
Lorsque la décision de céder une entreprise s’impose, les tensions internes peuvent réapparaître ou s’exacerber, notamment entre actionnaires ou associés. Divergences d’objectifs personnels, différences d’appréciation sur la valeur de la société, ressentis antérieurs non réglés : les motifs sont nombreux. Or, ces conflits ralentissent la cession, fragilisent les négociations et peuvent affecter la perception de l’acheteur. Il est donc essentiel d’identifier, en amont, les signaux faibles de mésentente (mots non-dits en réunion, désinvestissement, résistance aux audits, etc.).
Un actionnariat divisé influe négativement sur la valeur perçue de l’entité. Un repreneur détecte rapidement un climat tendu : cela l’encourage à négocier à la baisse, voire à se désengager. Les procédures internes s’alourdissent, les délais s’allongent, et la confidentialité peut être compromise. Une cession ne peut aboutir sereinement sans un front uni côté vendeur. Il est donc crucial de faire un état des lieux des intérêts et zones de friction avant toute démarche de cession.
Le pacte d’actionnaires, souvent négligé lors de la création ou au fil du développement, devient décisif à l’aube d’une cession. Il doit prévoir, par écrit :
Sa mise à jour régulière, et son adaptation au contexte économique de la société, limitent les surprises et verrouillent les risques de blocage de dernière minute.
Anticiper ce type de crise implique d’instaurer un climat de confiance et de transparence. Des réunions spécifiques, impliquant parfois un tiers neutre, permettent d’exprimer les attentes et de poser sur la table les non-dits. La médiation, menée par un professionnel, aide à sortir des postures émotionnelles et trouver des solutions concrètes. Il ne faut pas attendre le conflit ouvert pour enclencher cette démarche.
Lorsqu’un désaccord émerge, relisez systématiquement le pacte d’actionnaires, les statuts, ainsi que tout accord extra-statutaire. Identifiez les clauses de sortie obligatoire, d’agrément ou d’exclusion, ainsi que les règles de majorité prévues. Un formalisme solide rassure les tiers et permet de fonder toute position sur du droit, et non sur l’affectif.
En cas de blocage persistant, la médiation ou l’arbitrage constituent des alternatives agiles et rapides au contentieux classique. L’objectif : trouver une solution partagée qui préserve la valorisation du deal. Ce n’est jamais perçu comme un aveu de faiblesse par l’acheteur, mais au contraire comme un signe de maturité.
En anticipant les sources de conflit entre actionnaires et en s'appuyant sur des outils adaptés (pacte d’actionnaires actualisé, dialogue encadré, recours à la médiation), vous protégez la valeur de votre entreprise et maximisez les chances d’une cession réussie. Ne laissez pas les tensions internes saboter vos mois de préparation : questionnez dès aujourd’hui la solidité de votre gouvernance et le réalisme du front uni que vous présentez à l’acheteur. Pour aller plus loin, réfléchissez à l'évolution de vos outils juridiques et organisationnels, et à la nécessité d’un accompagnement externe dans ces moments clés.