
Le secteur des transporteurs frigorifiques, pilier de la chaîne du froid routière, connaît en Europe une croissance soutenue portée par la demande alimentaire et pharmaceutique. En 2025, le marché européen atteignait environ 78,4 milliards USD avec un CAGR estimé à 4,1 % jusqu’en 2030 (estimations Mordor Intelligence). Le segment routier conserve une prédominance forte (≈ deux tiers du marché), bien que l’intermodalité et la traçabilité numérique se développent rapidement. Les pressions réglementaires (GDP, sécurité alimentaire) stimulent l’investissement technologique et la consolidation régionale. L’année 2026 marque une fenêtre de tir favorable : conjonction entre croissance de la demande, stratégies de build‑up des grands acteurs (ex. UPS, DFDS) et appétit des acheteurs financiers pour des plateformes logistiques durables et traçables.
Les acquéreurs stratégiques (transporteurs, groupes logistiques, intégrateurs pharmaceutiques) recherchent des réseaux denses, une conformité élevée et des capacités multi‑températures. Ils valorisent la continuité opérationnelle, la traçabilité et la couverture géographique. Les fonds financiers (LBO, infrastructure) privilégient la récurrence des flux et la résilience des marges, souvent avec recours à des montages de management package (MBO/MBI). Les family offices ou investisseurs long‑termistes apprécient la visibilité cash‑flow et les ancrages régionaux. Selon le profil d’acquéreur, les structures de prix varient : présence prolongée du dirigeant (earn‑out) pour les acquéreurs industriels, ou schéma cash‑free/debt‑free avec locked box pour les financiers.
La préparation doit viser la transformation d’un modèle centré sur le fondateur vers un actif transmissible et auditable. La qualité de la donnée (température, traçabilité, marges, coûts kilométriques) et la conformité GDP/ESG sont clés. Il convient d’assurer la continuité managériale, fiabiliser les indicateurs et documenter la conformité sanitaire et contractuelle.
Formaliser un comité de pilotage, clarifier les délégations et consolider un middle management opérationnel (exploitation, maintenance, conformité). Réduire la dépendance au dirigeant à un niveau modéré en instaurant un management par processus.
Accroître la récurrence via contrats pluriannuels et SLAs avec clients alimentaires ou pharmaceutiques. Diversifier les clients pour abaisser le risque de concentration (objectif : < 25 % du CA sur le premier client).
Mettre à niveau le système ERP/logistique et équiper la flotte en capteurs IoT. Uniformiser les procédures de maintenance et les historiques de température afin d’alimenter la data room.
Un process M&A classique s’étend sur 8 à 12 mois : teaser, NDA, CIM, listes d’acquéreurs, LOI, due diligence et closing. Les échanges techniques (traçabilité, conformité, risques opérationnels) exigent une documentation exhaustive dès la phase d’introduction. La transparence sur les marges, le parc frigorifique et les coûts énergétiques est déterminante pour fluidifier les discussions.
Pré‑marketing (M‑6 à M‑3) → Approche acheteurs (M‑3 à M3) → Négociation (M3 à M6) → Due diligence/Closing (M6 à M12). Anticiper la saisonnalité logistique et éviter les pics estivaux pour maximiser la disponibilité de management lors des due diligences.
Les principaux points sensibles sont : coûts énergétiques, conformité GDP, dépendance au fondateur, vieillissement de la flotte, et disponibilité du personnel conducteur. Une approche proactive (plans de renouvellement, audits de conformité) réduit les renégociations de prix.
Préparer la communication interne et les accords de continuité avec les chauffeurs et responsables d’exploitation pour éviter les fuites ou la désorganisation lors du closing.
Les transactions observées en Europe du froid se négocient entre 6x et 9x l’EBITDA (estimations selon profil et taille). Les multiples hauts sont liés à la récurrence, aux flux pharma et à la modernité de la flotte. Les structures de prix les plus courantes sont le locked box et le completion account classique, souvent combinées avec earn‑out et crédit vendeur. Les ajustements de dette nette et de BFR restent critiques compte tenu du capital intensif de la flotte. La preuve de récurrence et la traçabilité sont déterminantes pour viser la fourchette haute.
L’adoption des flottes électriques, télématiques et de l’IA prédictive est à probabilité élevée, avec un impact positif sur la valeur pour les précurseurs (réduction OPEX, conformité ESG). Gagnants : opérateurs digitalisés, perdants : flottes obsolètes.
Probabilité moyenne. Les tensions énergétiques et les ruptures d’approvisionnement peuvent accroître le coût du froid mais aussi favoriser la relocalisation régionale. L’effet est mixte sur la valeur ; la résilience énergétique devient un critère différenciant.
Hausse structurelle de la demande agro‑alimentaire et pharmaceutique, pénurie de chauffeurs persistante (probabilité élevée). Impact des enjeux de durabilité et de travail qualifié : neutralité sur la valeur si bien anticipés, négatif sinon.
Probabilité : moyenne ; Impact : élevé. Mitigation : adoption d’un plan de succession et formalisation du management intermédiaire.
Probabilité : élevée ; Impact : élevé. Mitigation : optimisation énergétique et contractualisation indexée sur prix carburant.
Probabilité : moyenne ; Impact : moyen. Mitigation : audits externes réguliers, documentation complète en data room.
Probabilité : élevée ; Impact : élevé. Mitigation : politique RH durable et fidélisation.
Probabilité : moyenne ; Impact : moyen. Mitigation : plan de refinancement avant cession et maîtrise du cycle client.
UPS (US) a finalisé en 2025 l’acquisition de Frigo‑Trans et BPL (Allemagne), renforçant sa chaîne du froid pharmaceutique européenne. DFDS (Danemark) a annoncé en 2024 l’achat du réseau régional d’Ekol Logistics (Turquie/Europe) pour étendre son fret intermodal. Ces opérations confirment un appétit élevé pour les actifs capables d’assurer conformité, réseau et durabilité. Les multiples non publiés situent les transactions dans la fourchette haute des logistiques spécialisées. Le marché M&A 2026 reste actif, soutenu par la consolidation et les besoins de sécurisation de capacités froides.
1. Réduire la dépendance au dirigeant : mise en place d’un plan de succession et montée en puissance du management (impact : élevé ; horizon : moyen).
2. Sécuriser la récurrence des revenus : renouveler les contrats pluriannuels et élargir le portefeuille clients (impact : élevé ; horizon : court).
3. Fiabiliser le reporting et la data room : structurer les KPIs opérationnels et financiers (impact : élevé ; horizon : court).
4. Moderniser la flotte et digitaliser la traçabilité : intégrer IoT, télémétrie et plans de maintenance prédictive (impact : moyen ; horizon : moyen).
5. Renforcer la conformité GDP et ESG : audits certifiants et documentation pour les acheteurs réglementés (impact : moyen ; horizon : moyen).
À l’horizon 2028, la chaîne du froid routière européenne s’oriente vers une concentration accrue autour d’acteurs intégrés et technologiquement avancés. La valeur se déplace vers la fiabilité, la durabilité énergétique et la traçabilité des flux sensibles. Pour un dirigeant vendeur, réussir la cession suppose de démontrer une entreprise autonome, digitalisée et conforme, soutenue par une base de revenus récurrents et des actifs modernes. Les multiples les plus élevés seront obtenus par les opérateurs présentant une visibilité opérationnelle, des contrats solides et une gouvernance apaisée, capables de combiner performance logistique et durabilité dans une Europe exigeante en matière de froid et d’énergie.

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.

Sandrine Montel est Partner Finance chez Scale2Sell. Elle accompagne les dirigeants dans la structuration de leur pilotage financier, la maîtrise de leur rentabilité et la préparation aux grandes étapes de transformation : accélération de la croissance, levée de fonds ou cession.
Avec plus de 20 ans d’expérience en direction financière dans des PME et ETI, Sandrine combine une approche stratégique, une capacité d’analyse pointue et une forte orientation terrain. Elle a accompagné de nombreuses entreprises dans la mise en place d’outils de gestion performants, le dialogue avec les investisseurs, ou encore la sécurisation de leur trésorerie dans des phases critiques.
Chez Scale2Sell, elle agit comme un véritable bras droit financier des dirigeants, en les aidant à prendre des décisions éclairées, fiables et tournées vers la création de valeur.
Sandrine croit profondément que la rigueur financière n’est pas une contrainte, mais un moteur de sérénité et d’impact pour les dirigeants.
Elle vit entre Lyon et Bordeaux, et partage son énergie entre ses missions de conseil, l’accompagnement de jeunes talents de la finance… et son potager bio, qu’elle cultive avec autant de méthode que ses plans de trésorerie.