
Le marché mondial des fabricants de prothèses s’élève à environ 6,56 Md$ en 2024 et devrait atteindre près de 8,5 Md$ d’ici 2030 (CAGR ≈ 4,4%, estimations). Cette croissance modérée, mais stable, s’appuie sur la demande croissante liée au vieillissement de la population et aux besoins accrus de rééducation fonctionnelle. Les barrières à l’entrée techniques et réglementaires demeurent fortes, favorisant la consolidation entre grands acteurs internationaux et innovateurs technologiques spécialisés.
En 2026, la fenêtre de tir pour une cession est jugée favorable : les valorisations se maintiennent grâce à l’essor des prothèses osseointegrées, des solutions myoélectriques et des interfaces neurales. Les financements de la santé publique se stabilisent, et les IPO majeures (notamment celle d’Ottobock en 2025) traduisent une confiance marquée des investisseurs dans la croissance à moyen terme.
Les acquéreurs stratégiques (industriels comme Ottobock, Össur, Hanger) recherchent avant tout des technologies différenciantes, des réseaux cliniques et des portefeuilles complémentaires. Les acquéreurs financiers (fonds spécialisés santé ou mid-cap) privilégient des sociétés rentables avec des revenus récurrents, un pipeline produit validé et une gouvernance stabilisée. Les family offices ou entrepreneurs MBI/MBO viseront des positions de niche avec potentiel de croissance internationale.
Les implications sont claires : un industriel offrira souvent un meilleur multiple sur synergies technologiques, mais exigera un earn-out lié à la performance post-cession, tandis qu’un investisseur financier privilégiera des cash-outs en majorité avec un management engagé pour 2 à 3 ans supplémentaires.
Il est essentiel de réduire la dépendance au dirigeant et de mettre en place des relais managériaux capables de gérer les relations cliniques et hospitalières. Une gouvernance documentée et une gestion active de la conformité EU MDR renforcent la crédibilité du dossier.
Les acquéreurs valorisent les contrats récurrents (maintenance, upgrades, fitting), la diversification clients et la croissance sur les segments différenciants (osseointegration, upper limb, neuro-orthotics). Le pilotage précis du BFR et du coût matière (capteurs, composites) améliore la lisibilité du cash-flow.
Une data room solide doit inclure les données financières auditées, la traçabilité des dispositifs, les données cliniques et les contrats de maintenance. Le déploiement d’un CRM/ERP robuste et la documentation des performances techniques facilitent la due diligence.
Un process typique inclut le teaser, la signature d’un NDA, la diffusion du CIM, la constitution d’une long puis d’une short list d’acheteurs, avant la remise des LOI et la due diligence. Dans ce secteur, les audits techniques et réglementaires représentent souvent 40–50% de la durée totale du process.
Durée moyenne : 8 à 10 mois. Les jalons comprennent la préparation (2–3 mois), la mise en marché (3 mois) et la négociation/closing (3–4 mois).
Les points critiques : conformité MDR, dépendance à un fournisseur de composants, certification clinique, contrats de distribution et risques de remboursement. Une anticipation contractuelle et documentaire en amont est indispensable.
La rétention des ingénieurs et des techniciens est un enjeu majeur. Un plan d’incentive transitoire et une communication claire sur la continuité post-cession rassureront équipes et acheteurs.
Les multiples observés (estimations) se situent entre 9x et 13x EBITDA pour les acteurs profitables intégrant une part technologique avancée, ou 2,5x à 3,5x CA pour des portefeuilles innovants en phase de commercialisation. Les drivers haussiers résident dans la croissance récurrente, les IP différenciantes et la scalabilité des plateformes.
Les mécanismes usuels incluent la locked box (préférence majoritaire), des earn-outs sur 24–36 mois basés sur EBITDA et déploiement produit, et des garanties actives (GAP) de 12–24 mois.
La transition vers des prothèses connectées et osseointegrées soutient les multiples et stimule les deals stratégiques.
Les tensions d’approvisionnement sur les capteurs électroniques et les matériaux composites peuvent peser sur les marges mais recréent des opportunités de relocalisation européenne.
L’attention croissante à l’inclusion, au remboursement élargi et à la durabilité favorise les acteurs certifiés ESG et anticipant la circularité des composants.
Impact élevé, probabilité moyenne. Nécessite délégation et structuration RH.
Probabilité élevée, impact moyen à élevé. Nécessite audit de conformité et procédures documentées.
Probabilité élevée, impact moyen. Contrats long terme et sourcing multirégional recommandés.
Probabilité faible, impact potentiellement élevé. Diligence juridique approfondie et assurance responsabilité produits.
Les acquisitions récentes d’Össur (Fior & Gentz 2024, Naked Prosthetics 2022) montrent l’intérêt croissant pour les technologies neuro-orthétiques et upper limb. L’IPO d’Ottobock en 2025 (valorisation attendue ≈ 4,9 Md€, estim.) constitue un signal fort d’appétit et de maturité du secteur. L’accord Integrum-Hanger (2024) illustre l’expansion vers les revenus récurrents par services. Le marché 2026 reste globalement porteur pour les actifs différenciés et conformes MDR.
Avant 2026, cinq chantiers prioritaires :
À horizon 2028–2030, le secteur des fabricants de prothèses se dirige vers un modèle intégré autour de la technologie, des services et de la donnée clinique. Les acheteurs recherchent désormais des plateformes robustes combinant IP propriétaires, réseaux cliniques et revenus récurrents. Les multiples resteront soutenus pour les sociétés capables de démontrer leur différenciation, leur conformité réglementaire et leur scalabilité internationale. Pour viser le haut de fourchette, les dirigeants devront consolider leur portefeuille autour de niches rentables et préparer un dossier irréprochable sur le plan opérationnel, technologique et financier.