
Le marché européen de l’hôtellerie indépendante représente un univers dense, estimé à environ 8,2 milliards USD en 2024 (estimations), dominé par des hôtels de caractère et des établissements boutique. Avec une croissance annuelle moyenne de 6–7% (estimations), le secteur affiche une reprise solide post-COVID, portée par le retour du tourisme international et un intérêt croissant des investisseurs institutionnels. La concentration reste faible, mais la consolidation s’accélère : fonds et groupes hôteliers envisagent des stratégies de build-up pour accéder à des portefeuilles de qualité. En 2026, les conditions macroéconomiques relativement stables et la mobilité retrouvée du capital en Europe créent une fenêtre de tir favorable pour la cession d’actifs indépendants bien préparés et performants.
Les acquéreurs stratégiques (groupes hôteliers internationaux, chaînes régionales) recherchent des synergies de distribution et de gestion ; ils valorisent la récurrence des revenus, la qualité de marque et la performance opérationnelle. Les acquéreurs financiers (fonds immobiliers, private equity, family offices) privilégient la création de valeur à 5–7 ans, via la digitalisation et la rationalisation des coûts. Les MBI/MBO demeurent rares mais possibles pour des opérateurs à forte ancrage local. Les fonds privilégient des structures transactionnelles flexibles incluant earn-out et crédit vendeur pour lisser la transition. Les industriels, eux, exigent souvent la présence du dirigeant pendant 6–18 mois après closing.
Un pilotage professionnel et délégué est essentiel. La dépendance au dirigeant doit être réduite grâce à un relais managérial structuré et à des process documentés. Une gouvernance claire (CA/Comité exécutif) et une traçabilité contractuelle évitent les décotes.
Les investisseurs recherchent des revenus diversifiés (hébergement, F&B, événements). La part récurrente (>50%) et la stabilité des marges améliorent les multiples. Le développement de contrats pluriannuels, partenariats et revenus annexes (marketing, franchising, gestion) doit être prioritaire.
Un ERP ou PMS intégré, des données fiables de CRM et de gestion de revenu constituent une base critique. La préparation d’une data room complète incluant états financiers, contrats de location, rapports ESG et conformité renforce la crédibilité du dossier.
Un process typique dure 6 à 9 mois : teaser, NDA, CIM, long list puis short list, LOI, due diligence, négociation du SPA et closing. Anticiper les audits (financier, juridique, opérationnel, IT) avec un cabinet externe renforce la confiance.
Les sujets critiques incluent la qualité des données, les ajustements de BFR et la dette cachée (capex différé). Dans le cas des portefeuilles multi-propriétés, la clarification des baux et accords de gestion est primordiale.
Un plan de communication discret mais cadré doit accompagner la vente pour préserver la motivation des équipes et éviter les fuites de salariés clés. Une politique de rétention managériale (bonus de transition, intéressement) est souvent nécessaire.
Les multiples observés pour les hôtels indépendants européens se situent entre 6 à 10x l’EBITDA et 0,8 à 1,5x le CA (estimations). Les drivers de valorisation principaux reposent sur la localisation, la performance stable, la récurrence des revenus et les perspectives d’expansion. Côté structuration, les schémas locked box sont fréquents pour des actifs matures, tandis que les completion accounts sont préférés lors d’opérations multi-actifs. Un levier earn-out de 6 à 18 mois est courant pour lisser le transfert de performance.
Description : montée des logiciels de gestion, IA pour pricing et forecasting, dépendance OTA. Probabilité : élevée. Impact sur valeur : positif si digitalisation maîtrisée. Gagnants : hôtels connectés, intégrateurs tech. Perdants : actifs sous-équipés technologiquement.
Description : stabilisation énergétique et relocalisation européenne du tourisme. Probabilité : moyenne. Impact : neutre à positif. Facteurs déclencheurs : prix de l’énergie, stabilité politique, attractivité urbaine.
Description : attentes clients durables, pénurie de talents, inflation salariale. Probabilité : élevée. Impact : neutre à négatif si non anticipé. Dynamiques : ESG, slow travel, digital nomads.
Probabilité : élevée / Impact : élevé / Mitigation : délégation et plan de succession managériale.
Probabilité : moyenne / Impact : moyen / Mitigation : rénovation énergétique et contrats à long terme.
Probabilité : moyenne / Impact : élevé / Mitigation : audit data pre-sale avec spécialiste sectoriel.
Probabilité : faible / Impact : moyen / Mitigation : revue juridique et assurance représentation & garantie (GAP).
Probabilité : moyenne / Impact : élevé / Mitigation : contrats multiannuels clients et prestataires.
Les transactions marquantes confirment la consolidation active du secteur : Blackstone–Village Hotels (2024, 850 M£, Royaume-Uni), Dalata–partenaire scandinave (2025, 1,4 Md€), Hyatt–Standard International (2024, 150–185 MUSD), portefeuille Silken (2024, 240 M€). Elles traduisent l’intérêt soutenu pour des portefeuilles mixtes et indépendants. En 2026, l’appétit du marché reste élevé, porté par des investisseurs cherchant des actifs scalables, localisés dans des destinations touristiques premium.
1️⃣ Réduire la dépendance au dirigeant : mise en place d’un comité opérationnel autonome. KPI : % décisions non validées par le fondateur.
2️⃣ Accroître la récurrence du chiffre d’affaires : création de contrats pluriannuels avec agences, intégration événements/F&B. KPI : taux de récurrence des revenus (>50%).
3️⃣ Digitaliser la gestion et la data : adoption PMS/ERP intégré. KPI : taux d’automatisation du pricing.
4️⃣ Structurer la conformité et la data room : audit juridique et documentaire pré-cession. KPI : % dossiers audités préclosing.
5️⃣ Valoriser la dimension ESG & efficacité énergétique : mise en place d’un plan durable certifié. KPI : label/niveau de certification obtenu.
À horizon 2030, l’hôtellerie indépendante s’oriente vers une consolidation méthodique : les actifs robustes, bien positionnés géographiquement et digitalement matures capteront le haut de la fourchette des multiples. Les acheteurs rechercheront avant tout la récurrence, la transparence et la scalabilité. Pour viser une cession valorisante, le dirigeant devra passer du modèle patrimonial au modèle institutionnel : gouvernance claire, pilotage par la donnée et intégration ESG. Cette mutation fera des portefeuilles d’hôtels indépendants des plateformes attractives pour fonds et opérateurs cherchant rendement et diversification stable.

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.

Sandrine Montel est Partner Finance chez Scale2Sell. Elle accompagne les dirigeants dans la structuration de leur pilotage financier, la maîtrise de leur rentabilité et la préparation aux grandes étapes de transformation : accélération de la croissance, levée de fonds ou cession.
Avec plus de 20 ans d’expérience en direction financière dans des PME et ETI, Sandrine combine une approche stratégique, une capacité d’analyse pointue et une forte orientation terrain. Elle a accompagné de nombreuses entreprises dans la mise en place d’outils de gestion performants, le dialogue avec les investisseurs, ou encore la sécurisation de leur trésorerie dans des phases critiques.
Chez Scale2Sell, elle agit comme un véritable bras droit financier des dirigeants, en les aidant à prendre des décisions éclairées, fiables et tournées vers la création de valeur.
Sandrine croit profondément que la rigueur financière n’est pas une contrainte, mais un moteur de sérénité et d’impact pour les dirigeants.
Elle vit entre Lyon et Bordeaux, et partage son énergie entre ses missions de conseil, l’accompagnement de jeunes talents de la finance… et son potager bio, qu’elle cultive avec autant de méthode que ses plans de trésorerie.