PME trop dépendante de quelques clients : la bombe à retardement que beaucoup découvriront trop tard

PME trop dépendante de quelques clients : la bombe à retardement que beaucoup découvriront trop tard
December 4, 2025

Un dirigeant d’une PME industrielle m’a confié un jour :
« Si mon plus gros client éternue, je dépose le bilan. »
Ce n’était pas une image. 42 % de son chiffre d’affaires dépendait d’un seul donneur d’ordre. Pendant des années, tout allait bien… jusqu’au jour où ce client a changé de stratégie. Trois mois plus tard, la PME était en crise.

2025–2028 sera une période de sélection naturelle pour les entreprises trop dépendantes de quelques comptes clés. Consolidation des marchés, pression sur les marges, achats plus agressifs : la concentration du risque client devient l’un des principaux facteurs de décote lors d’une cession. Et pourtant, c’est un sujet rarement traité frontalement.

Ce que personne ne dit vraiment sur la dépendance à quelques clients

Dans de nombreuses PME, la concentration du portefeuille n’est pas un choix stratégique. C’est « juste arrivé ». Un gros client historique. Un partenariat qui s’est étendu. Un dirigeant qui a toujours fait confiance aux mêmes interlocuteurs.

Mais derrière cette fidélité apparente se cache un risque massif : une entreprise qui ne maîtrise plus son destin.

Cas typique : une entreprise B2B dont 55 % du CA dépend de deux clients. Le dirigeant se sent en sécurité… jusqu’au renouvellement de contrat. Le rapport de force bascule. Les marges fondent. Et l’entreprise perd son pouvoir de négociation.

Chez Scale2Sell, on observe régulièrement que la dépendance-client est l’un des premiers signaux d’alerte des acquéreurs : bien avant les process, bien avant la gouvernance… parfois même avant la rentabilité.

Les dynamiques de marché et les signaux à ne pas ignorer

De 2025 à 2028, plusieurs tendances rendent la concentration client encore plus dangereuse :

  • Les grands groupes rationalisent leurs panels fournisseurs : -20 à -40 % de fournisseurs dans certains secteurs industriels.
  • Les achats deviennent plus agressifs : les appels d’offres sont plus rapides, les clauses plus strictes, la concurrence plus internationale.
  • Les acquéreurs scrutent le risque client : une dépendance supérieure à 25 % sur un client entraîne souvent une décote automatique de valorisation.
  • Les repreneurs individuels n’aiment pas l’incertitude : un portefeuille fragile peut suffire à faire échouer un deal.

Un chiffre choc : dans les deals examinés par les fonds mid-cap en 2024, 72 % des dossiers écartés présentaient une concentration client jugée “non maîtrisable”.

Les erreurs fréquentes des dirigeants (et leurs conséquences)

Voici les pièges que nous voyons le plus souvent :

1. Se dire que “ce client ne partira jamais”.
Conséquence : aveuglement stratégique, absence de plan B, dépendance émotionnelle.

2. Refuser d’augmenter ses prix par peur de perdre le client.
Conséquence : marges compressées, valorisation en chute libre.

3. Ne pas diversifier parce que “tout le monde est déjà débordé”.
Conséquence : stagnation commerciale, fragilité structurelle.

4. Laisser la relation client reposer sur une seule personne (souvent le dirigeant).
Conséquence : impossibilité pour un acquéreur de sécuriser le chiffre d’affaires après la cession.

5. Croire qu’un historique long équivaut à une relation solide.
Conséquence : faux sentiment de sécurité, absence d’anticipation lors d’un changement de direction chez le client.

Ce que doit faire un dirigeant lucide pour reprendre la main

Se regarder comme un acquéreur

Tout commence par une question simple : « Si je devais acheter ma propre entreprise, qu’est-ce qui m’inquiéterait ? »

Cette grille de lecture change tout. Chez Scale2Sell, c’est souvent le premier exercice que nous réalisons avec un dirigeant. L’objectif : objectiver les risques, les quantifier, les documenter.

Structurer pour réduire la dépendance à sa personne

Actions concrètes :

  • Multipliez les interlocuteurs côté client (pas seulement vous).
  • Documentez la relation : process, historiques, contrats, points clés.
  • Formez une équipe capable de gérer les comptes stratégiques.
  • Mettez en place des rituels clients transmissibles : comités de pilotage, reporting, roadmap.

Un acquéreur veut acheter un système, pas une personne. Tout ce qui est dans votre tête doit sortir de votre tête.

Préparer la fenêtre de cession / reprise (1 à 3 ans)

C’est le temps nécessaire pour :

  • diversifier le portefeuille commercial,
  • réduire la dépendance d’un client de 40 % à 20 %,
  • structurer une équipe qui peut reprendre le relationnel,
  • renégocier les contrats en intégrant plus de prévisibilité.

La diversification ne se décrète pas : elle se planifie.

Le point de bascule : comment savoir que le moment est venu

Il existe des signaux faibles qui ne trompent pas :

  • Le client dominant commence à négocier plus durement.
  • Vos équipes sont crispées à l’idée de perdre un contrat.
  • Votre trésorerie varie en fonction d’un seul donneur d’ordre.
  • Vous retardez des décisions importantes “en attendant leur validation”.
  • Votre moral dépend des mails d’une seule entreprise.

Le « bon moment » n’est pas une date. C’est l’alignement entre :

  • un dirigeant qui veut sécuriser l’avenir,
  • une entreprise qui devient plus autonome,
  • un marché qui valorise la résilience.
À retenir :

La dépendance à quelques clients n’est pas un problème moral. C’est un risque stratégique. Le diriger, c’est protéger votre valeur, votre liberté et la transmissibilité de votre entreprise.

Dans un marché où les acquéreurs sont de plus en plus exigeants, la maîtrise du risque client devient un avantage compétitif majeur.

La souveraineté commerciale, ce n’est pas avoir plus de clients. C’est ne dépendre de personne.

Chez Scale2Sell, nous accompagnons les dirigeants pour structurer leur entreprise, réduire les angles morts et rendre la société réellement désirable aux yeux des acquéreurs.

Remarques :
En pratique, demandez-vous :  

Allez plus loin, échangez avec un partner !

François
Viallon
Partner Stratégie

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.

Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.

Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.

François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.

François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.

Sandrine
Montel
Partner Finance

Sandrine Montel est Partner Finance chez Scale2Sell. Elle accompagne les dirigeants dans la structuration de leur pilotage financier, la maîtrise de leur rentabilité et la préparation aux grandes étapes de transformation : accélération de la croissance, levée de fonds ou cession.

Avec plus de 20 ans d’expérience en direction financière dans des PME et ETI, Sandrine combine une approche stratégique, une capacité d’analyse pointue et une forte orientation terrain. Elle a accompagné de nombreuses entreprises dans la mise en place d’outils de gestion performants, le dialogue avec les investisseurs, ou encore la sécurisation de leur trésorerie dans des phases critiques.

Chez Scale2Sell, elle agit comme un véritable bras droit financier des dirigeants, en les aidant à prendre des décisions éclairées, fiables et tournées vers la création de valeur.

Sandrine croit profondément que la rigueur financière n’est pas une contrainte, mais un moteur de sérénité et d’impact pour les dirigeants.

Elle vit entre Lyon et Bordeaux, et partage son énergie entre ses missions de conseil, l’accompagnement de jeunes talents de la finance… et son potager bio, qu’elle cultive avec autant de méthode que ses plans de trésorerie.

Ceux qui ont lu cet article ont aussi lu :

La bombe à retardement des PME : quand tout repose sur le dirigeant (et pourquoi 2025–2028 ne pardonnera pas)
Le vrai risque 2025–2028 pour les PME : quand la croissance masque une entreprise non transmissible
2025–2028 : la grande recomposition des PME arrive… et beaucoup de dirigeants ne sont pas prêts
Coaching pour entrepreneurs : concevoir et piloter un mastermind de dirigeants pour transformer son entreprise
Céder son entreprise dans le secteur des ateliers de production locale : guide stratégique 2026