Que vous prépariez une cession, une transmission ou un simple changement à la tête de votre PME ou ETI, la transition d’un dirigeant est une séquence critique qui déborde largement la question administrative ou juridique. Ce moment fragilise souvent l’entreprise : perte de repères internes, flou stratégique, tensions RH, voire fuite de talents. Pourtant, c’est aussi une opportunité de réinventer le fonctionnement, de consolider les atouts et de maximiser l’attractivité pour des acheteurs potentiels.
La première étape consiste à poser un diagnostic honnête : où sont les vraies dépendances ? Quelles compétences, quelles relations ou quelles décisions reposent actuellement sur la personne du dirigeant ? La cartographie fine de ces points névralgiques permet de cibler les efforts, et d’éviter les angles morts qui grèvent la valeur ou la pérennité de l’entreprise lors d’une transmission.
Le choix du moment ne doit rien au hasard : l’anticipation est clé pour limiter les risques et professionnaliser la transition. Il convient d’aligner trois dimensions :
Plus la transition est préparée en amont – de 12 à 36 mois idéalement – plus il sera aisé d’éviter l’effet “chute de tension” post-transmission, un classique quand la sortie réelle se précipite, même après une période de shadowing trop courte.
Déléguer ne signifie pas simplement mettre un nom en face d’un poste. Il est essentiel de :
Cette étape passe par la formalisation : fiches de poste évoluées, indicateurs d’objectifs, procédures décisionnelles explicités et accès documenté à l’information. Trop d’entreprises supputent la reprise spontanée des tâches ou la transmission “par capillarité”... et échouent à transférer la connaissance implicite, entraînant pertes de clients, de performance ou inversion du rapport de force vis-à-vis des équipes ou partenaires.
Une gouvernance claire rassure les parties prenantes – clients, partenaires, investisseurs – et garantit la continuité. Envisagez :
La transition d’un dirigeant est rarement neutre : l’entourage guette les postures, la communication, la cohérence entre mots et actes. Un planning de communication interne/externe pensé à l’avance – annonces, questions/réponses, points d’étape, rendez-vous réguliers avec l’équipe et le CODIR – limite les incompréhensions et alimente la confiance.
Lors de ces phases, les tensions peuvent surgir. Identifier en amont les points de crispation récurrents : légitimité du successeur, remise en question des orientations passées, gestion des ambitions contrariées. Instaurer des espaces de dialogue, des règles du jeu partagées et, au besoin, faire appel à un médiateur externe permet de prémunir l’entreprise de crises durables.
La culture d’entreprise reste un actif immatériel majeur : la préserver et la formaliser favorise l’intégration du nouveau dirigeant et la compréhension des futurs acquéreurs. Soyez attentif aux pratiques, valeurs, narratifs qui font sens pour les équipes mais qui, une fois le dirigeant parti, peuvent devenir des coquilles vides si elles ne sont pas incarnées collectivement.
L’accompagnement du dirigeant doit servir la maximisation de la valeur de l’entreprise : une passation maîtrisée sécurise les futurs résultats, rassure les acquéreurs et limite les négociations à la baisse. Documentez les process, mettez en avant la maturité du management intermédiaire, démontrez la faible dépendance à la personne du cédant lors des phases de préparation à la vente.
Attention toutefois à ne pas tomber dans le dogme du “détachement total” : dans certaines PME/ETI, une transition inclusive, où le dirigeant sortant reste à disposition (conseil, accompagnement, mandat de transition court) peut rassurer et créer davantage de valeur pour toutes les parties.
Préparer la transition d’un dirigeant ne s’improvise pas : l’expérience montre que ce sont les entreprises qui anticipent, structurent, communiquent et savent préserver la culture qui traversent le cap sans perte et maximisent leur attractivité lors de la cession. Que la sortie soit progressive ou rapide, ce passage représente un véritable projet stratégique collectif. À vous de jouer : avez-vous, dès aujourd’hui, identifié les vrais relais et posé les rituels nécessaires ?
François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.