
En 2024, un dirigeant d’une PME industrielle du Grand Ouest a vécu ce que vivent beaucoup d’entrepreneurs : 18 ans de croissance, 6 millions d’euros de chiffre d’affaires, une équipe fidèle… et un choc monumental lors de la mise en vente. Trois acquéreurs intéressés au départ. Zéro offre ferme à l’arrivée. Non pas parce que l’entreprise n’était pas rentable. Mais parce qu’elle n’était pas transmissible.
Ce cas va devenir la norme. Entre 2025 et 2028, une vague massive de dirigeants arrivera à l’âge de la transmission, tandis que les acquéreurs deviendront plus sélectifs, plus exigeants, plus méthodiques. Et c’est là que le piège se referme : beaucoup de PME performantes… sont en réalité invendables.
Cet article explore ce piège silencieux, largement sous-estimé, et pourtant déterminant pour les dirigeants qui veulent sécuriser leur avenir — personnel, financier, patrimonial.
Une PME n’est jamais invendable à cause de ses chiffres. La plupart du temps, ce qui bloque est bien plus profond : c’est l’architecture invisible de l’entreprise. La façon dont elle fonctionne réellement quand on regarde sous le capot.
Chez Scale2Sell, nous voyons souvent des entreprises avec :
… mais un fonctionnement fondé sur des habitudes, des réflexes, des relations personnelles, des routines non écrites. C’est exactement ce que les acquéreurs fuient — un risque majeur aussi évoqué dans plusieurs analyses du cabinet, notamment sur les DNVB dépendantes du fondateur ou sur les ESN mal structurées .
L’exemple typique : une PME dont le dirigeant gère encore les prix, les recrutements, les relations grands comptes et les urgences opérationnelles. Tout tourne tant qu’il est là. Rien n’est garanti après son départ.
Et un acquéreur ne rachète jamais une personne qui s’en va.
Le marché des transmissions 2025–2028 sera marqué par trois tendances lourdes :
Tendance 1 : Le volume des cédants explose.
Plus de 30 % des dirigeants français de PME auront plus de 60 ans d’ici 2028 (source estimative basée sur les données démographiques sectorielles). L’offre va augmenter. Et toute hausse de l’offre entraîne mécaniquement plus de concurrence… donc plus d’exigence.
Tendance 2 : Les acquéreurs deviennent professionnels.
Fonds régionaux, groupes industriels, repreneurs aguerris : ils arrivent avec des méthodes, des check-lists, des due diligences précises. Ils cherchent des entreprises “plug & play”, pas des projets à réparer — un point que Scale2Sell souligne régulièrement dans ses articles sur les processus, notamment pour les ESN et les entreprises sans structuration claire .
Tendance 3 : Le risque opérationnel est devenu le critère numéro 1.
Une entreprise peu structurée peut perdre 10 à 30 % de valeur sur un simple constat : “trop dépendante du dirigeant”. Un chiffre cohérent avec les retours des repreneurs que nous accompagnons.
Conclusion : la transmissibilité devient la première barrière d’entrée pour la cession.
Erreur 1 : Penser que la rentabilité suffit.
Conséquence : un dirigeant peut avoir 15 % d’EBITDA… mais aucune offre, car l’entreprise repose sur lui. C’est un biais classique : confondre performance et structure.
Erreur 2 : Attendre d’être “prêt pour vendre”.
Conséquence : à ce moment-là, il est trop tard pour corriger les dépendances, les processus flous, les manques de documentation. Les acquéreurs le voient immédiatement.
Erreur 3 : Sous-estimer l’importance des processus.
Les dirigeants pensent souvent que seuls les chiffres comptent. Or, ce sont les processus — ventes, recrutement, production, gestion clients — qui permettent au repreneur de se projeter. Le manque de formalisation est l’un des risques majeurs identifiés dans les transmissions analysées par Scale2Sell, notamment dans les ESN et les DNVB .
Erreur 4 : Vouloir tout expliquer oralement.
Une organisation qui vit “dans la tête de celui qui sait” est une organisation invendable. L’informel est le pire ennemi d’une transmission.
Erreur 5 : S’accrocher aux décisions opérationnelles.
Quand le dirigeant valide tout, l’acquéreur comprend deux choses :
C’est exactement ce qui fait fuir un repreneur.
Un dirigeant lucide doit apprendre à lire son entreprise “comme un acheteur” :
Chez Scale2Sell, c’est l’un des premiers exercices menés dans les missions de préparation à la cession : une lecture froide, structurée, dénuée d’affect. Un dirigeant doit affronter cette réalité tôt, pas au dernier moment.
La structure n’est pas un luxe : c’est un actif. Elle sécurise la transmission, facilite la croissance, réduit le stress et augmente la valeur — une idée centrale déjà développée dans plusieurs contenus du cabinet sur l’importance des processus .
Concrètement :
Une cession se prépare comme un marathon stratégique. On n’improvise rien. On construit.
Plan d’action réaliste sur 36 mois :
Ce calendrier est celui que nous recommandons dans la majorité des dossiers.
Il existe des signaux très concrets, très simples, mais très fiables :
Signal 1 : Vous êtes devenu le goulot d’étranglement.
Si tout passe par vous, vous êtes le risque n°1. Et vous le savez.
Signal 2 : L’entreprise pourrait tourner… mais pas longtemps sans vous.
C’est le signe qu’il faut structurer avant de transmettre.
Signal 3 : Le marché se consolide autour de vous.
Dans ce cas, les fenêtres d’opportunité sont brèves : 18 à 36 mois.
Signal 4 : Vous sentez que vous avez fait le tour.
La lassitude est un indicateur stratégique. Pas émotionnel.
Signal 5 : Les acquéreurs commencent à s’intéresser à vous.
C’est rarement par hasard. C’est souvent un très bon moment… mais il faut être prêt.
Le “bon moment” est un alignement subtil entre :
Cet alignement se construit plus qu’il ne s’attend.
Le véritable risque pour une PME en 2025–2028 n’est pas de manquer de croissance, mais d’arriver au moment de la transmission sans être transmissible. Les acquéreurs veulent des entreprises autonomes, lisibles, documentées, capables de tourner sans leur fondateur. Les dirigeants lucides l’ont compris : la valeur se construit dans l’ombre, bien avant la mise en vente.
La punchline ? Une entreprise rentable attire. Une entreprise structurée se vend.
Chez Scale2Sell, nous accompagnons les dirigeants pour structurer leur entreprise, réduire les angles morts et rendre la société réellement désirable aux yeux des acquéreurs.

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.

Thibault Garnier est Partner Technologies chez Scale2Sell. Il accompagne les dirigeants dans la structuration de leur architecture technique, le pilotage de leurs projets digitaux stratégiques et la montée en maturité de leurs équipes tech & produit.
Ancien CTO dans des scale-ups et des PME industrielles en transformation, Thibault a passé plus de 15 ans à construire, faire évoluer et sécuriser des systèmes d’information complexes. Il intervient aujourd’hui aux côtés de dirigeants qui veulent reprendre la maîtrise de leur stack technique, fiabiliser leur roadmap produit, ou accélérer leur digitalisation sans perdre en agilité.
Chez Scale2Sell, Thibault joue un rôle de traducteur entre les enjeux business et les solutions techniques. Il challenge les prestataires, cadre les décisions structurantes et permet aux dirigeants de garder la main sur les choix technos tout en déléguant sereinement leur mise en œuvre.
Thibault croit profondément que la technologie n’a de valeur que si elle sert la vision de l’entreprise et les usages réels du terrain.
Il vit à Nantes, adore les process bien huilés, les plateformes robustes et… les bateaux à voile, qu’il considère comme les systèmes d’information de la mer : tout doit être fiable, réactif et simple à maintenir en condition réelle.