
Lors d’une cession de PME, la transition incarnée par l’installation ou le renforcement d’un nouveau comité de direction (codir) est un facteur de réussite ou d’échec majeur. Trop souvent, les dirigeants et actionnaires sous-estiment l'importance d'orchestrer cette étape, en s’en remettant à la bonne volonté ou à l’expertise supposée des nouveaux managers. Pourtant, la réalité de terrain est plus complexe : enjeux politiques, transferts de savoirs implicites, consolidation de la vision stratégique, sécurisation des talents clés, attentes parfois floues du repreneur… Le rôle des dirigeants sortants est alors d’accompagner—sans infantiliser—cette montée en puissance, pour éviter la rupture de légitimité ou une perte de cohésion interne.
Les signaux faibles à surveiller : démission discrète des managers historiques, stagnation des projets majeurs, démotivation des relais internes ou impatience des nouveaux investisseurs.
Dès l’officialisation de la cession, il est indispensable de formaliser la feuille de route du nouveau codir : missions prioritaires, marges de manœuvre, arbitrages attendus. Il ne s'agit pas seulement de remettre un organigramme, mais d'expliciter les attendus, notamment sur les sujets sensibles (RH, culture, performance, continuité client, transformation digitale…). Formaliser les rôles doit aller au-delà des intitulés de postes : qui prend les risques, qui porte la vision, qui valide quoi ?
Une erreur fréquente : croire que la simple présence d’un repreneur « expérimenté » ou d’une équipe issue du secteur suffit à emporter l’adhésion.
Signaux d’échec à repérer : multiplication des « réunions pour échanges », attente de validation permanente, apparition de silos techniques ou RH.
Attention au piège de la sur-communication performative ou de la langue de bois : la crédibilité se construit dans l’action, pas uniquement dans le discours.
Le nouveau codir n’est pas seulement attendu par les équipes, mais aussi – voire surtout – par les repreneurs et investisseurs, qui cherchent à minimiser leur risque d’exécution post-opération.
L’absence de structure ou de garde-fous dans cette phase expose à des renégociations de la valorisation, ou à une défiance durable des investisseurs.
L’objectif ultime de l’accompagnement à la cession d’une PME n’est ni de tout verrouiller, ni de surprotéger le nouveau codir. Il s’agit de structurer les jalons qui garantissent une autonomie réelle sur 6 à 12 mois : assurance sur les process, feedback sans évaluation constante, coaching à la demande, capacité à faire évoluer la culture si besoin.
À contre-courant d’une vision trop paternaliste, il est essentiel de planifier la sortie progressive du dirigeant historique tout en maintenant une option de recours temporaire. Un équilibre délicat, car trop d’implication déresponsabilise, trop de retrait met en péril la cohérence.
Les signaux faibles d’un passage de relais maîtrisé : stabilisation des indicateurs RH, baisse du turnover managérial, émergence d’initiatives hors du seul cercle du codir.
La réussite d’une cession de PME ne s’arrête pas à la signature du protocole de vente : elle se construit dans l’accompagnement rigoureux, mais respectueux, de la montée en puissance du nouveau comité de direction. En travaillant sur la structuration, la transmission implicite et la légitimité du codir, vous sécurisez non seulement la valeur de l’entreprise, mais aussi sa capacité à durer.
Avant d’engager une cession, posez-vous la question : le nouveau codir serait-il prêt à piloter sans filet ? C’est à cela que doit servir l’accompagnement.
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