
La valorisation d’une manufacture de chaussures dépend désormais d’un ensemble de facteurs industriels, financiers et stratégiques beaucoup plus complexes qu’il y a quelques années. Les repreneurs – industriels comme fonds – recherchent des actifs capables de combiner savoir‑faire, capacité de production flexible, maîtrise des coûts et potentiel de premiumisation.
Le secteur traverse une recomposition rapide : hausse des coûts matières, consolidation M&A, attentes croissantes en durabilité, tensions supply chain et montée du nearshoring. Dans ce contexte, une manufacture bien préparée peut capter un multiple supérieur à celui d’un atelier positionné sur des segments sensibles au prix.
Le cœur de la valeur réside dans la capacité de produire vite, bien et de façon flexible. Les repreneurs valorisent fortement :
Dans la chaussure, le savoir‑faire est un actif stratégique. Une manufacture capable de conserver, transmettre et normaliser ses compétences limite les risques opérationnels.
Une manufacture peut n’avoir aucune marque… et valoir beaucoup si elle alimente des marques à forte identité. À l’inverse, un atelier avec une marque intégrée peut capter une prime s’il existe un réel pricing power.
Les fluctuations du cuir, des composants techniques et du transport ont significativement compressé les marges depuis 2021. Une valorisation attractive dépend donc :
Une production Made in Europe, traçable et conforme aux standards environnementaux, est aujourd’hui recherchée. Le Portugal, l’Italie ou la France captent une prime pour leur combinaison savoir‑faire + réputation internationale.
Les données disponibles montrent une oscillation marquée des multiples entre 2023 et 2025. Le pic de l’automne 2024 n’a pas perduré, et les multiples 2025 reflètent la prudence liée aux coûts de financement.
Il n’existe pas de multiples consolidés spécifiques au segment “manufactures de chaussures”. Les valorisations constatées s’alignent sur les secteurs industriels légers et biens de consommation premium.
Les repreneurs valorisent les investissements permettant une réduction des coûts unitaires et une meilleure prédictibilité :
Une base fournisseurs diversifiée et un ancrage local fort rassurent les acquéreurs car ils réduisent la volatilité des marges.
Les multiples les plus élevés sont captés par les manufactures focalisées sur :
La valorisation d’une manufacture de chaussures dépend avant tout de sa capacité à démontrer une industrialisation moderne, une résilience opérationnelle et un positionnement clair sur les segments premium ou durables. Dans un marché en consolidation, les dirigeants qui préparent leur cession en renforçant leur outil industriel, leur supply chain et leur différenciation captent mécaniquement un multiple supérieur. La préparation devient un avantage stratégique décisif.
Entre 2023 et 2025, les multiples M&A ont connu une fluctuation notable, avec un pic à l’automne 2024 suivi d’un repli lié au coût du capital. La hausse durable des matières, la pression sur les supply chains et la montée du nearshoring redéfinissent les facteurs de valorisation. Les manufactures capables de moderniser leur outil, de sécuriser leurs approvisionnements et de se positionner sur le premium ou la production durable captent désormais les valorisations les plus élevées.
Une modernisation insuffisante réduit immédiatement le multiple car elle expose l’acquéreur à des coûts de remise à niveau et à des marges instables.
Une forte dépendance à quelques artisans critiques révèle un risque opérationnel majeur pour un repreneur, ce qui se traduit souvent par une décote.
La capacité à sécuriser les marges est devenue l’un des critères les plus examinés en due diligence, car elle détermine la stabilité future du cash‑flow.
Un positionnement flou entraîne des multiples bas, car il devient difficile pour l’acquéreur de projeter un pricing power ou une croissance rentable.

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.