Pourquoi la gouvernance est cruciale en situation de crise pour les PME et ETI
En période de crise, la gouvernance d’entreprise n’est plus seulement un atout de long terme : elle devient un pilier de survie et de résilience. Les dirigeants de PME et ETI se retrouvent à devoir prendre des décisions rapides, souvent dans un contexte de forte incertitude, tout en devant rassurer partenaires, salariés et investisseurs. Structurer un management de crise efficace autour du board permet non seulement de préserver la valeur mais aussi d’aligner tous les acteurs autour de réponses cohérentes et responsables.
Bâtir un board opérationnel : composition et rôles pendant la crise
Choisir les bons profils
Le board de crise n’est pas une simple extension du comité de direction. Penser la diversité des profils (financier, opérationnel, RH, digital, juridique) favorise la créativité et l’exhaustivité dans l’évaluation des risques. Trop d’entreprises restent prisonnières d’un board « entre-soi » ou sous-dimensionné, qui s’avère impuissant face à la complexité d’une crise.
Clarifier les responsabilités
- Définir la gouvernance de crise : rôles décisionnels, pouvoirs exceptionnels, circuits courts de validation.
- Assurer une délégation temporaire claire pour éviter l’engorgement ou l’anarchie décisionnelle.
- Conserver la dimension stratégique : même sous pression, le board ne doit pas se limiter à l’opérationnel.
Les routines de management de crise pour des décisions agiles et sécurisées
Formaliser des routines exceptionnelles
- Mise en place de réunions de crise à fréquence accrue (parfois quotidienne), avec des formats courts et des ordres du jour ciblés.
- Tableaux de bord dédiés : suivi des indicateurs critiques (trésorerie, opérations, RH, relations clients/fournisseurs, risques juridiques, etc.).
- Utilisation d’outils digitaux collaboratifs pour le partage d’informations, le vote et la traçabilité des décisions.
Éviter les pièges classiques
- L’essoufflement du collectif (réunions trop longues, absence de prise de recul, surcharge émotionnelle).
- La perte de transparence envers les actionnaires ou les salariés.
- L’inflation documentaire : chercher un équilibre entre rigueur et agilité dans la production des comptes-rendus.
Gestion des parties prenantes : transformer la gouvernance en levier de confiance
Engager, informer et rassurer
- Cartographier les parties prenantes critiques (investisseurs, clients clés, partenaires bancaires, salariés stratégiques).
- Créer une routine de communication adaptée à chaque cible (fréquence, canal, niveau de détail, gestion de la confidentialité).
- Alerter sans paniquer : ajuster le discours pour éviter les effets de panique ou de défiance excessive.
Consolider la valeur perçue
- Documenter toutes les actions prises, en anticipant un éventuel audit ou une future session de due diligence (cession, levée de fonds, etc.).
- Mise en valeur des bonnes pratiques de gouvernance dans les supports destinés aux investisseurs ou repreneurs potentiels.
Documentation, traçabilité : sécuriser la mémoire de crise pour l’après
Mettre en place une data room de crise
- Archiver systématiquement les décisions stratégiques, les plans d’action, les échanges clés avec les parties prenantes.
- Organiser la documentation pour permettre un transfert d’information fluide, y compris en cas de changement d’équipe ou de gouvernance.
Se préparer à l’après
- Capitaliser sur les enseignements de la crise : retour d’expérience, mise à jour des protocoles de gouvernance, formation des membres du board.
- Valoriser l’agilité démontrée comme un actif immatériel auprès des repreneurs ou investisseurs.
Critique : jusqu’où aller dans la formalisation sans nuire à l’agilité ?
Il existe une tentation, en temps de crise, de sur-formaliser la gouvernance ou de multiplier les points de contrôle. Ce réflexe rassure, mais peut vite devenir contre-productif : surcharge documentaire, rigidité décisionnelle, perte du bon sens. À l’inverse, une approche trop informelle expose l’entreprise à la perte de contrôle, à la dilution des responsabilités et à un déficit de crédibilité auprès des parties prenantes externes. La clé : co-construire avec le board l’équilibre entre robustesse et agilité, et ajuster la gouvernance à mesure que la crise évolue.