Faut-il vraiment éliminer les hiérarchies pour réussir dans les entreprises modernes ?

Faut-il vraiment éliminer les hiérarchies pour réussir dans les entreprises modernes ?

Faut-il vraiment éliminer les hiérarchies pour réussir dans les entreprises modernes ?
May 4, 2025

Pourquoi la structure organisationnelle influence directement la valeur de votre PME

Dans une opération de cession, les repreneurs analysent moins la forme de l’organigramme que sa fonction : réduire les risques, assurer la continuité et sécuriser la croissance. Une organisation trop plate crée une dépendance forte au dirigeant. Une organisation trop hiérarchique freine la décision. Les deux configurations peuvent faire baisser la valorisation si elles ne sont pas adaptées au cycle de vie de l’entreprise.

Depuis 2023, les repreneurs se montrent beaucoup plus sélectifs. Ils privilégient les PME dotées d’un management intermédiaire robuste, de responsabilités claires et d’une gouvernance capable de fonctionner sans le fondateur dès les premiers mois post-deal. Les modèles uniquement « agiles » ou uniquement « traditionnels » sont désormais perçus comme insuffisants.

Quand une organisation trop plate devient un risque de cession

Les entreprises plates ou semi-plates dominent encore dans les PME entrepreneuriales : le fondateur arbitre tout, connaît tous les clients clés et concentre les décisions critiques. En phase de croissance, ce modèle peut fonctionner. En pré-cession, il devient un frein majeur.

Les risques perçus par un repreneur

  • Dépendance excessive au dirigeant : coordination, relation client, arbitrages.
  • Absence de relais : pas de comité de direction opérationnel, pas de managers capables de reprendre le pilotage.
  • Processus non standardisés : donc pas de scalabilité immédiate.
  • Transition post-deal rallongée, parfois au-delà de 12 mois.

Conséquence : décote de valorisation et durcissement des conditions du deal.

Quand une organisation trop hiérarchisée freine la performance

À l’autre extrême, certaines PME industrielles ou de services héritent d’une structure très pyramidale. Le problème n’est pas la hiérarchie, mais sa rigidité : décisions lentes, faible autonomie des managers, surcharge des niveaux supérieurs.

Pour un repreneur, cela peut signaler un manque d’agilité ou un risque de sous-performance future. Toutefois, un management intermédiaire structuré reste un atout clair : reporting fiable, responsabilités visibles, continuité assurée.

Le modèle le plus valorisé en M&A aujourd’hui : l’organisation hybride

Les opérations M&A observées en 2024-2025 montrent une tendance nette : les entreprises les plus attractives combinent l’autonomie des équipes avec une gouvernance resserrée et des processus standardisés.

Caractéristiques d’un modèle hybride aligné M&A

  • Comité de direction opérationnel (CODIR) identifié et autonome.
  • Décisions stratégiques concentrées, décisions opérationnelles déléguées.
  • Processus formalisés : ventes, production, finances, RH.
  • KPI homogènes et reporting fiable, adaptés aux exigences LBO.
  • Rôles et responsabilités documentés, sans bureaucratie.

Ce modèle rassure les acheteurs : il réduit le risque, accélère l’intégration et améliore la prévisibilité des résultats.

Quels types d’entreprises doivent changer de modèle ?

PME plates en croissance rapide

Elles doivent consolider leur middle management avant d’entamer un process de cession. La structuration doit précéder le deal, car le temps est l’ennemi de la valeur.

PME industrielles ou multi-sites

Elles doivent conserver une hiérarchie claire mais gagner en autonomie locale et en rapidité d’exécution.

ESN, services B2B, transport

Les modèles hybrides sont les plus attractifs : autonomie terrain + gouvernance centrale forte.

Actions prioritaires pour préparer une cession

  • Identifier et renforcer 3–5 relais clés : finance, opérations, commercial, RH.
  • Clarifier le rôle du dirigeant et organiser une sortie progressive.
  • Documenter les processus critiques : cycle de vente, production, gestion de la qualité.
  • Standardiser les rituels de pilotage : comités, KPI, outils.
  • Aligner l’organisation avec le niveau de scalabilité attendu par les acquéreurs.

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À retenir :

La question n’est plus de savoir s’il faut supprimer ou renforcer la hiérarchie, mais comment structurer une organisation qui inspire confiance aux repreneurs. Les PME les mieux valorisées sont celles qui combinent autonomie, clarté des responsabilités et gouvernance robuste. La préparation à la cession passe donc par un travail organisationnel profond : renforcer les relais, formaliser les processus, standardiser le pilotage. Une entreprise qui peut fonctionner sans son dirigeant est une entreprise qui se vend mieux, plus vite et plus cher.

Remarques :

Entre 2023 et 2025, le marché M&A français a connu un recul puis une reprise marquée, rendant les acquéreurs plus sélectifs. La maturité organisationnelle devient un critère central : dépendance au dirigeant, qualité du middle management et fiabilité du reporting influencent directement la valorisation. Les données récentes montrent que les PME trop plates nécessitent des transitions plus longues, tandis que les modèles hybrides offrent le meilleur équilibre entre agilité et maîtrise des risques.

En pratique, demandez-vous :  

Question 1 : Votre entreprise peut-elle fonctionner 3 mois sans vous ?

Si la réponse est non, votre organisation est trop plate : le risque perçu par un repreneur augmente et la valorisation diminue.

Question 2 : Avez-vous un management intermédiaire réellement autonome ?

Un CODIR qui exécute mais ne décide pas reste un point de fragilité pour un acquéreur.

Question 3 : Vos processus sont-ils documentés et reproductibles ?

Sans standardisation, la scalabilité est limitée et la transition post-deal coûte plus cher.

Question 4 : Votre organisation reflète-t-elle votre futur, ou votre passé ?

Un repreneur valorise une structure adaptée à la croissance à venir, pas aux habitudes historiques.

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François Joseph Viallon
François
Viallon
Partner Stratégie

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.

Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.

Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.

François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.

François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.

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