Entreprises d’insertion professionnelle : stabilisation, tensions budgétaires et évolution du modèle d’impact social (2025–2026)

Entreprises d’insertion professionnelle : stabilisation, tensions budgétaires et évolution du modèle d’impact social (2025–2026)
November 12, 2025

Contexte et dynamique du marché

Les Entreprises d’insertion professionnelle (EI), intégrées dans l’Insertion par l’Activité Économique (IAE), constituent un pilier de la politique de l’emploi en France. En 2023, selon la DARES, plus de 173 000 nouveaux contrats ont été signés dans les structures IAE (−1 % vs 2022), pour un total d’environ 140 000 à 150 000 salariés en insertion. Cette légère érosion illustre un secteur stabilisé mais sous tension financière, dépendant des arbitrages du Plan d’investissement dans les compétences (PIC IAE).

Le paysage reste fragmenté : la majorité des EI emploie moins de 10 salariés en insertion, traduisant une forte granularité du maillage territorial. Le financement repose sur des conventions d’objectifs signées avec l’État et des compléments régionaux, souvent soutenus par le Fonds social européen (FSE+). Le ralentissement de la croissance économique française (1,1 % en 2024, estimation) pèse sur la capacité d’embauche et sur la fluidité des parcours vers l’emploi durable.

La digitalisation du pilotage (extranet IAE, PoEm) renforce la transparence et la performance des suivis, tandis que la feuille de route nationale 2024–2026 vise une meilleure articulation entre formation, insertion et besoins des entreprises. Le secteur est au croisement de l’économie sociale et solidaire (ESS) et du marché du travail classique, avec des activités diffusées dans la logistique, la restauration, le recyclage, le bâtiment et les services aux collectivités.

Thèse d’investissement

Hypothèse centrale

Les entreprises d’insertion constituent un actif social à rendement indirect : elles génèrent de l’impact plutôt que de la marge, mais leur pérennité économique repose sur la professionnalisation, la diversification de revenus et l’accès à des financements hybrides. La valeur se déplace vers les structures capables de mesurer et démontrer leur performance sociale (impact mesurable, sorties positives, qualité de formation).

Modèles gagnants

  • EI adossées à un groupe ou réseau (Ex. Emmaüs, Réseau Cocagne)
  • Structures multisectorielles intégrant des segments à plus forte marge (économie circulaire, services B2B durables)
  • EI “data-driven” utilisant des outils numériques pour piloter les parcours et optimiser les financements.

Opportunités à 3–5 ans

  • Partenariats publics-privés dans les métiers en tension (logistique verte, énergie, services environnementaux)
  • Accès à des appels à projets européens (FSE+, Horizon Europe)
  • Création de labels d’impact valorisant la performance insertion

Scénarios de rupture

Scénario technologique

Probabilité : élevée – Impact sur la thèse : positif. La diffusion des plateformes numériques de gestion (PoEM, extranet IAE) et de l’IA prédictive pour le suivi des parcours permet une meilleure allocation des financements et un pilotage des sorties vers l’emploi. Acteurs gagnants : réseaux nationaux digitalisés (AVISE, COORACE). Perdants : petites EI non équipées.

Scénario géopolitique

Probabilité : moyenne – Impact : négatif. Une contraction du budget européen (FSE+) ou une priorisation vers d’autres politiques sociales réduirait les marges de manœuvre budgétaires des EI. Facteurs déclencheurs : politiques d’austérité, tensions France-UE sur le financement social.

Scénario macro-sociétal

Probabilité : élevée – Impact : positif. Renforcement des attentes autour de la responsabilité sociale des entreprises et de la formation inclusive. Les dynamiques culturelles d’emploi à impact et de relocalisation solidaire favorisent la reconnaissance du modèle EI.

Relais de croissance possibles

  • Innovation sociale et data : automatiser la traçabilité et la mesure d’impact (impact : élevé, horizon : moyen)
  • Partenariats territoriaux avec branches professionnelles (impact : moyen, horizon : court)
  • Accès à des marchés verts : gestion des déchets, seconde main, maintenance énergétique (impact : élevé, horizon : long)
  • M&A inter-associatif : fusions entre petites EI pour mutualiser coûts (impact : moyen, horizon : moyen)

Consolidation du secteur

Les entreprises d’insertion restent des structures de taille réduite, mais une consolidation territoriale progressive est attendue via la montée en puissance des réseaux (COORACE, Fédération des Acteurs de la Solidarité). Les déclencheurs plausibles incluent : tensions budgétaires durables, professionnalisation du reporting ESG et déploiement de plateformes mutualisées. Les cibles privilégiées seront les EI indépendantes de petite taille opérant dans des filières à potentiel (bâtiment vert, économie circulaire).

Menaces et risques

Tensions budgétaires

Probabilité : élevée – Impact : élevé : les coupes du PIC IAE (–80 M€ entre 2024 et 2025) réduisent la capacité de formation. Mitigation : diversification des financements via appels à projets FSE+.

Dépendance à l’État

Probabilité : élevée – Impact : moyen : la conventionnalisation du financement crée une faible autonomie stratégique. Mitigation : partenariats privés et fonds d’investissement à impact.

Guerre des talents

Probabilité : moyenne – Impact : moyen : recrutement et maintien des encadrants techniques et travailleurs sociaux difficiles. Mitigation : montée en compétence via programmes PIC régionalisés.

Transformation numérique

Probabilité : élevée – Impact : positif : digitalisation de la gestion administrative et du suivi d’impact, levier de productivité. Mitigation : accompagnement collectif.

Axes de travail prioritaires pour les dirigeants

1. Sécurisation et diversification du financement

Objectif : réduire la dépendance au PIC IAE.
Impact : élevé | Complexité : M | Horizon : court.
KPI : part de financements privés, ratio subvention/CA.

2. Mesure d’impact socio-économique

Objectif : démontrer la performance sociale auprès des bailleurs et partenaires.
Impact : élevé | Complexité : M | Horizon : moyen.
KPI : taux de sortie en emploi durable, coût d’insertion par bénéficiaire.

3. Digitalisation des processus et pilotage data

Objectif : fiabiliser le reporting et automatiser le suivi des parcours.
Impact : moyen | Complexité : S | Horizon : court.
KPI : temps administratif par dossier, taux d’erreur de saisie.

4. Développement de filières à impact (écologie, économie circulaire)

Objectif : aligner les parcours avec les emplois de demain.
Impact : élevé | Complexité : L | Horizon : long.
KPI : part de CA issu des filières durables, nombre de partenariats industriels.

5. Mutualisation interstructures et alliances stratégiques

Objectif : créer des économies d’échelle et renforcer la résilience collective.
Impact : moyen | Complexité : M | Horizon : moyen.
KPI : nombre de coopérations ou fusions régionales, coûts mutualisés.

À retenir :

À l’horizon 2026–2028, le secteur des entreprises d’insertion professionnelle devrait évoluer vers un modèle hybride d’insertion et de prestation économique, articulant davantage efficience sociale et logique de performance. La valeur se déplacera vers les structures capables de quantifier leur impact, diversifier leurs revenus et intégrer les transitions écologiques et numériques. Pour les dirigeants et investisseurs à impact, le potentiel réside dans la capacité à mutualiser les ressources, moderniser le pilotage et ancrer le rôle de l’IAE dans les chaînes de valeur locales.

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François
Viallon
Partner Stratégie

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.

Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.

Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.

François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.

François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.

Sandrine
Montel
Partner Finance

Sandrine Montel est Partner Finance chez Scale2Sell. Elle accompagne les dirigeants dans la structuration de leur pilotage financier, la maîtrise de leur rentabilité et la préparation aux grandes étapes de transformation : accélération de la croissance, levée de fonds ou cession.

Avec plus de 20 ans d’expérience en direction financière dans des PME et ETI, Sandrine combine une approche stratégique, une capacité d’analyse pointue et une forte orientation terrain. Elle a accompagné de nombreuses entreprises dans la mise en place d’outils de gestion performants, le dialogue avec les investisseurs, ou encore la sécurisation de leur trésorerie dans des phases critiques.

Chez Scale2Sell, elle agit comme un véritable bras droit financier des dirigeants, en les aidant à prendre des décisions éclairées, fiables et tournées vers la création de valeur.

Sandrine croit profondément que la rigueur financière n’est pas une contrainte, mais un moteur de sérénité et d’impact pour les dirigeants.

Elle vit entre Lyon et Bordeaux, et partage son énergie entre ses missions de conseil, l’accompagnement de jeunes talents de la finance… et son potager bio, qu’elle cultive avec autant de méthode que ses plans de trésorerie.

Thibault
Garnier
Partner Technologie

Thibault Garnier est Partner Technologies chez Scale2Sell. Il accompagne les dirigeants dans la structuration de leur architecture technique, le pilotage de leurs projets digitaux stratégiques et la montée en maturité de leurs équipes tech & produit.

Ancien CTO dans des scale-ups et des PME industrielles en transformation, Thibault a passé plus de 15 ans à construire, faire évoluer et sécuriser des systèmes d’information complexes. Il intervient aujourd’hui aux côtés de dirigeants qui veulent reprendre la maîtrise de leur stack technique, fiabiliser leur roadmap produit, ou accélérer leur digitalisation sans perdre en agilité.

Chez Scale2Sell, Thibault joue un rôle de traducteur entre les enjeux business et les solutions techniques. Il challenge les prestataires, cadre les décisions structurantes et permet aux dirigeants de garder la main sur les choix technos tout en déléguant sereinement leur mise en œuvre.

Thibault croit profondément que la technologie n’a de valeur que si elle sert la vision de l’entreprise et les usages réels du terrain.

Il vit à Nantes, adore les process bien huilés, les plateformes robustes et… les bateaux à voile, qu’il considère comme les systèmes d’information de la mer : tout doit être fiable, réactif et simple à maintenir en condition réelle.

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