
Dans une cession d’actifs, le portefeuille clients concentre une grande partie de la valeur réelle du périmètre. Pour un acquéreur, il représente un flux de revenus récurrent, un accès immédiat au marché et un accélérateur de croissance. Pour un dirigeant vendeur, il constitue l’actif immatériel le plus sensible, car sa valeur dépend autant des données financières que de la stabilité, de la transférabilité et du risque de churn après la transaction.
Dans un marché 2023–2025 où les opérations small et mid-cap progressent fortement et où les acquéreurs deviennent plus sélectifs, la capacité à démontrer la solidité de la base clients conditionne directement le multiple obtenu et la structure du deal.
Les acheteurs analysent en priorité la qualité du revenu : part récurrente, contrats pluriannuels, renouvellement automatique, stabilité historique. Dans les services B2B et les ESN, cette stabilité peut représenter l’essentiel de la valeur car elle réduit le risque post‑transaction.
Un portefeuille concentré entraîne une décote immédiate. Les pratiques de marché montrent qu’au‑delà de 20 % de chiffre d’affaires sur un seul client, un ajustement de prix ou un earn‑out devient presque automatique.
Les acquéreurs modélisent désormais systématiquement un churn à 3–5 ans, pondéré par segment et par ancienneté de la relation. Plus la donnée historique est précise, plus la valorisation est solide.
Un portefeuille très rentable se valorise mieux qu’un portefeuille volumineux mais à faible marge. L’analyse de la contribution marge/client devient un argument de négociation central.
La valeur chute si les contrats ne peuvent pas être transférés sans accord préalable du client, ou si la relation dépend d’un commercial clé ou du fondateur. La conformité RGPD, la documentation contractuelle et la clarté du périmètre sont déterminantes.
Les modèles de valorisation s’appuient sur la Customer Lifetime Value, la récurrence du revenu, la marge par client et une projection prudente du churn. Dans les ESN ou services B2B, ces indicateurs influencent directement les multiples appliqués.
Les multiples observés varient fortement selon les secteurs : jusqu’à 1,55x le CA dans les ESN en période haute, puis autour de 0,99x en 2023–2024. Dans les services financiers ou d’expertise, les valorisations se situent souvent entre 8 et 12x l’EBITDA. Aucune donnée consolidée ne permet toutefois de définir un multiple unique pour un portefeuille isolé.
L’évaluation intègre également la qualité de la relation client, la satisfaction, la profondeur historique et la facilité de reprise opérationnelle.
Les cessions d’actifs centrées sur une base clients reposent sur plusieurs mécanismes essentiels : clauses de non‑sollicitation, non‑concurrence, réversibilité, conformité RGPD, définition précise du périmètre transféré, obligations d’information des clients.
Risque de perte de clients stratégiques, dépendance à une personne clé, absence de contrats écrits, autorisation préalable nécessaire, qualité insuffisante de la donnée client, marge réelle sous‑estimée. Chacun de ces éléments peut entraîner une décote importante.
Dans les opérations mid‑market, l’earn‑out est souvent indexé sur la performance du portefeuille transmis (renouvellement, marge, absence de churn anormal). Plus le portefeuille est clair et documenté, plus le vendeur peut sécuriser un prix ferme.
Mettre à jour les contrats, vérifier la transférabilité, consolider les historiques et structurer les données clés (marge, ancienneté, renouvellements).
Diminuer la dépendance à un commercial ou au dirigeant, structurer les process, documenter les interactions clés.
Réduire le churn, renouveler les contrats sensibles, activer des plans de fidélisation quelques mois avant la vente pour présenter une tendance favorable.
Préparer un dossier complet : segmentation, rentabilité, risques par segment, historique des renouvellements, données de churn.
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La valeur d’un portefeuille clients ne dépend plus uniquement du chiffre d’affaires, mais de sa stabilité, de sa rentabilité, de sa transférabilité et de sa résistance au churn. Dans un marché plus sélectif, un portefeuille bien préparé et parfaitement documenté constitue un avantage décisif pour sécuriser le prix et structurer un deal équilibré. Les dirigeants qui anticipent ces enjeux maximisent leur valorisation et réduisent les risques de négociation.
Les tendances 2023–2025 montrent une montée des opérations centrées sur les actifs immatériels, dont les bases clients. Les données récentes du marché small et mid-cap confirment que la sélectivité des acheteurs augmente fortement, renforçant le besoin de prouver la stabilité, la rentabilité et la transférabilité du portefeuille. Ces évolutions rendent indispensable une préparation plus poussée et une documentation renforcée pour capter la valeur.
Votre portefeuille est‑il réellement transférable sans conditions suspensives ? La réponse détermine directement la décote potentielle.
Quel serait le churn naturel à 3–5 ans si vous cessiez toute action commerciale ? Cet indicateur révèle la solidité intrinsèque du portefeuille.
Votre marge par client est‑elle documentée et défendable ? C’est l’un des premiers éléments challengés en due diligence.
Votre organisation commerciale est‑elle dépendante d’une seule personne ? Si oui, l’acquéreur appliquera mécaniquement une décote ou exigera un earn‑out.

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.
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