
Le marché européen et français de l’entretien des espaces verts représente environ 7,7 milliards d’euros (France, estimation Xerfi Specific 2024), avec près de 31 890 entreprises, confirmant une structure très fragmentée. Les PME du secteur affichent une croissance annuelle moyenne de +2 à 3 % (estimations 2024), soutenue par les marchés publics et la végétalisation urbaine. La part croissante des contrats d’entretien récurrents (plus de la moitié des revenus dans certaines régions) offre une visibilité précieuse pour un acquéreur. En 2026, les conditions macroéconomiques (inflation en reflux, politiques de verdissement urbain) alignent les intérêts des cédants et des acheteurs. Cette conjonction crée une fenêtre de tir favorable sur le cycle 2026–2028.
Le marché reste porté par la transition écologique, la demande institutionnelle (collectivités, entreprises immobilières) et les stratégies d’investissement durable, incitant les acheteurs à cibler des plateformes de maintenance à revenus récurrents.
Trois grandes typologies d’acquéreurs sont actives :
1. Industriels/stratégiques : acteurs régionaux ou groupes paneuropéens (ex. Green Landscaping, Nurture Group) recherchant des synergies, des portefeuilles clients et une couverture géographique. Ils valorisent la récurrence et la rentabilité opérationnelle. Ces acquéreurs proposent souvent des deals cash-free debt-free, avec peu d’earn-outs.
2. Financiers (fonds LBO, family offices) : sensibles à la capacité de génération de flux stables, à la gouvernance claire et à l’effet plateforme. Ils valorisent une structure managériale solide et une croissance organique. L’earn-out et le crédit vendeur peuvent être fréquents pour aligner les intérêts.
3. MBO/MBI : plus rares, mais actifs sur des structures locales rentables, valorisant la proximité et le savoir-faire. Processus simplifié, valorisation souvent plus basse mais rapidité d’exécution.
La préparation doit viser à présenter une organisation robuste, un management relais solide et une donnée fiable. Les priorités incluent la formalisation des contrats pluriannuels, la fiabilisation du reporting et la documentation ESG.
Formaliser la gouvernance, clarifier les rôles du dirigeant et du management intermédiaire. Réduire la dépendance au fondateur en documentant les processus et en renforçant la délégation.
Optimiser la répartition entre clients publics et privés. Valoriser la part de revenus d’entretien récurrents, indicateur clé pour les multiples (CXA pluriannuel).
Mettre à niveau les outils CRM/ERP et les contrôles de coûts (matières, énergie). Les acteurs qui ont intégré la robotisation et la digitalisation (robots de tonte, monitoring) améliorent leur marge et leur attractivité.
Un processus structuré (teaser → NDA → CIM → LOI → due diligence → closing) sécurise la valeur et limite les pertes de momentum. L’anticipation des audits ESG et opérationnels devient déterminante.
Un calendrier optimal de 6 à 9 mois : préparation (3 mois), mise en marché (2 mois), négociation/closing (3–4 mois).
Dépendance dirigeant, contrats publics non cessibles, délais de paiement et variation de BFR. Préparer les éléments justificatifs dans la data room.
La fidélisation des équipes et des chefs de chantier est un sujet critique. L’alignement RH avant la vente réduit le risque perçu et protège la valeur.
Les multiples EV/EBITDA observés (estimations : 5x–8x pour PME régionales, jusqu’à 9x–10x pour plateformes structurées) reflètent la récurrence des revenus, la taille critique et la performance opérationnelle. Les facteurs haussiers incluent la stabilité contractuelle, la digitalisation et les labels ESG. Les structures de prix les plus courantes : locked box (majorité) et completion accounts pour les plus petites structures. L’earn-out moyen varie entre 10–20 % du prix, étalé sur 12–24 mois. Les clauses de non-concurrence et les garanties (GAP) demeurent standards.
L’automatisation (robots de tonte, capteurs), la data et les systèmes connectés transformeraient le modèle économique et les marges. Probabilité : élevée ; impact sur valeur : positif. Gagnants : opérateurs digitaux, intégrateurs de services ; perdants : structures non automatisées.
Les variations de prix de l’énergie et les politiques climatiques influencent les coûts et la demande publique. Probabilité : moyenne ; impact sur valeur : neutre à positif selon la spécialisation (entretien vs création).
Accent sur la durabilité, transition écologique urbaine et guerre des talents. Probabilité : élevée ; impact : positif. Dynamique culturelle : responsabilité environnementale, services verts de proximité.
Probabilité : élevée | Impact : élevé | Mitigation : renforcer le management, formaliser les relations clients.
Probabilité : moyenne | Impact : moyen | Mitigation : ajuster les contrats sur coûts matériaux et carburants.
Probabilité : moyenne | Impact : élevé | Mitigation : négocier des modalités de facturation ou affacturage.
Probabilité : élevée | Impact : élevé | Mitigation : politique salariale, fidélisation des chefs d’équipe, formation interne.
Probabilité : moyenne | Impact : moyen | Mitigation : scénarios prudents, ajuster timing de mise en vente.
Les opérations récentes confirment un appétit élevé pour les plateformes à revenus récurrents. En novembre 2024, Nurture Group a racheté Tivoli Group Ltd (UK) pour élargir son empreinte nationale, créant le leader britannique du landscaping intégré. En 2023–2024, Green Landscaping Group AB a acquis plusieurs entreprises allemandes et suisses dont Gartenidee Kuchler, renforçant sa couverture européenne. Ces Master Deals démontrent une valorisation premium (estimée 7x–9x EBITDA) sur les acteurs structurés. Le marché M&A reste donc haussier mais sélectif en 2026.
1. Réduire la dépendance au dirigeant : mettre en avant un management autonome (impact : élevé ; complexité : M ; horizon : court). KPI : % contrats suivis par le management.
2. Structurer les revenus récurrents : consolider contrats pluriannuels (impact : élevé ; complexité : M ; horizon : court). KPI : part CA récurrent.
3. Renforcer la gouvernance et la conformité : documentation ESG et juridique (impact : moyen ; complexité : M ; horizon : moyen). KPI : conformité audits.
4. Digitaliser l’exploitation : intégration CRM/ERP, automatisation (impact : élevé ; complexité : L ; horizon : moyen). KPI : taux digitalisation process.
5. Sécuriser les talents clés : fidéliser chefs d’équipe et responsables (impact : élevé ; complexité : M ; horizon : court). KPI : turnover RH.
Le secteur des entreprises d’entretien des espaces verts entre en 2026 dans une phase de consolidation accélérée, portée par la transition verte et la recherche de stabilité contractuelle. Les acquéreurs valorisent désormais les plateformes à revenus récurrents, bien gouvernées et digitalisées. Pour atteindre le haut de la fourchette, les dirigeants vendeurs doivent démontrer une gestion prévisible, des flux de trésorerie stables et une culture opérationnelle documentée. Les fenêtres de cession 2026–2028 s’annoncent favorables, notamment pour les acteurs capables d’aligner performance économique, durabilité et automatisation.

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.