
Dans une entreprise familiale, la relève ne se résume jamais à un simple transfert de parts. Elle touche au patrimoine, au pouvoir, à l’histoire collective et à la continuité stratégique. Cette interaction entre affectif, gouvernance et fiscalité rend chaque succession unique, mais les causes d’échec sont souvent les mêmes : une anticipation insuffisante, une gouvernance informelle et une vision familiale fragmentée.
La pression s’est renforcée ces dernières années du fait de la démographie des dirigeants et de l’évolution du cadre fiscal. Depuis 2023, la hausse notable des transmissions familiales s’accompagne d’une incertitude croissante autour du pacte Dutreil, pivot de la planification patrimoniale. Cette volatilité impose aux dirigeants de traiter la transmission comme un véritable projet stratégique.
Préparer une transmission familiale exige plusieurs années, car les enjeux dépassent la seule organisation interne. Trois chantiers doivent être menés en parallèle : aligner la famille, structurer la gouvernance et optimiser la transmission patrimoniale. Cette anticipation permet de :
Dans les transmissions observées ces dernières années, les tensions ne naissent presque jamais d’un problème économique mais d’une absence de règles claires. Les signaux d’alerte les plus fréquents sont :
Les ignorer crée un risque direct sur la valorisation future, car un actionnariat familial divisé est un signal négatif pour tout repreneur ou partenaire financier.
Les entreprises familiales qui préservent leur unité documentent explicitement les responsabilités au sein de l’actionnariat et des organes de direction. Cette clarification réduit les risques de blocage et facilite une éventuelle ouverture du capital.
L’évolution récente des transmissions montre que les familles qui se dotent d’une charte familiale ou d’un pacte d’actionnaires obtiennent de meilleurs résultats, notamment lorsqu’une nouvelle génération accède au capital. Ces outils permettent de :
Cette structuration est désormais un critère déterminant évalué par les repreneurs et investisseurs, car elle reflète la capacité de la famille à accompagner ou à s’effacer sans interférer.
La montée en puissance du pacte Dutreil, avec 5 000 à 6 000 donations par an en 2024, a entraîné un débat sur son coût et ses dérives. Les principales tendances observées :
Ces évolutions obligent les dirigeants à anticiper davantage pour sécuriser les conditions d’une transmission et éviter une exposition inutile à un futur durcissement législatif.
Les transmissions familiales mal préparées entraînent souvent une décote. Les causes les plus fréquentes :
À l’inverse, une transmission familiale encadrée, avec un management responsabilisé et une gouvernance clarifiée, permet de préserver voire d’améliorer les multiples lors d’une cession externe.
Les transmissions réussies reposent souvent sur une montée en puissance progressive des repreneurs familiaux :
La transmission familiale n’est plus un simple passage générationnel : c’est une opération stratégique qui engage la gouvernance, la valeur et la cohésion de la famille. Dans un contexte fiscal mouvant, l’anticipation est devenue non négociable. En clarifiant les rôles, en structurant le capital et en préparant la relève, les dirigeants sécurisent la continuité et préservent la valeur, qu’ils transmettent ou ouvrent leur capital. La clé : penser la succession comme un projet d’entreprise, pas comme un événement familial.
Depuis 2023, la dynamique des transmissions familiales évolue rapidement : hausse du nombre d’opérations, incertitude fiscale autour du pacte Dutreil, clarification du rôle des holdings animatrices. Ces changements obligent les dirigeants à anticiper davantage, car les futures réformes pourraient allonger les durées d’engagement ou restreindre les actifs éligibles. Le sujet devient critique : une transmission mal préparée pourrait exposer la famille à un coût fiscal accru et réduire la valeur en cas d’ouverture du capital.
Elle révèle le degré de cohésion actionnariale et la capacité du dirigeant à éviter les conflits latents qui détruisent la valeur.
Elle met en lumière les zones de dépendance et les risques organisationnels susceptibles d’effrayer un repreneur ou d’affaiblir l’entreprise.
Elle mesure la robustesse de la planification patrimoniale dans un cadre Dutreil incertain.
Elle évalue la légitimité du successeur, essentielle pour préserver la confiance interne et la valorisation.

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.