
L’industrie agroalimentaire mondiale représentait entre 6,7 et 8,2 trillions USD en 2024 (estimations), avec une croissance annuelle moyenne comprise entre 5 et 6 %. En Europe, la dynamique de consolidation s’intensifie autour des acteurs premium, durables et à forte traçabilité. Les acheteurs stratégiques et financiers demeurent actifs, poussés par la recherche de diversification, de récurrence de revenus et de marges résilientes. Les années 2026–2028 offrent une fenêtre de tir favorable : la stabilité de la demande et la pression des grands groupes pour restructurer leurs portefeuilles favorisent les opportunités de cession, malgré un coût du capital encore élevé et un contrôle accru sur les aspects ESG.
Les drivers de consolidation incluent : premiumisation, durabilité, santé & bien-être, innovations packaging et distribution directe. En France, la recomposition coopérative et les alliances industrielles se renforcent, créant un environnement propice aux cessions sélectives et aux build-up régionaux.
Les acquéreurs stratégiques (grands groupes alimentaires, coopératives consolidantes) recherchent des synergies de portefeuille et de distribution, valorisant la taille, la marque et la stabilité opérationnelle. Les fonds de private equity ciblent des plateformes de croissance (segments premium, santé, ingrédients, e-commerce). Les family offices privilégient la pérennité, la marque et la transmission. Les MBO/MBI restent envisageables pour des structures mid-market bien préparées.
L’impact sur le processus : un acquéreur stratégique cherche une intégration rapide, souvent sans earn-out important ; un acquéreur financier privilégie des structures à fort potentiel avec présence partielle du management sur la durée (earn-out, GAP, crédit vendeur).
Une cession réussie repose sur la formalisation et la transparence : gouvernance claire, données financières fiables, traçabilité produits et processus documentés. La dépendance au dirigeant reste un risque majeur. Un plan de transition managériale doit être anticipé, de même qu’une data room complète : contrats, certifications, indicateurs de durabilité et compliance.
Structurer les relais et sécuriser la continuité managériale réduisent la perception de risque par les acheteurs. Un comité de direction identifié et des processus de décision formalisés sont attendus.
Les revenus récurrents (contrats long terme, marques à forte fidélité) soutiennent les multiples. La diversification clients et la faible exposition aux matières premières augmentent la résilience.
La digitalisation de la production et de la chaîne logistique via ERP/CRM favorise la traçabilité et la productivité. Un reporting ESG fiable devient un facteur de valorisation clé.
Le process M&A dans l’agroalimentaire reste classique, mais avec des exigences élevées de diligence : qualité des données, conformité réglementaire et analyse de durabilité. La clarté du teaser et du CIM est essentielle pour susciter la concurrence.
Durée moyenne estimée : 8 à 12 mois. Étapes clés : teaser → NDA → CIM → long list → short list → LOI → due diligence → SPA → closing. Un rétroplanning précis doit intégrer les pics de production et audits saisonniers.
Les sujets sensibles incluent : volatilité des marges, gestion du BFR, conformité ESG, dépendance clients/fournisseurs. La préparation de réponses standardisées en Q&A réduit les tensions en diligence.
Préserver la confidentialité tout en sécurisant la continuité opérationnelle est critique. Une communication adaptée au middle management garantit la stabilité durant la transaction.
Les multiples observés sur les transactions récentes varient de 8x à 12x l’EBITDA pour des actifs premium, et 5x à 7x pour des structures plus locales (estimations). Les drivers haussiers : récurrence, marque forte, marges >15 %, politique ESG crédible. Les facteurs dépressifs : dépendance au fondateur, sensibilité matière première, litiges ou CAPEX lourds.
Les structures de prix utilisent souvent le modèle locked box pour limiter les ajustements post-closing. Les earn-outs (12–36 mois) restent fréquents sur les segments en transformation. Les GAP portent souvent sur 18–24 mois avec cap à 10–20 % du prix. Les clauses de non-concurrence demeurent systématiques pour les dirigeants opérationnels.
L’adoption massive de l’IA pour la logistique, la maintenance prédictive et la traçabilité accroît la productivité et renforce la valorisation des acteurs digitalisés. Probabilité : élevée. Impact : positif.
Les tensions sur les matières premières et les coûts énergétiques maintiennent une pression sur les marges mais renforcent les acteurs intégrés et diversifiés. Probabilité : moyenne. Impact : neutre à légèrement négatif.
La demande croissante de produits durables, locaux et sains favorise les acteurs capables de transparence et de traçabilité. Probabilité : élevée. Impact : positif sur les valorisations à horizon 2030.
Probabilité : moyenne | Impact : élevé | Mitigation : formaliser la délégation et les relais managériaux.
Probabilité : élevée | Impact : moyen | Mitigation : couverture financière, diversification fournisseurs.
Probabilité : moyenne | Impact : élevé | Mitigation : audit pré-cession, reporting ESG interne harmonisé.
Probabilité : élevée | Impact : élevé | Mitigation : gains d’efficacité, premiumisation, contrats pluriannuels.
Probabilité : moyenne | Impact : élevé | Mitigation : amélioration des cycles clients/fournisseurs avant vente.
L’acquisition de Mademoiselle Desserts par Emmi Group (2024, env. 900 M€) illustre la consolidation premium. ANJAC Health & Beauty a acquis Health Chain Group (2025) pour renforcer son offre en nutraceutique. Groupe SEB a engagé la reprise de Sofilac (2024) pour élargir son portefeuille premium. Ces opérations montrent un appétit fort pour les actifs de marque, rentables et scalables. Les multiples se maintiennent dans la fourchette haute pour les cibles premium, tandis que les deals mid-market exigent une préparation rigoureuse des données et de la gouvernance.
1. Réduire la dépendance au dirigeant – Impact élevé, horizon court, en formalisant relais et gouvernance. KPI : taux de délégation, plan de succession.
2. Renforcer la récurrence des revenus – Impact élevé, horizon moyen, via contrats pluriannuels ou abonnements. KPI : % CA récurrent.
3. Fiabiliser la donnée & reporting – Impact élevé, horizon court, pour fluidifier la due diligence. KPI : audit data room, taux d’erreurs reporting.
4. Accélérer la transformation ESG et traçabilité – Impact élevé, horizon moyen, pour capter la prime de durabilité. KPI : certifications, score ESG.
5. Optimiser le BFR & la structure de dette – Impact moyen, horizon court, pour maximiser le cash-free/debt-free value. KPI : DSO, DPO, dette nette/EBITDA.
Entre 2026 et 2030, l’industrie agroalimentaire connaîtra une consolidation sélective axée sur la durabilité, la technologie et la premiumisation. Les acquéreurs rechercheront des actifs traçables, digitalisés et capables de générer des flux récurrents. Pour viser le haut de fourchette, le cédant devra présenter un modèle fiable, des marges consolidées et une gouvernance transparente. Le repositionnement stratégique vers la durabilité et les marges différenciées sera le principal levier de valorisation, à condition d’anticiper la qualité du data room et la structuration contractuelle pour une exécution fluide.

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.

Sandrine Montel est Partner Finance chez Scale2Sell. Elle accompagne les dirigeants dans la structuration de leur pilotage financier, la maîtrise de leur rentabilité et la préparation aux grandes étapes de transformation : accélération de la croissance, levée de fonds ou cession.
Avec plus de 20 ans d’expérience en direction financière dans des PME et ETI, Sandrine combine une approche stratégique, une capacité d’analyse pointue et une forte orientation terrain. Elle a accompagné de nombreuses entreprises dans la mise en place d’outils de gestion performants, le dialogue avec les investisseurs, ou encore la sécurisation de leur trésorerie dans des phases critiques.
Chez Scale2Sell, elle agit comme un véritable bras droit financier des dirigeants, en les aidant à prendre des décisions éclairées, fiables et tournées vers la création de valeur.
Sandrine croit profondément que la rigueur financière n’est pas une contrainte, mais un moteur de sérénité et d’impact pour les dirigeants.
Elle vit entre Lyon et Bordeaux, et partage son énergie entre ses missions de conseil, l’accompagnement de jeunes talents de la finance… et son potager bio, qu’elle cultive avec autant de méthode que ses plans de trésorerie.