et la signature du SPA. Une bonne anticipation des audits (finance, juridique, ESG) limite les renégociations.
Les litiges fournisseurs, les écarts de marge et les engagements ESG non documentés constituent les risques les plus fréquents. L’earn-out ou un crédit vendeur peuvent permettre d’aligner les intérêts des parties.
Préparer une communication graduée auprès du management et des équipes techniques est crucial pour éviter toute fuite ou démotivation. Les dispositifs de rétention (bonus, intéressement) sont des atouts dans une cession ordonnée.
Les multiples observés dans le secteur oscillent autour de 6–8x l’EBITDA pour des acteurs intégrant des revenus récurrents (estimations). Les drivers haussiers sont la récurrence des entretiens, la présence digitale et les contrats pluriannuels. À l’inverse, la dépendance au fondateur et la saisonnalité forte réduisent la valorisation.
Les deals utilisent couramment la locked box avec ajustement minimal, et des dispositifs complémentaires tels que earn-out (alignement performance/EBITDA), GAP (garantie d’actif/passif) et clause de non-concurrence sur 3 à 5 ans.
La montée des solutions connectées (Polyconnect Pro, PoolTrackr) rend l’automatisation incontournable. Les gagnants seront les piscinistes digitalisés, capables de collecter et d’exploiter les données clients.
Le coût de l’énergie et les tensions internationales affecteront le pricing des composants et des systèmes de chauffage. Une stratégie d’approvisionnement local et de stocks partagés devient critique.
La demande pour des piscines sobres, recyclables et à faible consommation d’eau et d’énergie crée un avantage compétitif. Les entreprises alignées sur la durabilité bénéficieront d’une prime de valeur sur le marché des cessions à horizon 2030.
Probabilité : élevée | Impact : élevé – Mitigation : création d’un management autonome et d’un plan de succession.
Probabilité : moyenne | Impact : moyen – Mitigation : diversification vers les services récurrents et contrats d’entretien.
Probabilité : élevée | Impact : moyen – Mitigation : anticipation des normes et communication ESG transparente.
Probabilité : moyenne | Impact : élevé – Mitigation : sécuriser les talents clés par des programmes de fidélisation.
Probabilité : moyenne | Impact : élevé – Mitigation : audit des systèmes d'information et fiabilisation des KPIs.
Les opérations marquantes incluent NextPool – PBK (France, mars 2024) et Fluidra – PoolTrackr (Europe, 2025). Ces mouvements traduisent une consolidation active autour des solutions couvrantes et du SaaS piscine. Les multiples publiés varient entre 6x et 9x EBITDA (estimations), selon la part de services numériques intégrés. Le marché 2026 reste donc porteur, avec un appétit industriel élevé et des fonds actifs sur le segment durable.
1. Réduire la dépendance au dirigeant : formaliser les délégations et mettre en place un management opérationnel.
2. Renforcer la récurrence des revenus : développer contrats d’entretien et services connectés.
3. Professionnaliser la gouvernance : clarifier la structure juridique, les processus décisionnels et la conformité ESG.
4. Fiabiliser la donnée et le reporting : auditer finance, CRM, systèmes et préparer la data room.
5. Sécuriser les talents et la transmission : plan de continuité, intéressement, conditions d earn-out équilibrées.
Le secteur des piscinistes aborde 2026–2028 avec un haut potentiel de valorisation pour les entreprises structurées autour de la maintenance, de l’innovation technologique et de la durabilité. Les portefeuilles combinant services récurrents, solutions digitales et gouvernance robuste seront les plus courtisés par les acquéreurs européens. Dans un contexte de consolidation soutenue par des groupes comme Fluidra et NextPool, la réussite d’une cession dépendra avant tout de la capacité à démontrer la prévisibilité des revenus, la solidité des équipes et l’intégration de pratiques ESG crédibles. En alignant ces dimensions, les dirigeants pourront viser le haut de la fourchette des multiples observés et garantir une transition fluide et créatrice de valeur.

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.