Pourquoi un comité d’advisors/transitional board lors d’une cession ou transformation ?
La gouvernance joue un rôle central dans la réussite d’une opération de cession, de fusion ou de profonde transformation dans les PME et ETI. Souvent concentrée autour d’un dirigeant ou d’un comité de direction resserré, l’organisation doit temporairement s’enrichir d’un regard externe, prenant la forme d’un comité d’advisors (ou transitional board) pour piloter la transition, sécuriser la suite et rassurer parties prenantes et investisseurs.
- Anticiper la transmission d’informations et les ruptures de continuité
- Structurer un échange d’expérience, capter des retours multiculturels ou multisectoriels
- Préparer le passage vers une gouvernance pérenne et adaptée à la future configuration de l’entreprise
Constitution du comité : pourquoi, quand et avec qui ?
Moment du déclenchement
Le lancement d’un comité d’advisors doit être anticipé avant le début des négociations clés, idéalement dès la réflexion sur la cession ou la transformation. Attendre le closing, c’est prendre le risque d’une conduite en aveugle dans les trimestres décisifs.
Composition optimale du comité
- Membres internes : dirigeants, managers clés, responsables de fonctions critiques
- Membres externes : experts sectoriels, anciens dirigeants de PME/ETI, spécialistes du M&A, avocats et fiscalistes, parfois un représentant du repreneur/investisseur, mais à intégrer avec discernement pour garantir la neutralité
Critères de sélection
- Diversité d’expertise (finance, RH, juridique, technologique…)
- Expérience de contextes de transition
- Capacité à challenger la vision tout en préservant la confidentialité
- Disponibilité et engagement sans biais personnel majeur
Définir le périmètre d’action et les missions
Domaines d’intervention clés
- Suivi des KPI de transformation : délai, budget, conformité, climat RH
- Validation de la feuille de route et des quick wins post-deal
- Appui à la communication auprès des équipes, du CODIR et des parties prenantes externes
- Parfois, supervision des négociations – sans usurper le rôle opérationnel du CODIR ou du manager de transition
Limites à poser
Veiller à ne pas transformer le comité d’advisors en un organe exécutif ou décisionnaire ; il s’agit d’un organe d’avis, pas d’action directe. Un excès d’ingérence peut déresponsabiliser le CODIR ou brouiller la gouvernance.
Rituels de pilotage et articulation avec la direction
Rythmique des réunions
- Réunions régulières (toutes les 2 à 4 semaines selon l’intensité de la phase)
- Ordre du jour structuré, focus sur les écarts, identification précoce des signaux faibles (problèmes d’alignement, blocages culturels, départs non anticipés…)
- Reporting synthétique partagé en amont et en aval avec le CODIR
Coordination avec la direction et les fonctions externalisées
Le comité agit en complémentarité : il interroge, soutient, propose des inflexions et partage des benchmarks, tout en laissant la main opérationnelle au CODIR et, le cas échéant, au management de transition ou à la direction externalisée.
Modèles de documents et méthodes clés
- Charte de fonctionnement du comité
- Modèle de lettres d’engagement ou de confidentialité pour les advisors
- Trame de reporting spécial transition
- Checklist de points d’attention pour chaque séance
Organiser la transition vers la future gouvernance après le deal
Préparer la réversibilité et le handover
- Plan de passation progressif du rôle du comité vers la gouvernance cible : organisation de séances communes de feedback, présentation officielle des advisors à la nouvelle équipe dirigeante, documentation des réflexions et arbitrages pris durant la phase de transition
- Détermination d’une date de sortie claire pour le comité temporaire, sous condition de réalisation d’objectifs clés (« exit milestone »)
Pièges courants et erreurs à éviter
- Recruter « par titre » au lieu de privilégier l’expérience terrain et la neutralité
- Laisser une confusion persister entre le pouvoir d’arbitrage du comité d’advisors et celui du CODIR
- Sous-estimer la charge de coordination ou la tentation d’allonger la mission indéfiniment
- Omettre d’anticiper le besoin de mentoring ou de transfert de compétences vers la nouvelle gouvernance post-cession
- Négliger de documenter les décisions, ce qui peut laisser la transmission incomplète
Modèles d’organisation alternatifs : critiquer la position dogmatique
On peut légitimement s’interroger : faut-il toujours instituer un comité d’advisors, ou certains contextes (par exemple, petites structures très agiles ou opérations pilotées en « mode projet ») peuvent-ils s’en passer ? Dans ce cas, la clé tient à la transparence du processus et à la capacité à identifier autrement (consultants individuels, coachs, audits externes) des regards tiers structurants, sans alourdir la gouvernance.