Matériaux biosourcés : un levier industriel clé pour la décarbonation et la circularité en 2026

Matériaux biosourcés : un levier industriel clé pour la décarbonation et la circularité en 2026
November 11, 2025

Contexte et dynamique du marché

Le secteur des matériaux biosourcés regroupe biopolymères, composites à fibres naturelles, résines lignocellulosiques et nouvelles générations de polymères issus de ressources renouvelables. Il se positionne au cœur des transitions industrielles en réponse à la décarbonation et à l'économie circulaire. En 2024, la capacité mondiale de production de bioplastiques atteignait environ 2,5 millions de tonnes, avec une projection vers 5,7 millions de tonnes en 2029 ({"precision": "estimation"}).

Le marché européen, évalué entre 3,5 et 5,8 milliards USD en 2024, reste un foyer d’innovation malgré des coûts énergétiques élevés. L’emballage représente environ 45% de la demande, suivi par les secteurs du textile, de l’automobile et de la construction.

Panorama des acteurs

  • NatureWorks : leader du PLA, en expansion mondiale (Thaïlande, États-Unis).
  • Novamont : acteur clé du Mater-Bi (biodégradable) confronté à des défis réglementaires et concurrentiels.
  • Avantium : pionnier du PEF renouvelable et de la technologie FDCA.
  • Fraunhofer IAP/WKI : instituts européens moteurs dans les composites lignine et les adhésifs bio.

Le marché demeure fragmenté, mais évolue vers une intégration verticale accrue, avec des alliances industrielles et un appui public fort (programmes européens PRESERVE, bioéconomie).

Thèse d’investissement

Hypothèse centrale

Les matériaux biosourcés constituent une opportunité d’investissement stratégique à 5–10 ans. La valeur se déplace vers des acteurs capables de maîtriser à la fois la R&D technologique et l’industrialisation à grande échelle, dans un cadre réglementaire favorable (PPWR, Green Deal).

Mécanismes de valeur

  • Création : intégration verticale, substitution de polymères fossiles, innovation matériaux.
  • Destruction : volatilité matières premières, retard d’homologation, insuffisante compétitivité coûts.

Modèles gagnants

  • Producteurs intégrés disposant de sites à bas coût énergétique.
  • Entreprises spécialisées sur des niches à haute valeur ajoutée (adhésifs, composites lignine).
  • Fournisseurs B2B ancrés dans des partenariats OEM (emballage, automobile).

Horizon 3–5 ans

Les principales opportunités se situent dans l’élargissement des portefeuilles bio‑basés, la différenciation produit par la traçabilité et la neutralité carbone, et la capitalisation sur des normes PPWR qui obligent à l’adaptation rapide des emballages.

Scénarios de rupture

Scénario technologique

Description : Accélération des innovations dans les biopolymères avancés (PEF, PHBV, PLA++), IA pour optimiser formulation et performance matière.

Probabilité : élevée – Impact : positif. Les acteurs capables d’intégrer IA, data et bioingénierie gagneront des marges et parts de marché.

Gagnants : Avantium, Fraunhofer, startups bio‑composite. Perdants : fabricants fossiles traditionnels.

Scénario géopolitique

Description : Renchérissement et volatilité énergétique européenne, tensions commerciales sino‑américaines. Impact neutre à positif pour les projets localisés, mais négatif pour les importations dépendantes.

Probabilité : moyenne – Impact : neutre. Dépend des soutiens publics et de la stabilité énergétique.

Scénario macro‑sociétal

Description : Demande sociétale croissante pour la circularité et la transparence produit. Accent mis sur les matériaux traçables, biosourcés et éthiques.

Probabilité : élevée – Impact : positif. Favorise l’adoption rapide par FMCG et industries de marque.

Relais de croissance possibles

  • Innovation matériaux : impact élevé, horizon moyen, suppose co‑R&D public/privé.
  • Extension géographique : impact moyen, horizon long, nécessite optimisation énergétique.
  • M&A sectoriel : impact élevé, horizon court, condition = synergies industrielles.
  • Digitalisation & IA : impact moyen, horizon moyen, succès via data materials & simulation.
  • Certification carbone : impact moyen, horizon court, succès = intégration normative.

Consolidation du secteur

Hypothèse : concentration progressive autour de groupes intégrés possédant R&D, production et accès marché. Déclencheurs : réglementation PPWR, coûts énergétiques, recherche d’échelle critique.

Acteurs à la manœuvre : NatureWorks, ENI/Versalis (cession/partenariats), Avantium, fonds spécialisés green‑tech. Cibles : PME de biocomposites, chimie verte appliquée, start-ups matériaux mycélium.

Menaces et risques

Volatilité des coûts matières premières

Probabilité : élevée – Impact : élevé. Mitigation : contrats long terme et intégration amont.

Régulation et concurrence

Probabilité : moyenne – Impact : moyen à élevé, exemples AGCM/Novamont. Mitigation : gouvernance, compliance, diversification marchés.

Dépendance énergétique

Probabilité : élevée – Impact : élevé. Mitigation : relocalisation et sources renouvelables.

Ralentissement économique

Probabilité : moyenne – Impact : moyen. Mitigation : diversification clients et allègements de capital.

Adoption industrielle lente

Probabilité : moyenne – Impact : moyen. Mitigation : démonstrateurs, certifications, co-développement.

Axes de travail prioritaires pour les dirigeants

1. Intégration verticale

Objectif : sécuriser matières premières. Impact : élevé, Complexité : L, Horizon : long. KPI : part d’auto‑approvisionnement (%), marge brute.

2. Accélération R&D matériaux

Objectif : développer polymères différenciants. Impact : élevé, Complexité : M, Horizon : moyen. KPI : ratio dépenses R&D/CA, nombre de brevets.

3. Alignement réglementaire européen

Objectif : conformité PPWR et traçabilité. Impact : moyen, Complexité : M, Horizon : court. KPI : % produits conformes, délais d’homologation.

4. Partenariats stratégiques

Objectif : s’allier avec OEM et distributeurs. Impact : moyen, Complexité : M, Horizon : moyen. KPI : nombre de partenariats actifs, nouveaux clients B2B.

5. Transition énergétique

Objectif : réduire dépendance énergétique. Impact : élevé, Complexité : L, Horizon : long. KPI : consommation énergie renouvelable (%), coûtunité produit.

À retenir :

À horizon 2029, la valeur du secteur des matériaux biosourcés se structurera autour d’acteurs intégrés capables d’équilibrer innovation, compétitivité et traçabilité. Les biopolymères avancés (PEF, PLA++), appuyés par des politiques environnementales ambitieuses, constitueront le cœur de la création de valeur. Les dirigeants et investisseurs devront anticiper la montée en puissance des normes PPWR, la pression énergétique européenne et la consolidation du secteur, tout en se positionnant sur des niches à forte différenciation technologique.

Allez plus loin, échangez avec un partner !

François
Viallon
Partner Stratégie

François Joseph Viallon est cofondateur de Scale2Sell, où il accompagne des dirigeants dans leur passage à un nouveau palier de croissance jusqu’à la cession de leur entreprise.

Entrepreneur dans l’âme, il a fondé et dirigé StarDust, une société internationale spécialisée dans le test d’applications mobiles, qu’il a menée jusqu’à sa cession.Fort de cette expérience, il partage aujourd’hui les enseignements – succès comme erreurs – de son parcours pour aider d’autres dirigeants à structurer, valoriser et transmettre leur entreprise dans les meilleures conditions.

Il est également l'animateur du podcast Les interviews Scale2Sell et du programme d’accompagnement One Step Forward, pensé pour les dirigeants qui veulent anticiper et réussir leur transition.

François croit profondément à l’impact d’un collectif d’experts engagés, au service de dirigeants prêts à franchir une nouvelle étape.

François est papa de 2 garçons de 11 et 12 ans, il est basé à Marseille et en Haute-Savoie.

Ceux qui ont lu cet article ont aussi lu :