Tous les "Oui" ne se valent pas.

Tous les "Oui" ne se valent pas.
May 4, 2025

Dans une négociation critique – cession d’entreprise, LOI, term sheet, pacte d’actionnaires, management package ou recrutement d’un cadre clé – un « oui » peut accélérer un deal… ou l’envoyer droit dans le mur. Les dirigeants qui réussissent leurs transactions ont un point commun : ils savent interpréter ce que signifie réellement chaque « oui » prononcé en face d’eux.

En 2025, dans un marché où la prudence domine et où les faux engagements se multiplient, distinguer les trois types de « oui » devient une compétence stratégique. Voici comment les reconnaître, les tester et les utiliser comme un avantage concurrentiel dans vos négociations.

1. Le « Oui contrefait » – Quand votre interlocuteur vous garde dans la course… sans intention d’avancer

Le oui contrefait apparaît souvent dans les moments où l’acquéreur, l’investisseur ou un futur partenaire veut maintenir l’accès au dossier sans prendre de position. C’est un oui de façade, motivé par l’évitement du « non ».

Dans un marché où les transactions baissent de 9 % en volume mais où les discussions se multiplient, ce comportement se renforce naturellement.

Exemples en contexte M&A

  • Un acquéreur valide verbalement la valorisation en réunion… puis renégocie lourdement après due diligence.
  • Un fonds de dette privée dit « oui » au principe des covenants… avant de resserrer les exigences au moment du term sheet.
  • Un investisseur minoritaire approuve toutes les orientations stratégiques… mais ne livre jamais les documents nécessaires au management package.

Signaux faibles à surveiller

  • Un discours positif mais aucune documentation produite.
  • Des engagements verbaux évolutifs ou imprécis.
  • Une tendance à « surjouer » la convergence en phase amont.

Que faire ?

Votre objectif : provoquer un vrai « non » si c’est un non – pour stopper l’hémorragie de temps et d’énergie.

Posez une question qui dédramatise le refus :

« Si certains points vous empêchent d’avancer réellement, je préfère que vous me le disiez. Cela nous permettra d’ajuster ou d’arrêter proprement. »

Face à un oui contrefait, la clarté vaut mieux que la courtoisie.

2. Le « Oui de confirmation » – L’accord rationnel, mais pas encore un mouvement

C’est un oui intellectuel : votre interlocuteur comprend, adhère, valide… mais ne s’engage toujours pas. Les dirigeants en cession y sont confrontés lorsque l’acquéreur « aime le dossier » mais ne fixe rien.

Dans un marché français où le nombre d’opérations augmente mais où la valeur baisse, ce oui de confirmation est devenu un mécanisme de prudence.

Exemples typiques en cession d’entreprise

  • Un acquéreur dit : « Votre business est très solide »… mais ne propose pas de calendrier de LOI.
  • Un cadre clé dit « Oui, le package est cohérent »… mais ne valide aucune date de retour.
  • Un partenaire stratégique confirme son intérêt mais ne mobilise aucune ressource interne.

Comment l’identifier

  • Des validations répétées, mais aucune demande d’information approfondie.
  • Aucune production de livrable : pas de version du pacte, pas de calendrier commenté.
  • Une absence de changement d’attitude : pas de tension constructive, pas d’urgence.

Que faire ?

Votre objectif : tester la capacité de passage à l’action.

Posez une question qui transforme l’intention en plan :

« Si vous souhaitez avancer, quelles sont les trois prochaines étapes que vous validez ? »

Ce oui devient utile uniquement s’il se matérialise.

3. Le « Oui d’engagement » – Le seul qui fait réellement avancer un deal

Le oui d’engagement est rare mais identifiable : il produit une action immédiate. Il marque un alignement stratégique, émotionnel et opérationnel.

Dans les transactions, il ressemble à :

  • « Nous validons la valorisation. Voici la version consolidée de la LOI avant signature. »
  • « On bloque une session de travail demain pour finaliser les earn-out. »
  • « J’envoie les éléments pour le management package dans l’après-midi. »

Comment le reconnaître

  • Une documentation immédiate : livrable, calendrier, version juridique.
  • Une prise d’engagement claire sur les délais.
  • Un changement de ton : direct, pragmatique, orienté construction.

Que faire ?

Votre priorité : consolider avant que l’élan ne se dissipe.

  • Formalisez par écrit : email de synthèse, planning, version consolidée.
  • Proposez un premier jalon rapide (réunion technique, revue juridique).

Un oui d’engagement se nourrit de momentum : alimentez-le.

Donner votre avis sur cet article

À retenir :

Dans un marché plus sélectif et plus volatile, la capacité à distinguer les trois types de « oui » devient un avantage compétitif majeur. Le dirigeant qui analyse, teste et documente chaque engagement protège sa valorisation et son temps. Le dirigeant qui les prend au premier degré s’expose aux renégociations, aux faux signaux et aux deals qui s’enlisent. Le bon réflexe en 2025 : n’accordez de valeur qu’aux oui qui se matérialisent.

Remarques :

Le contexte 2024‑2025 a profondément modifié la dynamique des négociations. La baisse globale des transactions combinée à une prudence accrue des investisseurs a renforcé l’usage des « oui » de façade. Cette évolution touche directement les dirigeants en phase de cession ou de structuration car les acheteurs maintiennent plus longtemps l’ambiguïté pour sécuriser l’accès aux dossiers. Documenter chaque engagement devient donc une nécessité stratégique : c’est aujourd’hui l’un des rares garde-fous contre les revirements tardifs et les renégociations post‑due diligence.

En pratique, demandez-vous :  

Question 1

Quel type de « oui » mon interlocuteur vient-il réellement de prononcer, et quels signaux objectifs confirment cette lecture ?

Question 2

Quelles actions concrètes, documentées et datées ai-je obtenues suite au oui exprimé ?

Question 3

Si ce oui se révélait être un faux engagement, quel serait le coût — retard, renégociation, perte de valeur — pour mon processus de cession ou de négociation ?

Question 4

Quel est le test simple ou le jalon que je peux poser immédiatement pour distinguer intention réelle et validation de surface ?

Allez plus loin, échangez avec un partner !

François Joseph Viallon
François
Viallon
Partner Stratégie

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.

Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.

Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.

François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.

François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.

Ceux qui ont lu cet article ont aussi lu :

Comment Vendre Efficacement sa Société : Stratégies et Accompagnements Clés
Guide pragmatique pour réussir la cession de votre entreprise
Outils Essentiels pour Réussir la Cession de Votre Entreprise
Trouver le Bon Acquéreur pour Votre Entreprise : Les Stratégies Efficaces
Les indicateurs pour piloter efficacement une agence de prestation de service à domicile
Stratégies de Rétention Client : Créer des Expériences Clients Fidélisantes