Comment valoriser une entreprise de démolition ?

Comment valoriser une entreprise de démolition ?

Comment valoriser une entreprise de démolition ?
May 4, 2025

Valorisation d’une entreprise de démolition : les leviers concrets pour préparer une cession sous 24 mois

Le marché de la démolition n’a jamais été aussi exigeant. Entre pression réglementaire, montée en puissance de la déconstruction sélective et prudence des investisseurs depuis 2023, la valorisation dépend aujourd’hui autant de la performance économique que de la capacité à prouver sa conformité et son organisation. Pour un dirigeant qui envisage une cession sous 24 mois, structurer l’entreprise devient un enjeu clé.

Comprendre votre positionnement dans un secteur désormais segmenté

Le secteur ne se résume plus à la démolition mécanique. Les investisseurs distinguent désormais clairement plusieurs sous-segments :

  • Démolition mécanique lourde : cycles sensibles, forte intensité capitalistique, marges volatiles.
  • Déconstruction sélective : croissance portée par les obligations environnementales et le réemploi.
  • Désamiantage / déplombage : activités très réglementées, marges plus stables et forte barrière à l’entrée.
  • Dépollution / curage technique : expertise recherchée, demande structurellement soutenue.

Cette segmentation influence directement les multiples appliqués. Les activités techniques et réglementées sont mieux valorisées car elles génèrent des cash-flows plus prévisibles et alignés avec les obligations environnementales.

Les tendances marché qui influencent la valorisation en 2024-2025

Le marché M&A se montre sélectif : baisse des opérations, due diligences plus longues et attention accrue aux risques opérationnels. Les entreprises capables de démontrer structuration, conformité et digitalisation attirent davantage d’acheteurs.

Les obligations françaises en matière d’économie circulaire renforcent l’importance de la déconstruction sélective : quotas de matériaux recyclés, traçabilité obligatoire via passeport matériaux, taux minimal de récupération de 70 % pour les chantiers de plus de 150 m². Les entreprises prêtes à opérer selon ces standards bénéficient d’une demande renforcée et de décotes réduites lors des transactions.

Les méthodes de valorisation adaptées au secteur

Multiple de chiffre d’affaires

Le CA reste une base de calcul utilisée lorsque les résultats sont volatils ou que la structure est très capitalistique. Les variations sectorielles s’expliquent par la nature des chantiers et la visibilité commerciale.

Fourchette indicative : généralement 0,3x à 1x selon la qualité du carnet de commandes, la diversification et la répétabilité des projets.

Multiple d’EBITDA

Pour les acteurs plus matures, l’EBITDA est l’indicateur le plus pertinent : il reflète la capacité à générer du cash malgré le coût du matériel et les exigences réglementaires.

Fourchette constatée : environ 3x à 5x selon le niveau de maîtrise des risques, la conformité, la stabilité des marges et la spécialisation technique.

Rôle des actifs et du parc matériel

Le parc d’engins et les équipements spécialisés influencent fortement la valorisation, notamment dans la démolition mécanique. Un matériel récent, bien entretenu et documenté limite les décotes pendant la due diligence.

Les facteurs qui renforcent ou dégradent la valeur

Les investisseurs sont devenus plus exigeants sur les points suivants :

  • Diversification du portefeuille de projets : stabilité, récurrence, absence de dépendance à un seul donneur d’ordre.
  • Certification et conformité : sécurité, environnement, traçabilité numérique.
  • Qualité du reporting et de la documentation de chantiers.
  • Maîtrise de la sinistralité et gestion des litiges.
  • Structuration RH : compétences rares, taux de rotation, autonomie des équipes.

Quel multiple appliquer selon votre situation ?

La spécialisation et le niveau de structuration guident l’application des multiples :

  • Entreprise diversifiée, structurée, avec activités techniques : typiquement 0,8x à 1x du CA ou 4x à 5x de l’EBITDA.
  • Entreprise très dépendante du matériel, peu digitalisée ou exposée au risque réglementaire : multiples plus proches de 0,3x à 0,5x du CA.

Illustration simple

Pour une entreprise réalisant 3 M€ de CA, 300 k€ d’EBITDA et disposant de projets récurrents, la valorisation peut se situer entre :

  • 900 k€ et 3 M€ sur base CA.
  • 1,2 M€ et 1,5 M€ sur base EBITDA.

Les risques qui tirent les multiples vers le bas

  • Saisonnalité forte ou absence de prévisibilité commerciale.
  • Parc matériel vieillissant ou mal entretenu.
  • Exposition aux litiges liés à la sécurité ou à la dépollution.
  • Non-conformité avec les obligations environnementales.
  • Absence de pilotage financier fin ou de suivi des chantiers.

Comment préparer la cession sous 24 mois : les priorités concrètes

  • Mettre à jour tous les process sécurité et environnement.
  • Digitaliser la traçabilité des matériaux et les rapports de chantier.
  • Documenter le parc matériel : entretiens, amortissements, renouvellements.
  • Structurer la direction et réduire la dépendance au dirigeant.
  • Sécuriser la visibilité commerciale et diversifier les donneurs d’ordre.
  • Établir un plan de performance pour stabiliser les marges sur 24 mois.

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À retenir :

Dans un marché devenu sélectif et fortement réglementé, la valeur d’une entreprise de démolition dépend désormais autant de sa performance opérationnelle que de sa capacité à prouver sa maturité. Les dirigeants qui anticipent dès aujourd’hui la structuration, la conformité et la traçabilité posent les bases d’une valorisation haute lors de la cession. Le moment est idéal pour préparer l’entreprise aux exigences 2025 et sécuriser un multiple attractif.

Remarques :

Les évolutions réglementaires de 2023 à 2025 changent profondément la valorisation des entreprises de démolition. L’obligation de déconstruction sélective, les quotas de matériaux recyclés et la traçabilité numérique renforcée augmentent l’intérêt des acteurs capables d’opérer selon ces standards. De plus, un marché M&A plus prudent pousse les investisseurs à privilégier les entreprises déjà structurées, digitalisées et conformes. Ces changements rendent la préparation à la cession incontournable pour maximiser la valeur dans les 24 prochains mois.

En pratique, demandez-vous :  

Question 1 : Votre entreprise est-elle alignée avec les obligations 2025 ?

Les obligations de traçabilité et de réemploi révèlent le niveau de risque réglementaire. Un écart important conduit mécaniquement à une décote de valorisation.

Question 2 : Quelle part de votre activité est réellement récurrente ?

La récurrence permet de sécuriser les cash-flows et rassure les acheteurs sur la stabilité future.

Question 3 : Votre parc matériel augmente-t-il ou détruit-il votre valeur ?

Un parc vieillissant, non documenté ou coûteux à maintenir pèse directement sur le multiple appliqué.

Question 4 : Pourriez-vous transmettre l’entreprise demain sans vous ?

La dépendance au dirigeant est l’un des premiers facteurs de décote. Une gouvernance structurée améliore la valorisation.

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François Joseph Viallon
François
Viallon
Partner Stratégie

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.

Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.

Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.

François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.

François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.

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