
Lorsqu’un concurrent manifeste de l’intérêt pour votre entreprise – que ce soit pour un partenariat, une prise de participation ou une acquisition – la situation est toujours délicate. Vous devez fournir assez d’informations pour maintenir la discussion, mais pas au point de fragiliser votre position. Beaucoup de dirigeants de PME/ETI découvrent trop tard qu’ils ont partagé des données sensibles qui peuvent ensuite être utilisées à leur désavantage. L’objectif de cet article est d’éclairer simplement les règles du jeu, les risques et les bonnes pratiques.
Un concurrent intéressé n’est pas un acheteur comme les autres. Il connaît votre marché, vos clients, vos marges et vos contraintes. S’il obtient des informations trop précises, il peut se renforcer à vos dépens, même si la transaction n’aboutit jamais. Pour éviter cela, il faut définir une logique simple : partager l’essentiel, mais jamais l’intime du business avant les garanties nécessaires.
Trois notions clés à retenir :
Dans une transaction impliquant un concurrent, la tentation est grande de « jouer la transparence » pour montrer sa bonne volonté. Pourtant, dans les dossiers que nous accompagnons chez Scale2Sell, nous constatons que les dirigeants sous-estiment systématiquement trois éléments : la précision des informations demandées, leur possible utilisation future et l’asymétrie de puissance entre deux concurrents.
Un concurrent peut exploiter des informations sensibles de plusieurs manières. Par exemple : ajuster ses prix pour attaquer vos clients stratégiques, débaucher vos collaborateurs clés, renforcer son offre sur vos gammes les plus rentables ou anticiper vos projets de développement. Même des données apparemment anodines – comme la structure d'un compte-clé ou le taux d’absentéisme d’un atelier – peuvent devenir des armes commerciales.
L’expérience terrain de Scale2Sell montre que la clé n’est pas de tout verrouiller, mais d’orchestrer la transparence avec méthode. Quand l’échange d’informations est structuré, gradué et cadré, il devient un outil de négociation, pas une prise de risque.
Voici une méthode simple en quatre étapes pour évaluer combien vous pouvez partager.
Listez clairement les informations dont la divulgation pourrait fragiliser votre entreprise : vos marges par gamme, vos contrats stratégiques, vos faiblesses organisationnelles, vos litiges en cours, vos coûts d’achat négociés, votre dépendance à certains fournisseurs ou collaborateurs.
Demandez-vous : « Que puis-je partager sans risque si la transaction n’aboutit pas ? » En général, les données globales et non segmentées sont acceptables ; les informations par client, produit ou équipe sont à éviter avant une vraie sécurisation juridique.
Un accord de confidentialité (NDA) est indispensable. Mais il doit être bien rédigé : durée claire, limites d’usage, obligations en cas d’abandon des discussions, pénalités éventuelles, et impossibilité d’utiliser vos informations pour concurrencer directement vos offres existantes.
Partagez d’abord l’information générale. Ensuite seulement, selon l’avancée des négociations, ouvrez l’accès à des données plus qualitatives. Une data room organisée par niveaux de sensibilité est un outil simple et très efficace.
Beaucoup de dirigeants dévoilent des listes clients ou des marges détaillées avant d’avoir des garanties solides. C’est la donnée la plus dangereuse.
Un concurrent peut tester vos faiblesses en posant des questions très ciblées. Aucune règle ne vous oblige à tout fournir immédiatement.
Le vrai risque n’est pas la vente, mais son échec. Imaginez toujours la situation dans laquelle le concurrent repart avec vos informations sans rien en échange.
Un échange d'informations informel – par email ou au téléphone – peut vous exposer à des fuites incontrôlées.
Un dirigeant impliqué émotionnellement peut partager trop d’informations par envie de faire avancer le dossier.
Créez trois niveaux : informations publiques / informations générales / informations sensibles. Vous contrôlez ainsi la progression de la transparence. Chez Scale2Sell, nous constatons que cette approche réduit fortement les risques.
Plutôt que de refuser une question sensible, fournissez une réponse globale : chiffres consolidés, fourchettes, tendances. Cela maintient la confiance sans divulguer l’essentiel.
Un concurrent sincèrement intéressé pose des questions logiques. Un concurrent curieux posera des questions chirurgicales sur vos marges, vos comptes-clés ou la performance de collaborateurs précis. L’expérience de Scale2Sell montre que le meilleur filtre reste l’analyse attentive des demandes.
Protéger son entreprise tout en avançant dans une discussion avec un concurrent demande du discernement, une méthode simple et une discipline dans le partage d’informations. Les dirigeants qui cadrent la transparence, structurent leurs données et avancent par étapes réduisent considérablement les risques. Chez Scale2Sell, nous accompagnons les dirigeants pour structurer leur entreprise, réduire les angles morts et rendre la société réellement désirable aux yeux des acquéreurs. Parce que nous pensons qu'une société ne se vend pas, elle s'achète.

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.
Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.
Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.
François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.
François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.