
Dans un contexte de croissance, de cession ou de transformation, les dirigeants de PME et d’ETI sont souvent isolés face aux décisions stratégiques. Instituer un board de secteur (aussi appelé conseil sectoriel, comité d’experts ou advisory board) peut devenir un levier majeur de sécurisation, d’accélération et de création de valeur. Il s’agit d’aller au-delà du cercle restreint de la direction ou du collège d’actionnaires : ouvrir l’entreprise à des profils externes, sectoriels ou connexes, capables de challenger les choix, d’apporter un réseau élargi, et de donner des signaux faibles parfois insoupçonnés.
La première erreur fréquente serait de privilégier uniquement la notoriété ou les relations personnelles. Le board doit être composé de profils expérimentés, avec une compréhension fine de votre marché, mais aussi la capacité d’apporter une diversité de regards (clients, fournisseurs, concurrents, partenaires institutionnels, etc). Des critères essentiels à intégrer :
Un board de secteur présente le risque d’ouvrir à la concurrence certaines informations critiques ou de s’exposer à des biais de jugement. Il est essentiel de contractualiser l’engagement de confidentialité, d’exclure toute personne en conflit d’intérêt potentiel (conseil en mission similaire, dirigeant rival, investisseur croisé…). La mise en place d’une charte de fonctionnement ou d’un NDA (Non-Disclosure Agreement) dès le recrutement des membres s’impose.
Évitez de multiplier les réunions pour gagner en réactivité. Prévoir 3 à 6 sessions par an, physiquement ou en visio, permet d’assurer le rythme tout en respectant les contraintes des membres. Préparez à chaque session :
La participation à un board sectoriel peut faire l’objet d’une rétribution forfaitaire par session, ou d’un mode « success fee » lié à la réussite d’une étape-clé (sollicitation de réseau, closing d’une opération). L’essentiel est d’être transparent sur le mode d’engagement : l’implication dépend aussi d’une forme de reconnaissance ou de valorisation, même symbolique. Attention à ne pas « sur-institutionnaliser » au risque de freiner l’agilité (optez pour le principe du mandat renouvelable plutôt qu’un contrat long rigide).
Le formalisme est souvent vécu comme superflu en PME ou en ETI, mais il permet de sécuriser le processus : synthèse des points marquants, suivi des recommandations, plan d’action associant les membres, reporting régulier auprès du dirigeant et du comité de direction. Ce dispositif limite l’émission d’avis contradictoires non suivis d’effets et renforce la traçabilité stratégique (particulièrement utile lors d’une phase d’audit préalable à la cession).
Indicateurs concrets : nombre et qualité des mises en relation générées, rapidité de prise de décision face à une opportunité ou un risque, intégration d’expertises nouvelles, qualité des arbitrages lors d’enjeux critiques (levée, cession, lancement d’une offre…). Un bon board n’est pas visible uniquement par ses « comités » : il se mesure à la valeur concrète créée pour l’entreprise et le dirigeant.
Un board n’est pas un club d’amis ni une caution de façade pour rassurer un banquier ou un investisseur. Pour éviter de tomber dans le piège du « board alibi », clarifiez son périmètre d’intervention, impliquez-le dans l’élaboration – mais aussi le suivi – des décisions, et veillez à ce que ses avis soient discutés puis tranchés formellement au sein du comité de direction. À l’inverse, une caricature d’agilité serait de travailler en mode « brainstorming permanent » sans transformer les échanges en avancées concrètes.
Mettre en place un board de secteur dans une PME ou une ETI ne se résume pas à la constitution d’un organe consultatif : c’est un choix stratégique engageant, qui exige rigueur, anticipation et pragmatisme. Lorsque le board est composé avec discernement, animé avec exigence et intégré dans la prise de décision opérationnelle, il devient un véritable levier de croissance, de sécurisation – notamment en préparation d’une opération de cession – et d’attractivité vis-à-vis des partenaires et investisseurs. Posez-vous la question : votre gouvernance actuelle vous expose-t-elle à des angles morts, ou maximise-t-elle vraiment votre valeur future ? Si le doute subsiste, il est peut-être temps de professionnaliser ce levier et d’oser l’ouverture à de nouvelles expertises