
Le marché mondial des services architecturaux, évalué à environ 376 milliards USD en 2023 et projeté à 523 milliards USD d’ici 2030 (CAGR ≈ 4,9 %, estimations), connaît une croissance modérée mais durable. En Europe, la valeur du marché avoisine 60–65 milliards USD en 2024, soutenue par les programmes de rénovation énergétique et les politiques de durabilité. Le secteur reste fragmenté mais en consolidation, avec l’émergence de groupes intégrant architecture, ingénierie et conseil. En France comme en Europe, 2026 constitue une fenêtre de tir favorable, les taux d’intérêt se stabilisant et les acheteurs recherchant des plateformes intégrées à revenus récurrents. Les perspectives de cession sont donc positives pour les sociétés structurées, digitalisées et dotées d’un portefeuille régulier de commandes.
Les acquéreurs stratégiques — notamment des groupes d’ingénierie (Sweco, WSP, Arcadis) — recherchent des synergies métier et une couverture géographique élargie. Ils valorisent la récurrence et la complémentarité des équipes et paient des multiples plus élevés lorsque l’intégration est simple.
Les fonds financiers (LBO) privilégient les plateformes capables d’absorber des build-ups (5 à 10 acquisitions sur 5 ans). La gouvernance et le reporting deviennent alors clés pour capter la prime de valorisation.
Les family offices s’intéressent davantage aux agences régionales rentables et bien implantées, dans une logique patrimoniale. Un MBO est envisageable lorsque le management est solide et fidèle.
La préparation consiste à transformer un cabinet d’architectes en actif transmissible. L’acheteur valorise la transparence et la répétabilité. La data room doit refléter la fiabilité des dossiers techniques et financiers.
Un cabinet attractif dispose d’un comité de direction autonome, d’une présence limitée du fondateur dans l’opérationnel et d’un plan de succession. Le niveau de dépendance au dirigeant reste souvent élevé (estimations : 60–70 % des cabinets français).
Les revenus récurrents proviennent des contrats pluriannuels, des services de suivi ou de performance des bâtiments. La part des missions ponctuelles doit être réduite afin d’accroître la visibilité du backlog. Un portefeuille équilibré entre marchés publics et privés augmente la stabilité du flux.
Les systèmes numériques (BIM, ERP projet, CRM client, suivi des heures) deviennent centraux. Le reporting doit être automatisé et auditable. Les critères ESG et la traçabilité des projets accroissent la valeur perçue.
Un process de cession dans les bureaux d’architectes suit le parcours classique mais requiert une documentation technique dense : références, contrats-cadres, certifications. L’objectif : transmettre un actif capable de générer une rentabilité reproductible.
Teaser & NDA (2 sem.), long list de 30–40 acheteurs, puis short list (8–10). La LOI intervient généralement à 3 mois, le closing sous 6 à 9 mois selon les due diligences techniques.
Les litiges sur délais, la dépendance à certains appels d’offres publics ou l’absence d’historique digitalisé constituent des freins fréquents. Les fichiers clients et les droits d’auteur sur les projets doivent être clarifiés en amont.
Les collaborateurs clés et chefs de projet doivent être fidélisés avant l’annonce, via des plans d’incentive ou des clauses de rétention. Une fuite d’information précipitée réduit la stabilité opérationnelle.
Les multiples observés pour des sociétés intégrées architectes/ingénieurs se situent entre 5x et 8x l’EBITDA (estimations) selon taille et récurrence. Les multiples EV/CA varient de 0,6x à 1,2x. Les drivers haussiers : intégration ingénierie, digitalisation, récurrence des revenus, notoriété marque. Les drivers baissiers : dépendance au dirigeant, volatilité des appels d’offres, marges inférieures à 10 %. Les structures les plus robustes adoptent un mécanisme locked box privilégié par les acheteurs institutionnels. Les deals incluent souvent des clauses d’earn-out (12–24 mois) indexées sur la marge brute et la rétention de clients clés.
Généralisation du BIM 5D et de l’IA générative appliquée à la conception. Impact positif (probabilité élevée) sur la valeur pour les cabinets digitalement avancés. Les gagnants : structures BIM natives ; perdants : cabinets sans mise à jour technologique.
Relocalisation des activités européennes et hausse des investissements publics verts. Probabilité moyenne, impact positif sur les projets de rénovation. Facteurs déclencheurs : politiques européennes, taux de subvention, stabilité énergétique.
Guerre des talents qualifiés et montée des critères ESG. Probabilité élevée, impact neutre à légèrement négatif à court terme (pression salariale), mais valorisation améliorée pour les agences certifiées durables.
Probabilité élevée / impact élevé. Mitigation : mise en place d’une équipe de direction formalisée et contrat de transition 12–18 mois.
Probabilité moyenne / impact élevé. Mitigation : revue des tarifs, meilleure contractualisation.
Probabilité moyenne / impact moyen. Mitigation : plan d’investissement financé avant closing.
Probabilité faible / impact moyen. Mitigation : audit juridique et rédaction de disclaimers dans le SPA.
Probabilité moyenne / impact positif si favorable. Mitigation : mise à jour certification RSE et documentation durable.
Les transactions marquantes des dernières années reflètent une consolidation mondiale : Stantec – Page (2025, USA), AE Works – WTW (2024, USA), Sweco – assar architects (2025, Belgique) et WSP – 1A Ingenieros (2024, Espagne). Les multiples communiqués sont confidentiels mais comparables au segment ingénierie (5–8x EBITDA). La lecture globale : appétit élevé pour les cibles régionales solides, disposant d’une offre pluridisciplinaire et digitalisée. Ces mouvements signalent un marché actif et sélectif : les cabinets avec backlog robuste et gouvernance claire atteignent le haut de fourchette.
1. Réduire la dépendance au dirigeant : déléguer la production et formaliser le management (impact élevé, horizon moyen).
2. Optimiser la récurrence : développer des contrats pluriannuels (impact élevé, horizon court).
3. Digitaliser le reporting : fiabiliser CRM, ERP et data projet (impact élevé, horizon court).
4. Structurer la gouvernance : instaurer comité stratégique et reporting trimestriel (impact moyen, horizon moyen).
5. Sécuriser les talents clés : plan de rétention et communication transparente (impact élevé, horizon court).
À horizon 2030, le secteur des bureaux d’architectes devrait poursuivre sa consolidation autour de plateformes intégrant architecture, ingénierie et durabilité. La valeur des cabinets reposera sur la digitalisation (BIM, IA de conception), la maîtrise ESG et la capacité à délivrer des revenus récurrents. Les acquéreurs rechercheront davantage de visibilité, un management stable et une donnée exploitable. Pour viser le haut de fourchette des multiples, le dirigeant devra présenter une entreprise structurée, outillée et moins dépendante de sa figure fondatrice. En 2026, la fenêtre de tir demeure favorable, à condition d’orchestrer une préparation rigoureuse centrée sur la gouvernance, la data et la lisibilité du pipeline.

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.