
Le secteur des cabinets d’expertise financière – couvrant le deal advisory, la valorisation, le restructuring et les diligences financières – connaît une phase de maturité et de concentration. En 2025, le marché européen mid-market a comptabilisé plus de 2 700 transactions (source Dealsuite), mobilisant environ 8 000 experts. Cette densité témoigne d’un secteur robuste mais concurrentiel.
Les signaux macro-économiques – normalisation des multiples entre 10,8x et 14,3x l’EBITDA (estimations PwC 2024–2025) – appuient l’idée que 2026–2028 constitue une fenêtre de tir, à la faveur d’une consolidation des acteurs et d’un repositionnement sur les services à forte valeur ajoutée (ESG, IT, Debt Advisory). Les acheteurs recherchent désormais des cabinets de taille moyenne disposant de revenus récurrents, d’une base de clients diversifiée et d’une solide qualité de données et de reporting.
Le marché français et européen reste dominé par les grands réseaux (Big Four, Grant Thornton, BDO) mais voit émerger une multitude de boutiques spécialisées qui misent sur la vitesse, la qualité et l’expertise sectorielle. En 2026, les cédants qui disposent d’un CIM structuré et d’une data room digitalisée peuvent prétendre à des valorisations compétitives, malgré un environnement de financement toujours plus sélectif.
Les acheteurs stratégiques – grands réseaux d’audit et de conseil – valorisent la récurrence des revenus et la capacité d’intégration post-acquisition. Les acquéreurs financiers (fonds de private equity ou family offices) privilégient les structures scalables, rentables et digitalisées offrant un flux récurrent de due diligence. Les MBO/MBI restent envisageables pour les structures régionales avec un fort ancrage client.
Les implications pratiques diffèrent : les industriels favorisent les intégrations complètes avec earn-out limités et présence courte du dirigeant, tandis que les fonds privilégient des mécanismes à plusieurs étages de rémunération (earn-out, crédit vendeur) et exigent une continuité managériale.
Pour ce secteur, la qualité des données et la structuration interne sont critiques : absence de dépendance excessive aux associés fondateurs, mise en place de relais managériaux, contrats clients formalisés et suivi rigoureux du BFR représentent des conditions clés pour maximiser la valeur.
Le cédant doit documenter la gouvernance (rôles, délégations, conformité RGPD/ESG) et instaurer un comité de pilotage dédié à la cession.
Les acheteurs valorisent les revenus récurrents issus de contrats pluriannuels, la diversification sectorielle, et la part croissante de prestations à haute marge (advisory, modélisation, ESG, data analytics).
La mise en place d’outils de reporting automatisés (ERP, CRM, BI) et la disponibilité d’une data room prête (financière, juridique, RH, IT) sont perçues comme des gages de professionnalisme et de transparence.
Un process maîtrisé suit quatre séquences principales : préparation (teaser, CIM, audit interne), approche du marché (long list → short list), sélection (LOI, due diligence) et closing (SPA, accords post-cession). Le délai moyen entre teaser et closing s’établit entre 6 et 9 mois (estimations).
• Mois 0–2 : structuration du dossier et pré-due diligence.
• Mois 3–5 : sollicitation du marché et lettres d’intérêt.
• Mois 6–8 : exclusivité, due diligence complète.
• Mois 9 : closing & transition managériale.
Les principales frictions observées concernent les évaluations différentielles (cash-free/debt-free), la dépendance à un associé principal ou les red flags juridiques (contrats non renouvelés ou litiges clients).
La confidentialité est essentielle : la communication graduée, accompagnée d’incitations ciblées pour les managers clés, réduit les risques de désalignement et de fuite d’informations.
Les multiples observés se situent entre 8x à 12x l’EBITDA pour les cabinets mid-market (estimations), avec des différences selon la taille, le portefeuille clients et la spécialisation sectorielle. Les drivers haussiers incluent la récurrence des missions, la spécialisation ESG/IT, la rentabilité opérationnelle et la diversification géographique. Les drivers baissiers concernent la dépendance au fondateur, la volatilité des revenus et les litiges.
Les structures de prix les plus fréquentes sont le locked box et les completion accounts, assorties d’earn-out de 6 à 24 mois, de crédit vendeur (5–15 % du prix), et d’une garantie d’actif/passif couvrant 18 à 36 mois.
L’intégration de l’IA et de l’analyse prédictive dans les processus de diligence accroît la productivité (+20 % estimé) mais nécessite des investissements lourds. Probabilité : élevée. Impact sur valeur : positif.
Relocalisation européenne et instabilité des chaînes de valeur incitent à des partenariats cross-border. Probabilité : moyenne. Impact sur valeur : neutre à positif.
La guerre des talents et la priorité ESG accentuent la demande en expertise intégrée. Probabilité : élevée. Impact : positif.
Probabilité : élevée. Impact : élevé. Mitigation : transférer les clients clés vers plusieurs managers avant la mise en marché.
Probabilité : moyenne. Impact : moyen. Mitigation : augmenter la part des missions à forte valeur ajoutée et digitaliser les process.
Probabilité : moyenne. Impact : élevé. Mitigation : revue contractuelle et mise à jour des dossiers juridiques avant due diligence.
Probabilité : moyenne. Impact : moyen. Mitigation : cibler des acquéreurs récurrents (fonds sectoriels, industriels consolidants).
Les opérations Mediobanca–Arma Partners (2023), Evercore–Robey Warshaw (2025) et Stifel–Bryan Garnier (2025) reflètent un fort appétit pour les plateformes spécialisées et confirment la consolidation du marché européen mid-market. Ces mouvements démontrent que la valeur repose sur la spécialisation, la digitalisation et les liens internationaux. En 2026, les opportunités de cession restent solides pour les acteurs capables de démontrer une croissance récurrente, une gouvernance claire et des services intégrés à forte marge.
1. Désamorcer la dépendance au dirigeant : transfert progressif des relations clés (impact élevé, complexité M, horizon moyen, KPI : % CA client non géré par le dirigeant).
2. Renforcer la récurrence des revenus : contrats cadres, offres d’abonnement (impact élevé, complexité L).
3. Professionnaliser le reporting : BI, KPIs financiers mensuels, documentation ESG (impact moyen, complexité M).
4. Sécuriser le capital humain : plans de fidélisation, management equity (impact élevé, horizon long).
5. Optimiser la data room : harmonisation juridique, reporting, RH, compliance (impact moyen, horizon court).
À horizon 2026–2030, le marché des cabinets d’expertise financière évoluera vers un modèle consolidé, digitalisé et piloté par la donnée. Les acheteurs chercheront des plateformes à forte capitalisation intellectuelle et à revenus récurrents. Les dirigeants qui anticipent les exigences de transparence, digitalisent leur reporting et structurent la gouvernance pourront atteindre le haut de la fourchette des valorisations (10–12x EBITDA). Dans un environnement de financement sélectif, la clé de succès réside dans la preuve de scalabilité, la stabilité du management et la maîtrise totale des données du cabinet avant mise sur le marché.

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.

Sandrine Montel est Partner Finance chez Scale2Sell. Elle accompagne les dirigeants dans la structuration de leur pilotage financier, la maîtrise de leur rentabilité et la préparation aux grandes étapes de transformation : accélération de la croissance, levée de fonds ou cession.
Avec plus de 20 ans d’expérience en direction financière dans des PME et ETI, Sandrine combine une approche stratégique, une capacité d’analyse pointue et une forte orientation terrain. Elle a accompagné de nombreuses entreprises dans la mise en place d’outils de gestion performants, le dialogue avec les investisseurs, ou encore la sécurisation de leur trésorerie dans des phases critiques.
Chez Scale2Sell, elle agit comme un véritable bras droit financier des dirigeants, en les aidant à prendre des décisions éclairées, fiables et tournées vers la création de valeur.
Sandrine croit profondément que la rigueur financière n’est pas une contrainte, mais un moteur de sérénité et d’impact pour les dirigeants.
Elle vit entre Lyon et Bordeaux, et partage son énergie entre ses missions de conseil, l’accompagnement de jeunes talents de la finance… et son potager bio, qu’elle cultive avec autant de méthode que ses plans de trésorerie.

Thibault Garnier est Partner Technologies chez Scale2Sell. Il accompagne les dirigeants dans la structuration de leur architecture technique, le pilotage de leurs projets digitaux stratégiques et la montée en maturité de leurs équipes tech & produit.
Ancien CTO dans des scale-ups et des PME industrielles en transformation, Thibault a passé plus de 15 ans à construire, faire évoluer et sécuriser des systèmes d’information complexes. Il intervient aujourd’hui aux côtés de dirigeants qui veulent reprendre la maîtrise de leur stack technique, fiabiliser leur roadmap produit, ou accélérer leur digitalisation sans perdre en agilité.
Chez Scale2Sell, Thibault joue un rôle de traducteur entre les enjeux business et les solutions techniques. Il challenge les prestataires, cadre les décisions structurantes et permet aux dirigeants de garder la main sur les choix technos tout en déléguant sereinement leur mise en œuvre.
Thibault croit profondément que la technologie n’a de valeur que si elle sert la vision de l’entreprise et les usages réels du terrain.
Il vit à Nantes, adore les process bien huilés, les plateformes robustes et… les bateaux à voile, qu’il considère comme les systèmes d’information de la mer : tout doit être fiable, réactif et simple à maintenir en condition réelle.