Comment valoriser un parc d'attractions ?

Comment valoriser un parc d'attractions ?

Comment valoriser un parc d'attractions ?
May 4, 2025

Valoriser un parc d'attractions n'est jamais un simple exercice financier. Pour un investisseur ou un repreneur, il s’agit d’évaluer un actif hybride : à la fois immobilier, opérationnel, saisonnier et fortement dépendant de l’expérience client. La vraie valeur ne se lit donc ni dans un multiple standard ni dans le seul historique de fréquentation, mais dans la capacité du site à générer des flux de trésorerie durables tout en absorbant des CAPEX récurrents.

Comprendre le parc comme un actif M&A

Un parc se valorise d’abord comme une machine économique. La performance n’est pas uniquement liée au nombre d’entrées, mais au panier moyen, aux revenus ancillaires, à la maîtrise des coûts variables et à la capacité à transformer l'espace disponible en rentabilité future. Les investisseurs raisonnent en stabilité de cash-flow et en visibilité stratégique.

Depuis 2023, le marché européen montre une attractivité solide : fréquentation globalement stable ou en légère hausse, résilience malgré l'inflation et montée en gamme progressive. Les variations entre Disneyland Paris, le Parc Astérix ou le Puy du Fou illustrent un point clé : le différentiel de valeur s'explique par la stratégie, pas par la taille.

Méthodes de valorisation réellement utilisées par les repreneurs

1. Approche par les multiples revenus-rentabilité

Les multiples (CA ou EBITDA) ne sont qu’un point d’entrée, pas une vérité universelle. Leur niveau dépend :

  • du mix revenus (entrées, restauration, merchandising, hébergement) ;
  • de la dépendance à un parc star vs. portefeuille d’attractions ;
  • de la structure de coûts et de la saisonnalité maîtrisée ;
  • de l’intensité des investissements nécessaires.

L’analyse fine porte donc sur le ratio EBITDA/CAPEX : un parc rentable mais très consommateur d’investissements se valorise moins.

2. Analyse des cash-flows futurs

C’est la méthode privilégiée des repreneurs professionnels. Elle intègre :

  • la projection de fréquentation réaliste ;
  • l’évolution du panier moyen (levier majeur depuis 2024) ;
  • le calendrier des renouvellements d’attractions ;
  • la montée en gamme des services (hôtels, expériences immersives) ;
  • la structuration de la dette nécessaire pour financer la croissance.

Les données récentes montrent d'ailleurs une croissance des revenus par visiteur, même lorsque la fréquentation baisse, comme observé sur certains parcs régionaux.

3. Valorisation par les actifs

Dans ce secteur capitalistique, la valeur du foncier, des infrastructures et des équipements pèse fortement. Les investisseurs évaluent :

  • l’état réel des installations ;
  • la conformité réglementaire ;
  • les coûts de remise à niveau ;
  • les marges de développement possible (extensions, hôtellerie).

Les déterminants critiques de la valeur

Les parcs les mieux valorisés ne sont pas toujours les plus grands, mais ceux qui maîtrisent :

  • la qualité de l'expérience (narration, immersion, satisfaction) ;
  • la diversification des revenus pour atténuer la saisonnalité ;
  • la capacité d'investissement, moteur de compétitivité ;
  • la gestion opérationnelle (flux de visiteurs, maintenance, sécurité) ;
  • la force de marque et l’attraction régionale ou nationale.

Les données sectorielles récentes montrent que la montée en gamme des offres (expériences thématiques, hôtellerie, extensions) soutient fortement la valorisation.

Risques M&A à intégrer dans l’analyse

Les acheteurs professionnels observent quatre risques majeurs :

  • La météo et les chocs externes, qui impactent immédiatement la fréquentation ;
  • La concurrence accrue, notamment dans les parcs premium ou indoor ;
  • L’intensité capitalistique (maintenance lourde, renouvellement continu) ;
  • Le risque opérationnel lié à l’expérience visiteurs.

Ces risques influencent directement la décote ou la prime accordée lors d’une transaction.

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À retenir :

Valoriser un parc d’attractions exige de dépasser les multiples standards pour analyser la dynamique réelle : capacité d’investissement, qualité de l’expérience, stabilité des cash-flows, résilience face aux risques. Pour un dirigeant ou un repreneur, la valeur se construit autour d’un modèle clair, transmissible et capable de générer des revenus durables. Les parcs qui maîtrisent ces fondamentaux voient leur attractivité et leur valorisation progresser, même dans un contexte concurrentiel et capitalistique exigeant.

Remarques :

Depuis 2023, le marché européen des parcs d’attractions montre une résilience solide malgré l’inflation. La fréquentation des principaux parcs reste globalement stable, avec des variations : baisse à Disneyland Paris, hausse au Puy du Fou et progression du Parc Astérix. La croissance du secteur repose davantage sur le panier moyen que sur les volumes. Les CAPEX demeurent élevés, renforçant la nécessité d’une valorisation centrée sur les cash-flows et la projection d’investissements. Enfin, l’expérience immersive, l’hôtellerie et la diversification des revenus deviennent des drivers essentiels de valeur.

En pratique, demandez-vous :  

Question 1 : Le parc génère-t-il un cash-flow réellement stable ?

Cette question révèle la capacité du parc à financer ses propres CAPEX et à offrir une visibilité aux investisseurs, au-delà du simple volume de visiteurs.

Question 2 : Le panier moyen peut-il augmenter sans détériorer l’expérience ?

La réponse indique si le modèle peut croître via l’optimisation des revenus par visiteur, tendance essentielle depuis 2024.

Question 3 : Quels sont les investissements obligatoires sur les 5 prochaines années ?

Elle éclaire la charge financière future et permet de comparer deux parcs similaires avec des profils CAPEX très différents.

Question 4 : L’organisation opérationnelle peut-elle fonctionner sans le dirigeant actuel ?

C’est un critère clé de transmissibilité : un parc dépendant d’un fondateur vaut mécaniquement moins pour un repreneur.

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François Joseph Viallon
François
Viallon
Partner Stratégie

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.

Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.

Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.

François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.

François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.

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