
Pour un éditeur AA ou mid-size, les KPI ne servent pas seulement à optimiser un jeu ou une campagne UA : ils conditionnent la profitabilité, la capacité à tenir une roadmap sous contrainte et, surtout, la valorisation lors d’une opération M&A. Les dirigeants doivent donc suivre un socle d’indicateurs qui relient performance produit, robustesse opérationnelle, exposition aux risques et prévisibilité financière.
La pression sur les coûts de production et les incertitudes liées aux plateformes rendent la maîtrise du modèle économique centrale. L’enjeu n’est plus seulement de suivre ARPU ou ARPPU, mais de comprendre la marge structurelle et la dépendance aux pics de revenus.
Ces indicateurs permettent de savoir si l’éditeur peut financer son pipeline, négocier sereinement avec les plateformes et présenter aux investisseurs un profil de revenus prévisible.
La majorité des décotes en M&A provient d’un risque perçu sur la capacité à livrer dans les temps. Les studios AA sont touchés de plein fouet par la hausse des coûts de développement et la pression sur les pipelines.
La combinaison “burn rate + dérive calendaires + instabilité du scope” est l’un des signaux les plus surveillés par les acquéreurs. Des cycles de production maîtrisés créent une prime de valorisation.
La valeur d’un éditeur repose aussi sur ses outils internes, pipelines et technologies réutilisables. Dans un marché où les coûts augmentent, la capacité à industrialiser la production devient stratégique.
Une dette technique mal maîtrisée devient un facteur majeur de décote et un frein aux co-développements potentiels.
Les studios mid-size voient leur valorisation très sensible à la dépendance à un jeu, une licence ou un distributeur. La consolidation en cours renforce cette vulnérabilité.
Ces indicateurs éclairent la résilience du business et permettent d’anticiper les négociations d’acquéreurs souvent très sensibles aux dépendances structurelles.
Au-delà de l’opérationnel, les KPI produits révèlent la capacité de l’éditeur à construire des franchises et à maintenir un revenue curve stable.
Ces KPI permettent de piloter le cycle de vie du jeu et la crédibilité d'un futur catalogue multi-titres, élément structurant d’une valorisation élevée.
Les studios de 30 à 300 personnes sont particulièrement exposés aux frictions internes. Les signaux faibles organisationnels deviennent désormais des KPI critiques.
Ces données éclairent la maturité opérationnelle, dimension devenue déterminante dans toute due diligence.
La transition en cours sur mobile avec les effets du DMA crée de nouveaux risques opérationnels et financiers.
Ces métriques permettent d'estimer les marges futures et l’exposition aux changements réglementaires, désormais intégrés dans les modèles de valorisation.
Les studios AA et mid-size ne peuvent plus se contenter de KPI tactiques. Les dirigeants doivent piloter via des indicateurs capables d’anticiper les risques, stabiliser les revenus et démontrer une maturité opérationnelle attractive pour un acquéreur. Dans un marché plus sélectif, les studios les mieux valorisés seront ceux capables de prouver la solidité de leur pipeline, la résilience de leur modèle économique et la maîtrise de leur exposition technologique et réglementaire.
Le marché européen se normalise : recul du segment console, progression du PC (+9,1 %) et croissance du mobile. Ces dynamiques imposent un suivi renforcé de la distribution, de l’exposition aux plateformes et de la prévisibilité des revenus. Les changements réglementaires (DMA, nouveaux frais d’installation sur mobile) modifient l’économie unitaire des jeux et doivent désormais être intégrés dans les KPI structurants. Enfin, la prudence du marché M&A européen et l’exigence accrue des acquéreurs renforcent l’importance de mesurer la stabilité du pipeline, la maturité organisationnelle et la maîtrise du risque, dimensions devenues centrales dans les valorisations 2024–2025.
Cette question révèle le niveau de dépendance et la volatilité potentielle du revenu, deux éléments clés dans l’analyse M&A.
Elle éclaire la capacité du studio à livrer dans les temps, à tenir ses budgets et donc à sécuriser sa valorisation.
Elle mesure la robustesse long terme du studio, la capacité à scaler et la soutenabilité des coûts de production.
Elle permet d’identifier les risques structurels sous-estimés qui impactent directement les négociations avec un acquéreur.

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.