
Le secteur des entreprises d’insertion professionnelle regroupe environ 4 400 structures labellisées IAE (EI, ETTI, ACI, AI) en France, mobilisant près de 145 000 salariés en insertion selon la DARES (2024). La croissance récente reste modérée (CAGR ~2–3 %) mais résiliente malgré les ajustements du financement public. L’activité est largement fragmentée et territoriale, mais la tendance à la professionnalisation et à la consolidation régionale s’intensifie. En 2026, la stabilisation des aides à l’emploi et la rationalisation des dispositifs publics créent une fenêtre de tir favorable pour les cessions d’acteurs solides, dotés d’un ancrage local et d’un reporting de performance transparent.
Les acquéreurs actifs sont principalement des investisseurs à impact (fonds ESS, family offices à vocation sociale) et des groupes industriels souhaitant se renforcer sur les services responsables. Les fonds financiers valorisent la récurrence de revenus publics-privés, tandis que les acheteurs stratégiques privilégient les synergies territoriales et réputationnelles. Les opérations de type MBO/MBI sont possibles dans les structures professionnalisées disposant d’une gouvernance solide. Pour les deals, les termes incluent souvent un earn-out indexé sur la rentabilité et les indicateurs d’impact, et un engagement du dirigeant sur 12–24 mois afin d’assurer la continuité des relations institutionnelles.
La dépendance au dirigeant est souvent élevée dans les structures d’insertion. Il est essentiel d’établir un relais managérial, d’impliquer le middle management et de formaliser les processus RH et commerciaux.
Les revenus combinent aides publiques à l’emploi et prestations commerciales. Augmenter la part de contrats récurrents et pluriannuels accroît la prévisibilité et le multiple de valorisation. Les marges varient selon les activités (espaces verts, logistique, services urbains) avec un niveau moyen de 5–10 % d’EBITDA (estimations).
Un data room complet (finance, RH, juridique, ESG, indicateurs sociaux) est critique pour rassurer les repreneurs. Les outils de pilotage (ERP, CRM, reporting social) doivent permettre une traçabilité fine des parcours d’insertion.
Un process structuré comporte les étapes classiques : teaser → NDA → CIM → long list → short list → LOI → due diligence → SPA → closing. La due diligence sociale et financière est centrale : les financeurs publics et les partenaires doivent être anticipés. Les conditions suspensives incluent souvent la validation du conventionnement et la pérennité des aides par poste.
En moyenne, le process complet s’étale sur 8 à 12 mois, avec une pré-phase essentielle de structuration interne de 6 mois.
Les litiges de financement, les pertes de conventionnement ou les dépendances clients publics figurent parmi les principaux risques identifiés. Un pilotage rigoureux réduit ces incertitudes.
La communication autour de la cession doit préserver la motivation du personnel encadrant et anticiper les impacts culturels d’un changement de gouvernance.
Les multiples de marché se situent entre 3× et 5× l’EBITDA (estimations) selon la part de revenus récurrents. Les principaux drivers haussiers sont la visibilité des revenus pluriannuels, la qualité du reporting et le positionnement ESG fort. Les structures à forte dépendance publique ou à faibles marges subissent une décote. Les schémas de prix incluent souvent une locked box assortie d’un earn-out sur la croissance et d’un GAP sur 18–24 mois. Les clauses de non-concurrence et de continuité managériale sont quasi systématiques.
L’intégration d’outils numériques de suivi d’insertion et de gestion d’activité renforce la productivité et la transparence. Probabilité : élevée – Impact : positif. Les structures digitalisées seront les gagnantes; celles à faible traçabilité resteront fragiles.
Les politiques publiques d’emploi et la stabilité budgétaire de l’État français influenceront le niveau d’aides. Probabilité : moyenne – Impact : neutre à positif si les crédits d’insertion sont maintenus. Facteurs déclencheurs : loi de finances, plans emploi, soutien régional.
La demande d’impact social mesurable augmente. Les attentes des acheteurs à impact favorisent les structures à reporting ESG robuste. Probabilité : élevée – Impact : positif. Dynamiques culturelles : durabilité, inclusion, territorialité.
Probabilité : élevée – Impact : élevé. Mitigation : diversification des revenus commerciaux et contractualisation pluriannuelle.
Probabilité : élevée – Impact : élevé. Mitigation : création d’un comité de direction opérationnel et documentation des processus.
Probabilité : moyenne – Impact : moyen. Mitigation : renégociation de tarifs et gains d’efficacité par digitalisation.
Probabilité : faible – Impact : moyen. Mitigation : audit contractuel et conformité RGPD/ESG.
Probabilité : moyenne – Impact : élevé. Mitigation : scénarios budgétaires multi-annuels.
Les opérations M&A dans le segment EI/ETTI sont rares et locales. La concertation nationale IAE 2024–2025 et les projets de consolidation régionale du réseau Cocagne traduisent un regain d’intérêt des investisseurs à impact. À ce stade, les multiples publics ne sont pas divulgués, mais les signaux montrent un appétit modéré à croissant pour les structures rentables et digitalisées.
Pour maximiser la valeur et sécuriser la transmission, cinq chantiers prioritaires sont recommandés :
À horizon 2026–2030, les cessions dans le secteur des entreprises d’insertion s’inscrivent dans un environnement plus stable et professionnalisé. Les acquéreurs privilégieront les structures capables de démontrer un fort ancrage territorial, un reporting transparent et une gouvernance pérenne. La valeur se déplacera des aides publiques vers la capacité à générer des revenus récurrents, à digitaliser les process et à rendre compte d’un impact social mesurable. Les dirigeants vendeurs qui auront préparé un management autonome, un data room complet et une trajectoire financière claire pourront viser le haut de la fourchette de valorisation. Dans un marché où l’impact devient un critère de rentabilité, anticiper et documenter les performances d’insertion devient un actif stratégique majeur.

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.

Sandrine Montel est Partner Finance chez Scale2Sell. Elle accompagne les dirigeants dans la structuration de leur pilotage financier, la maîtrise de leur rentabilité et la préparation aux grandes étapes de transformation : accélération de la croissance, levée de fonds ou cession.
Avec plus de 20 ans d’expérience en direction financière dans des PME et ETI, Sandrine combine une approche stratégique, une capacité d’analyse pointue et une forte orientation terrain. Elle a accompagné de nombreuses entreprises dans la mise en place d’outils de gestion performants, le dialogue avec les investisseurs, ou encore la sécurisation de leur trésorerie dans des phases critiques.
Chez Scale2Sell, elle agit comme un véritable bras droit financier des dirigeants, en les aidant à prendre des décisions éclairées, fiables et tournées vers la création de valeur.
Sandrine croit profondément que la rigueur financière n’est pas une contrainte, mais un moteur de sérénité et d’impact pour les dirigeants.
Elle vit entre Lyon et Bordeaux, et partage son énergie entre ses missions de conseil, l’accompagnement de jeunes talents de la finance… et son potager bio, qu’elle cultive avec autant de méthode que ses plans de trésorerie.