Comment votre culture d'entreprise pourrait vous ruiner !

Comment votre culture d'entreprise pourrait vous ruiner !

Comment votre culture d'entreprise pourrait vous ruiner !
May 4, 2025

Une culture d’entreprise dysfonctionnelle n’est pas qu’un problème RH. Pour un dirigeant de PME ou d’ETI, c’est un risque stratégique majeur : baisse de performance, perte d’attractivité, fragilité managériale… et, surtout, décote lors d’une cession. Les repreneurs scrutent désormais la maturité culturelle avec la même rigueur que les états financiers. Une culture instable peut devenir un frein à la transmission, car elle révèle ce que les chiffres ne montrent pas : vos zones de tension internes, vos dépendances organisationnelles et votre capacité à tenir vos promesses opérationnelles.

Les dérives culturelles qui détruisent la valeur d’une entreprise

1. Quand la surperformance crée de l’absentéisme massif

Une culture basée uniquement sur l’exigence et le rendement finit par produire l’inverse : désengagement, arrêts répétés, perte de fiabilité opérationnelle. Les données récentes montrent un absentéisme record : 5,8 % dans le privé en 2024, avec une durée moyenne d’arrêt de plus de 24 jours. Les arrêts longs représentent désormais 57 % de l’absentéisme total.

Pour un repreneur, un tel signal révèle un management sous tension et une organisation fragile. Cela déclenche presque systématiquement des questions additionnelles en due diligence et peut conduire à renégocier la valorisation.

2. La culture de la peur : le poison silencieux repéré dès la due diligence

Dans les organisations où l’erreur est sanctionnée et où la parole est risquée, les signaux faibles ne remontent plus. Résultat : les problèmes explosent tard, et les équipes clés se protègent plutôt qu’elles n’alertent. Les analyses récentes indiquent qu’environ un quart des salariés se déclarent en détresse psychologique, notamment les managers intermédiaires.

Lors d’une cession, ce type de culture ressort immédiatement via les indicateurs RH : turnover des jeunes, tensions managériales, arrêts longs… Autant d’éléments qui inquiètent les repreneurs car ils annoncent une faible résilience post-acquisition.

3. La complaisance organisationnelle : la valeur cachée qui s’évapore

Une entreprise qui ne questionne plus ses pratiques perd en compétitivité. Dans l’industrie, cela se traduit par davantage d’erreurs et de retouches. Dans les services, par une baisse de la satisfaction client. Dans les ESN, par un delivery chaotique. La complaisance crée un risque structurel : une entreprise qui fonctionne « à l’ancienne » exige un effort de transformation élevé, que peu de repreneurs veulent financer.

Un audit culturel immature conduit souvent à une décote implicite : vous vendez non seulement l’entreprise, mais aussi la charge de transformation.

4. Le favoritisme : l’indicateur qui détruit les équipes clés

Dans les PME/ETI, la stabilité des équipes clés est un actif stratégique. Une culture qui crée des inégalités, réelles ou perçues, déclenche un turnover accéléré. En 2023, la rotation atteignait près de 34 % chez les moins de 35 ans, fortement corrélée au manque de reconnaissance.

Pour un repreneur, un historique de mouvements internes non maîtrisés est un signal de gouvernance faible et de dépendance au dirigeant. Ce type d’environnement augmente les risques opérationnels après la reprise.

5. L’opacité : le signe d’un dirigeant trop central

Lorsque l’information circule mal, l’entreprise repose sur quelques individus « pivots ». C’est un frein majeur à la transmission car cela signifie que le repreneur achète un système fragile, dépendant de personnes difficiles à remplacer. L’opacité crée de la défiance et amplifie les départs spontanés lors d’un changement d’actionnaire.

6. L’individualisme : la collaboration s’effondre, les marges aussi

Dans les PME où chacun optimise son périmètre, les synergies disparaissent. Les marges sont pénalisées par les doublons, les tensions internes et l’inefficacité collective. Pour les repreneurs, une faible culture de coopération augmente le coût d’intégration et rend l’entreprise difficile à scaler.

7. La culture du court terme : la stratégie disparaît

Lorsque la logique du « tout pour le mois prochain » domine, les équipes se fatiguent, la qualité baisse, et les plans long terme sont inexistants. Pour un repreneur, c’est le signal d’une entreprise sans trajectoire, qui ne pourra pas absorber une croissance post-acquisition ou un changement d’organisation.

Les signaux faibles observés par les repreneurs

Les repreneurs industriels et financiers examinent aujourd’hui la culture sous trois angles : stabilité RH (absentéisme, arrêts longs, turnover), maturité managériale (revue des pratiques, cohérence, délégation) et résilience opérationnelle (qualité, réclamations, surcharge des équipes). Une culture dégradée amplifie les risques et réduit la valeur future du business.

Comment restaurer une culture saine : les axes à 12-24 mois

Pour préparer une cession ou sécuriser la performance, trois chantiers prioritaires : clarifier les règles du jeu managérial, sécuriser les rôles clés et réduire les tensions internes. Ce travail demande de la méthode, de la cohérence et l’implication du dirigeant. Une culture restaurée en amont fait gagner en valorisation, en attractivité et en fiabilité opérationnelle.

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À retenir :

La culture n’est plus un sujet RH périphérique : c’est un actif stratégique qui influence directement la valorisation, la stabilité des équipes et la réussite d’une cession. Une culture saine réduit les risques, renforce la performance et offre aux repreneurs la visibilité indispensable pour investir. Les entreprises qui prennent ce sujet au sérieux 12 à 24 mois avant la vente créent un avantage compétitif décisif.

Remarques :

Les données 2024-2025 montrent une hausse historique de l’absentéisme, un allongement des arrêts longs et une montée des risques psychosociaux. Ces tendances transforment la culture d’entreprise en indicateur stratégique, désormais analysé par les repreneurs comme un marqueur de résilience, de maturité managériale et de stabilité des équipes clés. Pour les PME/ETI, cette évolution rend la qualité culturelle indissociable de la valorisation et de la transmissibilité.

En pratique, demandez-vous :  

Question 1

Votre culture actuelle crée-t-elle de la dépendance au dirigeant, ce qui rend votre entreprise difficile à transmettre ?

Question 2

Les indicateurs RH (absentéisme, turnover, arrêts longs) racontent-ils une histoire cohérente avec l’image que vous souhaitez vendre ?

Question 3

Vos équipes clés resteront-elles après la cession, ou votre culture les pousse-t-elle déjà vers la sortie ?

Question 4

Votre culture permet-elle réellement à l’entreprise d’absorber une croissance post-reprise ou une intégration dans un groupe ?

Allez plus loin, échangez avec un partner !

François Joseph Viallon
François
Viallon
Partner Stratégie

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.

Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.

Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.

François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.

François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.

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