Comment éviter que mon ego nuise à la transmission ?

Comment éviter que mon ego nuise à la transmission ?
December 2, 2025

Transmettre son entreprise, c’est passer de « mon œuvre » à « un actif qui doit continuer sans moi ». Ce basculement paraît simple en théorie, mais il est souvent l’un des facteurs invisibles qui font chuter une valorisation ou échouer une négociation. Lorsque l’ego influence les décisions, les signaux sont discrets au début… puis ils deviennent des obstacles majeurs pour un repreneur.

Pourquoi l’ego pèse autant dans une transmission

Dans une cession, l’ego n’est pas un défaut : c’est la conséquence logique d’années d’engagement personnel. Le problème apparaît lorsqu’il distord l’analyse rationnelle. Un dirigeant peut survaloriser son rôle, confondre l’histoire personnelle avec la valeur économique, ou chercher inconsciemment à conserver une forme de contrôle après la cession.

Ces réflexes sont humains, mais ils ont trois impacts directs : moins de transmissibilité, une valorisation fragilisée, et une négociation plus complexe.

Les signaux faibles qui alertent un repreneur

Un repreneur expérimenté repère rapidement les frictions liées à l’ego, car elles conduisent à un risque opérationnel post‑cession. Parmi les signaux les plus fréquents :

  • Explications floues lorsqu’on évoque la délégation.
  • Réactions émotionnelles sur des sujets normalement techniques.
  • Présence excessive du dirigeant dans les décisions quotidiennes.
  • Discours ambigu sur le rôle futur (« je resterai seulement si nécessaire », « on verra »).

Chaque signal peut conduire un repreneur à ajuster son prix ou à se retirer par prudence.

Les impacts directs sur valorisation, négociation et transmissibilité

Les comportements liés à l’ego créent un coût implicite que les acquéreurs intègrent dans leurs analyses. Les impacts typiques :

  • Moindre valorisation : dépendance excessive au dirigeant = risque plus élevé = décote.
  • Négociations plus longues : plus il y a d’affect, plus les arbitrages deviennent difficiles.
  • Doute sur la continuité : un repreneur craint que l’équipe ou les clients ne suivent pas après le départ du dirigeant.

À l’inverse, un dirigeant capable d’objectiver et d’anticiper ces effets augmente la valeur et sécurise la transaction.

Mini‑diagnostic : objectiver l’impact de votre ego

Voici un outil simple pour évaluer votre situation. Répondez « oui » ou « non » :

  • Si je m’absente 10 jours, l’entreprise tourne‑t‑elle réellement sans moi ?
  • Ai‑je documenté les processus clés de manière exploitable pour un repreneur ?
  • Puis‑je accepter une offre cohérente même si elle ne « reconnaît » pas toute mon histoire ?
  • Est‑ce que j’interviens encore sur des décisions opérationnelles qui pourraient être déléguées ?

Plus il y a de « non », plus l’ego influence opérationnellement la transmissibilité.

Comment reprendre le contrôle opérationnel et émotionnel

1. Séparer votre identité de votre rôle

Cette étape est déterminante. L’objectif : comprendre que la valeur future de l’entreprise dépend de sa capacité à vivre sans votre présence quotidienne. Un repreneur investit dans un système, pas dans une personne.

2. Structurer la gouvernance et les process

Dans les accompagnements menés par Scale2Sell, la structuration réduit immédiatement les zones d’ego : quand les règles, responsabilités et process sont clairs, le dirigeant n’est plus le « passage obligé ». Résultat : meilleure valorisation et transition plus solide.

3. Préparer la passation comme un projet

Une passation réussie repose sur un cadre explicite : rôles, durée, étapes, zones d’autonomie. Un repreneur a besoin d’espace pour décider ; le cédant a besoin de limites pour ne pas surintervenir. Ce cadre réduit les tensions et accélère la prise de confiance du repreneur.

4. Obtenir un regard externe

Un tiers permet de distinguer ce qui relève des faits, de la stratégie… ou de l’affect. Ce miroir est essentiel pour aligner décision, valeur et réalité opérationnelle.

À retenir :

Maîtriser son ego n’est pas un exercice psychologique : c’est un levier stratégique qui protège la valeur de l’entreprise, fluidifie les négociations et rassure un repreneur. Les dirigeants qui anticipent ce sujet disposent toujours d’un avantage dans une cession : ils transmettent une entreprise autonome, claire, structurée et désengagée de leur personne. C’est cette combinaison qui crée la valeur… et la sérénité.

Remarques :
En pratique, demandez-vous :  

Question 1 : Mon entreprise peut‑elle réellement fonctionner sans moi ?

Analyse stratégique : si la réponse est non ou ambiguë, le repreneur percevra un risque majeur, ce qui conduira mécaniquement à une décote.

Question 2 : Ai‑je confondu mon histoire avec la valeur économique ?

Analyse stratégique : cela révèle un décalage entre perception personnelle et logique M&A, souvent source de négociations difficiles.

Question 3 : Suis‑je prêt à laisser un autre diriger « autrement » ?

Analyse stratégique : un repreneur doit pouvoir imposer ses choix ; un dirigeant non prêt crée un risque de blocage opérationnel.

Question 4 : Ai‑je clarifié mon rôle après la cession ?

Analyse stratégique : l’absence de cadre sur l’après-cession génère des conflits de territoire, visibles très tôt pour l’acquéreur.

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François
Viallon
Partner Stratégie

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.

Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.

Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.

François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.

François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.

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