Reprendre une entreprise dans le secteur de l’efficacité énergétique : guide stratégique 2026

Reprendre une entreprise dans le secteur de l’efficacité énergétique : guide stratégique 2026
November 11, 2025

1. Comprendre le secteur avant de reprendre

Le secteur de l’efficacité énergétique regroupe les acteurs œuvrant à la réduction de la consommation d’énergie dans les bâtiments, l’industrie et les transports. En 2024, il représentait environ 660 milliards USD d’investissements selon l’IEA. Les projections indiquent une montée à plus de 1 900 milliards USD d’ici 2030 ({"precision":"estimation"}), portée par les politiques climatiques et les plans d’électrification.

En France et en Europe, les initiatives comme REPowerEU, la Renovation Wave et la PPE structurent le marché. La croissance reste élevée (CAGR estimé entre 6 et 9 %), tirée par la rénovation énergétique et la digitalisation des bâtiments. Toutefois, le secteur demeure sensible à la disponibilité de main-d’œuvre qualifiée, aux coûts des matériaux et aux politiques publiques. Les barrières à l’entrée sont moyennes à fortes du fait de la technicité et des exigences réglementaires.

Le secteur constitue une opportunité pour un repreneur capable de combiner ingénierie, financement et pilotage de projets complexes, tout en évitant les pièges d’entreprises techniquement solides mais dépendantes de subventions publiques.

2. Identifier les bonnes cibles

Les entreprises à reprendre sont souvent des PME techniques (CVC, isolation, automatisme, EPC) disposant d’une clientèle publique/privée et d’un portefeuille de maintenance. Leur chiffre d’affaires varie entre 5 et 30 M€ ({"precision":"estimation"}). Les motifs de cession classiques incluent la retraite, la fatigue du dirigeant et la consolidation sectorielle.

Les signaux positifs incluent : un portefeuille EPC actif, des contrats pluriannuels récurrents et une capacité interne en ingénierie et digitalisation. Les signaux faibles de risque : dépendance à un unique donneur d’ordre ou à un dispositif public (MaPrimeRénov’, CEE).

Pour le repreneur, ces caractéristiques influent sur la valorisation (multiples de 6–9x EBITDA selon la taille et la récurrence des revenus).

3. Structurer la reprise

3.1 Audit et diagnostic

L’audit doit évaluer la performance contractuelle, la robustesse des EPC, les marges sur projets et la dépendance au financement public. Les risques clés : dette technique sur contrats en cours, surestimation d’économies garanties et non-conformités réglementaires. Un audit ESG et technique est fortement recommandé.

3.2 Montage financier

Les montages typiques : LBO majoritaire ou co-investissement avec le cédant (earn-out, crédit vendeur). Les dispositifs publics (BPI, prêts verts, fonds transition énergétique) facilitent le financement. Le levier de dette doit rester inférieur à 3–3,5x EBITDA pour conserver une flexibilité opérationnelle.

3.3 Négociation et closing

Les points critiques de négociation concernent la clause de performance (EPC), le maintien du management et l’échelonnement des paiements. Les délais de closing oscillent entre 6 et 9 mois.

4. Reprendre et relancer : les 100 premiers jours

Objectifs

  • Sécuriser les contrats EPC et les clients historiques.
  • Stabiliser les équipes techniques et les chargés d’affaires.
  • Établir une gouvernance de suivi de la performance énergétique et financière.

Risques

Perte de clients lors de la transition, rupture dans la chaîne fournisseurs, décalage entre promesses contractuelles et capacité opérationnelle.

KPI

  • Taux de rétention des clients > 90 %
  • Délai moyen de facturation < 45 jours
  • Taux de marge brute sur projets ≥ 25 %

5. Relais de croissance post-reprise

Après la reprise, le repreneur peut activer plusieurs leviers de croissance :

  • Digitalisation et mise en place de plateformes BEMS (impact : élevé, horizon : moyen).
  • Développement de l’offre EaaS/EPC auprès des collectivités (impact : élevé, horizon : moyen).
  • Intégration verticale ou build-up (ingénierie → maintenance) (impact : moyen, horizon : long).
  • Internationalisation sur les marchés francophones ou frontaliers (impact : moyen).

Le succès dépendra de la solidité du cash-flow initial, de la capacité à recruter et de la lisibilité de l’offre commerciale.

6. Scénarios prospectifs

Scénario technologique

La digitalisation et l’IA prédictive permettront d’automatiser la gestion énergétique et d’offrir des EPC à haute fiabilité. Probabilité : élevée – Impact : positif.

Scénario géopolitique

Les tensions sur les prix de l’énergie et la dépendance européenne renforcent la valeur des solutions d’efficacité locale. Probabilité : moyenne – Impact : positif.

Scénario macro-sociétal

La demande croissante de durabilité et la réglementation ESG accroissent le rôle des services énergétiques. Probabilité : élevée – Impact : positif.

7. Menaces et points de vigilance

Risque réglementaire

Probabilité : moyenne – Impact : élevé.
Mitigation : suivi actif des révisions PPE/EPBD, clauses d’adaptation contractuelle.

Risque opérationnel

Probabilité : élevée – Impact : moyen.
Mitigation : audits de projets, tableaux de bord de performance, assurance de garantie d’économies.

Risque de financement

Probabilité : moyenne – Impact : élevé.
Mitigation : diversification des sources (BPI, banques vertes, fonds climat) et intégration d’un earn-out aligné sur la performance.

8. Axes de travail prioritaires pour le repreneur

1. Digitalisation et pilotage énergétique

Impact : élevé | Complexité : M | Horizon : moyen
KPI : taux d’équipement capteurs/BEMS, gains d’énergie vérifiés.

2. Structuration financière et reporting ESG

Impact : moyen | Complexité : M | Horizon : court
KPI : ratio dette/EBITDA < 3, reporting mensuel automatisé.

3. Fidélisation et montée en compétences des équipes

Impact : élevé | Complexité : L | Horizon : moyen
KPI : taux de turnover techniciens < 10 %, formation IAM/ISO50001.

4. Déploiement de services EPC/EaaS

Impact : élevé | Complexité : L | Horizon : long
KPI : nombre de contrats EPC signés, portefeuille récurrent (€).

5. Croissance externe ciblée

Impact : élevé | Complexité : L | Horizon : long
KPI : taille portefeuille après M&A, synergies (€) réalisées.

À retenir :

À horizon 2026–2030, le secteur de l’efficacité énergétique demeurera un pilier des transitions industrielles et résidentielles. La valeur se déplacera vers la maîtrise des données, les services à performance garantie et les modèles EaaS. Un repreneur devra miser sur la digitalisation, la structuration contractuelle et un modèle multi-technique intégré pour pérenniser sa croissance. La réussite reposera sur la capacité à financer, exécuter et mesurer efficacement chaque gain énergétique dans un écosystème en consolidation rapide.

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François
Viallon
Partner Stratégie

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.

Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.

Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.

François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.

François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.

Sandrine
Montel
Partner Finance

Sandrine Montel est Partner Finance chez Scale2Sell. Elle accompagne les dirigeants dans la structuration de leur pilotage financier, la maîtrise de leur rentabilité et la préparation aux grandes étapes de transformation : accélération de la croissance, levée de fonds ou cession.

Avec plus de 20 ans d’expérience en direction financière dans des PME et ETI, Sandrine combine une approche stratégique, une capacité d’analyse pointue et une forte orientation terrain. Elle a accompagné de nombreuses entreprises dans la mise en place d’outils de gestion performants, le dialogue avec les investisseurs, ou encore la sécurisation de leur trésorerie dans des phases critiques.

Chez Scale2Sell, elle agit comme un véritable bras droit financier des dirigeants, en les aidant à prendre des décisions éclairées, fiables et tournées vers la création de valeur.

Sandrine croit profondément que la rigueur financière n’est pas une contrainte, mais un moteur de sérénité et d’impact pour les dirigeants.

Elle vit entre Lyon et Bordeaux, et partage son énergie entre ses missions de conseil, l’accompagnement de jeunes talents de la finance… et son potager bio, qu’elle cultive avec autant de méthode que ses plans de trésorerie.

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