
Le marché européen de la plasturgie représente un chiffre d’affaires estimé à près de 398 milliards d’euros en 2024 (estimation PlasticsEurope), pour une production d’environ 54,6 millions de tonnes. Après une contraction de 7,6 % en 2023, le secteur a amorcé une reprise modeste (+0,4 %) en 2024, marquée par des écarts significatifs selon les segments et les régions. En 2026, le marché apparaît en recomposition : les acteurs consolident leurs positions via des opérations de M&A visant à optimiser les chaînes d’approvisionnement, la circularité et l’efficacité énergétique.
Les segments les plus dynamiques concernent l’emballage, la santé et les biens techniques à forte valeur ajoutée. La circularité (13,5 % de plastiques circulaires dans la production européenne) et la numérisation des procédés deviennent des facteurs différenciants majeurs. Les coûts énergétiques élevés et la pression réglementaire (taxes carbone, REACH, directives de recyclage) continuent de peser, mais la demande structurelle reste soutenue par l’automobile, la construction et l’agroalimentaire.
Cette phase d’ajustement crée une fenêtre de tir favorable pour céder une entreprise bien positionnée sur la durabilité et l’efficacité opérationnelle, d’autant que les groupes stratégiques recherchent des plateformes régionales d’intégration et de relocalisation.
Les acquéreurs stratégiques – industriels intégrés, acteurs du packaging ou de la supply chain – cherchent à élargir leurs gammes, à sécuriser des approvisionnements et à acquérir des capacités circulaires. Les acquéreurs financiers (fonds LBO mid-cap, family offices, fonds à impact) privilégient les cibles capables de générer des flux récurrents et des marges stables.
Les implications sont importantes : les industriels peuvent offrir des primes de synergie mais requièrent souvent une intégration rapide des équipes, tandis que les financiers demandent la continuité managériale via earn-out et accompagnement du dirigeant. Les mécanismes de deal incluent fréquemment des clauses d’earn-out, de locked box et une garantie d’actif et de passif (GAP).
La dépendance au dirigeant reste souvent élevée dans la plasturgie. Il est essentiel d’identifier un relais managérial, formaliser les processus décisionnels et sécuriser les savoir-faire techniques. Une gouvernance claire et une documentation de conformité à jour sont des signaux valorisants pour les acquéreurs.
Les valorisations dépendent fortement du niveau de récurrence des contrats et de la diversification client. Les sociétés dont 40 % à 60 % du CA provient de contrats pluriannuels (supply, maintenance, pièces) obtiennent des multiples supérieurs.
L’automatisation, la traçabilité qualité et l’efficacité énergétique sont des leviers de valorisation. Les data rooms doivent inclure des éléments factuels : données de production, historique de marge brute, plan CAPEX, engagements ESG, couverture assurances et conformité REACH/ISO.
Un processus structuré et concurrentiel maximise les chances de valorisation. Les étapes clés comprennent le teaser, NDA, CIM, constitution d’une long list puis short list, réception de LOI, due diligences et négociation du SPA.
Une préparation complète s’étale sur 9 à 12 mois : 2 mois de préparation du dossier, 3 à 4 mois de commercialisation, 3 mois de due diligence, puis closing sous 1 à 2 mois.
Les goulots typiques concernent la qualité du reporting énergétique, la dépendance à un petit nombre de clients, et l’évaluation des passifs environnementaux potentiels.
La communication anticipée auprès du management et des équipes techniques est essentielle pour éviter une démobilisation ou fuite des talents clés.
Les multiples observés dans la plasturgie se situent entre 6x et 9x l’EBITDA pour les acteurs standards, et jusqu’à 10-12x pour des cibles intégrant circularité, automatisation et récurrence contractuelle (estimations 2025). Les deals s’articulent généralement autour d’un prix « cash-free debt-free », avec ajustement selon le BFR.
Les mécanismes de prix les plus courants : locked box (fixation de valeur à une date antérieure) et completion accounts (ajustement post-closing). Les compléments de prix via earn-out, crédit-vendeur ou clauses de non-concurrence restent fréquents. Les devises ESG, certifications et IP peuvent renforcer le haut de fourchette.
L’adoption massive de l’automatisation, de l’IA et du recyclage chimique (probabilité : élevée) renforce la valeur des sites modernisés. Impact sur multiples : positif, car hausse de productivité et alignement ESG.
Les tensions commerciales et le coût de l’énergie (probabilité : moyenne) influencent la fenêtre de tir. Impact : neutre à négatif selon l’exposition import/export. Les politiques de relocalisation soutiennent cependant les usines européennes efficaces.
La montée des attentes clients en matière de durabilité (probabilité : élevée) pousse les opérateurs à intégrer la circularité. Impact : positif sur la valeur pour les entreprises certifiées et traçables.
Probabilité : élevée / Impact : élevé. Mitigation : formaliser les processus, instaurer une délégation managériale.
Probabilité : élevée / Impact : moyen à élevé. Mitigation : investissements dans l’efficacité énergétique et clauses d’indexation des prix énergie/clients.
Probabilité : moyenne / Impact : moyen. Mitigation : conformité REACH, audits ESG, anticiper les exigences produit.
Probabilité : moyenne / Impact : élevé. Mitigation : diversification sectorielle ou géographique du portefeuille.
Les années 2023–2025 ont vu plusieurs transactions emblématiques confirmant l’appétit pour la consolidation :
Greif – IPACKCHEM (2024) : 538 M$ (M&A majoritaire), élargissement de présence mondiale dans les emballages haute performance.
Silgan – Weener Plastics (2024) : 838 M€, renforcement des capacités européennes dans les emballages spécialisés.
Krones – Netstal Maschinen (2023) : 184,9 M$, intégration verticale d’équipements d’injection plastique.
Ces opérations confirment une valorisation attractive pour les cibles combinant technologies, récurrence et ancrage européen. Le marché 2026 reste porteur pour les plateformes spécialisées et les acteurs à haut contenu technologique.
Les 5 chantiers prioritaires pour préparer une cession réussie dans la plasturgie :
1. Structurer les relais managériaux : objectif continuité post-cession (impact élevé, horizon moyen).
2. Renforcer la récurrence des revenus via contrats et services (impact élevé, horizon court).
3. Investir dans l’automatisation et la traçabilité pour démontrer productivité (impact élevé, horizon moyen).
4. Formaliser la gouvernance & conformité ESG (impact moyen, horizon court).
5. Optimiser le BFR et les coûts énergétiques (impact moyen, horizon court).
À horizon 2028, la plasturgie européenne sera plus concentrée, numérique et circulaire. Les acquéreurs privilégieront les acteurs capables d’allier efficacité industrielle, durabilité et diversification client. Les cessions les plus performantes concerneront des entreprises ayant prouvé leur résilience énergétique et leur alignement ESG, avec une gouvernance solide et des processus digitaux fiables. Pour viser le haut de fourchette des multiples, les dirigeants devront démontrer des flux récurrents, une visibilité contractuelle et une maîtrise opérationnelle avérée. La fenêtre 2025–2027 constitue une période stratégique pour initier un processus de cession bien préparé, avant la consolidation complète du marché européen.

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.

Sandrine Montel est Partner Finance chez Scale2Sell. Elle accompagne les dirigeants dans la structuration de leur pilotage financier, la maîtrise de leur rentabilité et la préparation aux grandes étapes de transformation : accélération de la croissance, levée de fonds ou cession.
Avec plus de 20 ans d’expérience en direction financière dans des PME et ETI, Sandrine combine une approche stratégique, une capacité d’analyse pointue et une forte orientation terrain. Elle a accompagné de nombreuses entreprises dans la mise en place d’outils de gestion performants, le dialogue avec les investisseurs, ou encore la sécurisation de leur trésorerie dans des phases critiques.
Chez Scale2Sell, elle agit comme un véritable bras droit financier des dirigeants, en les aidant à prendre des décisions éclairées, fiables et tournées vers la création de valeur.
Sandrine croit profondément que la rigueur financière n’est pas une contrainte, mais un moteur de sérénité et d’impact pour les dirigeants.
Elle vit entre Lyon et Bordeaux, et partage son énergie entre ses missions de conseil, l’accompagnement de jeunes talents de la finance… et son potager bio, qu’elle cultive avec autant de méthode que ses plans de trésorerie.